Témoignage de LUTALA K. FRANÇOISE

Bien-aimés dans le Seigneur Jésus-Christ et très chers lecteurs, que le nom de mon Sauveur résonne en vous avec une grande intensité, du fait qu’Il vous accorde de lire ce document. S’Il a permis que vous preniez connaissance du message contenu dans mon témoignage, c’est, je l’espère, pour votre édification. Vous y trouverez le sujet de grandes exhortations.

Seul le Seigneur Jésus-Christ a le pouvoir de délier et de sauver ceux qui sont en captivité dans les chaînes du diable. Car Il est le Tout-Puissant et Il est Amour. De même qu’Il m’a délivrée et guérie, moi qui étais profondément possédée, je suis certaine qu’Il délivrera et guérira toute personne possédée ou liée qui lira ce livre avec un esprit ouvert. Alléluia!

En me donnant la vie, le Seigneur m’a demandé d’aller de par le monde témoigner de tout ce que j’ai vécu dans les ténèbres, afin que ceux qui sont encore liés ou possédés soient libérés et se préparent à Sa Venue. Oui, le Seigneur revient bientôt. Il ne prendra que ceux qui ont Sa nature, c’est-à-dire Son Esprit, ceux qui suivent Sa Parole et qui la mettent en pratique chaque jour. Ce grand événement doit bientôt se produire. Maranatha!

Je réponds au nom de LUTALA KABE Françoise. Kabe signifie « moitié » dans ma langue natale, car je suis en réalité jumelle. Je suis née en 1954 au Rwanda d’un père pasteur à l’Église du Christ et d’une mère membre de la Légion de Marie. Je suis originaire de la région de Kivu, sous-région de Kindu, dans la Zone de Shabunda. L’histoire que vous allez lire est le récit des événements tragiques que j’ai vécus. Sans l’intervention de Dieu, il y a longtemps que je serais morte. J’ai accepté de dévoiler au grand public ma vie la plus intime, pour l’amour de mon Dieu et celui de mon prochain.

Que le nom de mon Sauveur soit encore une fois glorifié! Amen!

Première Partie

 

Chapitre 1 : Sous l’emprise du fétichisme

Mes parents avaient souvent l’habitude de nous raconter les histoires de notre village. Ils ne cessaient chaque fois de revenir sur les exploits d’une grand-mère sorcière, qui y vivait. Au lieu de me donner la chair de poule, ces histoires me captivaient. J’allais même jusqu’à prendre des informations supplémentaires auprès de mes amies sur les mœurs des sorciers.

Mes amies me confièrent ce qu’elles croyaient être vraies sur la vie de ces derniers: l’initiation d’un nouvel adepte, le sacrifice des victimes, les repas succulents, etc… Tout cela n’était fondé que sur des racontars. Mais, compte tenu de mon jeune âge et de ce que m’avaient déjà raconté mes parents, je n’arrêtais pas d’avaler toutes ces histoires. A force de trop y penser, j’en vins même à désirer devenir à mon tour une sorcière. Je me voyais déjà prendre place à bord de leur superbe « Jet » nocturne, manger leurs mets succulents, participer aux diverses cérémonies, etc…

Mais l’occasion ne me fut pas donnée de réaliser mon rêve, puisque, dans mon entourage, il n’y avait personne qui puisse être soupçonné de détenir un tel pouvoir.

Ma joie fut grande lorsque, pendant les grandes vacances de 1961, mon père décida que nous irions passer nos congés au village, afin de mieux connaître les autres membres de la famille. C’était pour moi une occasion de rencontrer ma grand-mère, et je ne voulais pas la manquer.

Le premier contact

Une fois à Shabunda, mon premier souci fut de rencontrer ma grand-mère, malgré l’interdiction de mes parents. Cette tante de mon père était crainte et respectée dans tout le village à cause de ses pouvoirs occultes. Un jour, trompant la vigilance de mes parents, j’allai la trouver et je lui dis:

– Grand-mère, pourquoi mes parents ne t’aiment-ils pas? Pourquoi te critiquent-ils tant? Que leur as-tu fait pour qu’ils agissent ainsi envers toi?

– Je sais qu’ils ne m’aiment pas parce que je suis une sorcière. Loin de m’effrayer, cette affirmation me procura une joie intense. « Enfin, me dis-je, je suis en présence d’une vraie sorcière! »

– Tu es sorcière? Alors montre-moi ton avion.

– Comment? dit-elle, comme si elle ne m’avait pas comprise.

– Ensorcelle-moi!

– Je ne peux, pas t’ensorceler. Il y a déjà une autre personne dans la famille à qui je dois léguer mes pouvoirs.

– Ensorcelle-moi, au moins pour que je puisse voir les avions!

– Tu ne sais pas de quoi tu parles! Sais-tu que ces avions dont tu parles ne volent que la nuit? Les sorciers ne passent pas leur temps à s’amuser, contrairement à ce que pensent la plupart des gens, ils sont contraints de faire ce qu’ils font, de peur de recevoir des châtiments sévères, qui peuvent aller jusqu’à la mort. Et puis, s’ils le faisaient par plaisir; pourquoi certains d’entre eux somnolent-ils tant pendant la journée?

Bien que vraies, ces paroles n’altérèrent en rien mon désir de devenir sorcière. D’ailleurs, le refus de ma grand-mère éveilla ma méfiance et me rappela ce que m’avait dit l’une de mes amies. Elle m’avait mise en garde, en me disant que les sorciers pouvaient être jaloux de voir certains pouvoirs transmis à quelqu’un. « Ils peuvent aller jusqu’à décourager un nouvel adepte avant de l’ensorceler.  » Pour tenter de briser la résistance de ma grand-mère, je me mis à pleurer.

Agacée et exaspérée par mon vacarme, elle changea de ton et, me prenant dans ses bras comme si elle s’apitoyait sur moi, elle me dit:

– Tu n’es qu’une petite fille. Tu as encore toute la vie devant toi. Il y a plusieurs choses que je peux te donner, mais je ne peux pas t’introduire dans la sorcellerie. Les lois de notre famille ne me permettent pas de le faire. Si tu étais au moins l’aînée, ou un garçon, cela aurait pu être possible. Mais, dans ta condition, je ne peux pas t’ensorceler.

Je me mis à pleurnicher:

– Ensorcelle-moi, ensorcelle-moi! Touchée par cette mise en scène, la vieille céda en murmurant: « On ne donne à un enfant que ce qu’il demande … ! ». Elle ajouta:

– Ce n’est pas la sorcellerie qui va te rendre heureuse! Mais va, demande à tes parents 50 francs, et rapporte-les-moi demain. Je te remettrai quelque chose, une puissance qui te sera d’une grande utilité. Tu n’auras plus besoin de travailler pour gagner ta vie. Tous tes désirs seront exaucés. Tu n’auras plus besoin de t’inquiéter pour te marier, car les hommes te courront après… »

Je ne comprenais rien de tout ce qu’elle me disait, mais je m’exécutai.

Le lendemain, je demandai 50 francs à ma mère. A cette époque, 50 francs étaient une somme énorme. Mes parents consentirent à me la remettre, à condition que je leur dise ce que je comptais en faire. Il n’était pas question que je leur dévoile mon secret, de peur qu’ils n’aillent détruire tous mes projets auprès de ma grand-mère. Pour tout embrouiller, je feignis d’être malade et je me mis à pleurer.

Chose étrange, à partir du moment où je fis semblant d’être malade, je devins réellement malade. Tout mon corps fut agité d’une forte fièvre. Les voisins, accourus pour la circonstance, conseillèrent à mes parents d’accepter la perte de 50 francs plutôt que celle de leur enfant. « Les jumeaux sont des êtres qui ont des facultés étranges, dit l’un d’eux. Dès leur enfance, ils peuvent soumettre à leur volonté une personne qui les aurait insultés, même intérieurement. Il suffit de leur donner un cadeau pour apaiser leur colère et remédier à la situation… » Un autre voisin ajouta: « Je connais des jumeaux qui peuvent disparaître et réapparaître, chaque fois que leurs parents les contredisent… » Convaincus par cette « bonne parole de la tradition » donnée par les voisins, mes parents prirent peur et me donnèrent les 50 francs.

Je me rendis à mon rendez-vous non sans avoir fait semblant de jouer, pour tromper la vigilance. Une fois chez ma grand-mère, je lui remis l’argent. En attendant mon arrivée, elle avait déjà préparé un poulet, dans une marmite qui se trouvait encore sur le feu. Elle n’attendait que mon arrivée pour y introduire deux feuilles de je ne sais quel arbre, plus les 50 francs que j’avais apportés. Lorsque le plat fut cuit, elle en extrait l’argent et me le rendit. Je ne vis aucune trace des deux feuilles.

A la question de savoir ce qu’étaient devenues ces deux feuilles, elle me répondit que ce n’étaient pas des feuilles, et qu’il y avait à présent une puissance en moi. Cette puissance était entrée en moi pendant qu’elle préparait le plat.

– Qu’est-ce qu’une puissance et de quelle utilité me sera-t-elle? Elle me fit le même discours que précédemment:

– N’importe qui pourra te donner tout ce que tu lui demanderas. Tu n’auras pas besoin de chercher à te marier. Tu seras très célèbre… Tout cela se manifestera lorsque tu auras 12 ou 13 ans… »

Elle me demanda de manger tout le poulet, ce que je fis. Dès que le repas fut terminé, je fus possédée. De retour à la maison, je remis l’argent à ma mère. Mon père lui dit alors: « Les voisins avaient raison, ce n’était qu’un test qu’elle voulait nous faire passer… »

En fait, je n’étais pas vraiment ensorcelée. Je porte à votre connaissance qu’il y a une grande différence entre la magie, le fétichisme et la sorcellerie. Si Dieu nous en donne l’occasion, nous reparlerons de la magie et du fétichisme un peu plus tard. La sorcellerie proprement dite est le domaine le plus élevé de l’occultisme. Je l’ai découvert lorsque j’eus atteint une position élevée dans la Rose-Croix. Bien qu’agissant tous trois pour le compte de Satan, le magicien, le féticheur et le sorcier n’ont pas la même puissance. Un sorcier est complètement dans l’occultisme. Si une personne est initiée par le moyen d’un aliment quelconque, par exemple, cette personne doit directement le savoir.

Cet esprit de sorcellerie doit se manifester. Ainsi, un poulet se transforme automatiquement, dans la bouche du nouvel initié, en un autre aliment. Cette sensation symbolise la transformation ou la possession de la volonté par l’esprit de la sorcellerie. Il y a plusieurs branches dans la sorcellerie. Mais une fois l’esprit de la sorcellerie entré dans une personne, celle-ci n’a plus la même vision du monde. Elle peut voir un animal à la place d’un homme. C’est pour cette raison qu’un sorcier, lorsqu’il veut tuer quelqu’un, le fait sans pitié, même si la victime est un membre de sa famille.

Un sorcier ne peut donc pratiquer la sorcellerie sans en être conscient. Tout sorcier sait qu’il détient ce pouvoir. Et lorsqu’il rencontre un autre sorcier, tous deux se reconnaissent. Un vrai sorcier peut voir au travers d’une personne comme au travers d’une bouteille d’eau transparente. C’est pourquoi les sorciers peuvent se jouer de leurs victimes. Ils peuvent les attaquer en leur envoyant des maladies dans n’importe quelle partie de leur corps.

Bien-aimés dans le Seigneur Jésus-Christ et chers lecteurs, seul le Saint-Esprit peut nous protéger des attaques du diable faites par le moyen des sorciers. Si l’on n’a pas Christ, on est à la merci de tels esprits. Comme tout autre esprit malin, l’esprit de la sorcellerie peut être chassé au nom de Jésus-Christ, si le possédé confesse sa sorcellerie et la rejette de tout son coeur pour accepter Christ.

Contrairement à la sorcellerie, la magie nécessite beaucoup d’études pour atteindre la perfection, il en est de même pour le fétichisme. Pour atteindre un niveau identique à celui de la sorcellerie, il faut faire de grands pactes, des pactes de sang, et donc sacrifier des êtres humains.

A la lumière de ce qui précède, vous comprenez que je n’étais pas vraiment ensorcelée, ni une sorcière. Si cela avait été le cas, j’aurais pu voir bien des choses. Ce n’est que plusieurs années après, lors de mon passage dans la Rose-Croix, que je compris ces choses. D’ailleurs, bien que je fis partie de la Rose Croix, les sorciers venaient prendre mon sang dans mon corps sans que je puisse les en empêcher. Cela suppose qu’ils avaient une puissance au-dessus de la mienne.

Premières constatations

Les vacances terminées, nous quittâmes le village. Je n’avais que huit ans, et rien d’anormal ne vint troubler le cours de ma vie. J’eus vite oublié ma visite à ma grand-mère et toutes les cérémonies qui s’étaient déroulées…

Trois années plus tard, je remarquai que ma vie n’était plus la même. Je m’imposais parmi mes camarades. J’étais souvent la première de la classe. Tout le monde s’entendait parfaitement avec moi, même lorsque j’imposais ma volonté. Personne ne pouvait me refuser ce que je souhaitais obtenir. Quant aux garçons, n’en parlons même pas: ils me couraient après à la manière des mouches qui se jettent sur une viande en putréfaction.

J’ai la conviction que le diable peut modifier la forme extérieure de notre corps, dans le bon comme dans le mauvais sens. Ce n’est pas que j’étais laide, mais, sous l’influence des mauvais esprits, et la puberté agissant, la forme de mon corps changea sensiblement dans le sens positif. Je devins jolie et coquette, pour ne pas dire belle.

Déjà à cet âge, des prétendants se déclaraient pour moi. Il arrivait même que des personnes respectables désirent que je devienne, sinon leur concubine, du moins leur petite amie. D’autres n’attendaient que mon consentement pour divorcer de leurs épouses et se remarier avec moi. Au cours de cette période, l’une de mes amies intimes me confia qu’un jeune homme s’était pendu pour avoir perdu tout espoir de se marier un jour avec moi. Elle ajouta qu’un autre était sur le point de s’empoisonner si je tardais trop à lui donner une réponse. Tout cela me laissa de marbre.

Mes parents pouvaient enregistrer une dizaine de prétendants par jour. Ces inconnus venaient trouver mes parents à mon insu. Pour avoir simplement entendu parler de moi quelque part. Ils se présentaient avec des cadeaux, à la grande surprise de la famille et des voisins. Certains allaient même jusqu’à m’offrir des maisons et des voitures… Mon pauvre père leur disait: « Ma fille est encore trop jeune pour que je puisse penser à la marier aussi tôt. » Ma mère n’en revenait pas. Elle avait pourtant des grandes filles en âge de se marier. Elle devenait malade à force de voir tant de personnes s’acharner sur sa petite fille. Chaque jour il en était de même, et la réputation de mon père en souffrait considérablement.

Il nous est avantageux d’être dans le Seigneur. Aucun de ceux qui n’étaient pas des chrétiens véritables ne pouvait me résister. J’obtenais tout ce que je voulais obtenir de lui, sans exception. Les esprits qui étaient en moi envoûtaient les gens et annihilaient ainsi toute leur volonté et leur capacité de résistance.

Je me rappelle bien le cas d’un homme déjà âgé, comptable dans une grande société, qui finit en prison. Voici comment: un jour que je revenais de la classe, tout de blanc vêtue, j’eus l’ingénieuse idée de lui rendre visite. Lorsqu’il me vit, il me demanda courtoisement:

– Que me vaut l’honneur de votre visite, princesse?

– Je viens chercher un peu d’argent de poche.

– As-tu emmené quelque chose pour mettre l’argent, un sac par exemple?

– Oui.

Je vidai mon cartable de tout son contenu, et je le lui tendis. Envoûté par mes démons, l’homme, sans se rendre compte de la gravité de son acte et de ses conséquences, remplit mon sac de billets de banque. Cet argent ne lui appartenait même pas.

Quelques jours plus tard, je reçus une note de sa part, par l’intermédiaire d’un collègue. Il me disait qu’il était en prison, et me demandait un peu d’argent pour corrompre les juges et être remis en liberté sous caution. Ce comptable était père de famille.

Je lui fis dire par le messager: « Comment vous, qui avez des enfants de mon âge, n’avez-vous pas honte de faire une chose pareille à une fille qui a le même âge que celui de l’un de vos enfants? Si jamais cela se répète, j’en parlerai à mon père. » L’affaire se termina là. C’était plus qu’une escroquerie. J’avais causé le malheur de cette famille. Que mon Dieu me pardonne!

Ce sont la plupart des parents qui sont responsables de la déchéance de leurs enfants, peut-être inconsciemment. La Bible nous demande d’élever nos enfants en les instruisant selon le Seigneur. « Et vous, pères, n’irritez pas vos enfants, mais élevez-les en les corrigeant et en les instruisant selon le Seigneur » (Ephésiens 6:4). S’ils leur racontent des histoires de démons, ils ne se rendent pas compte de ce qu’ils sont en train d’implanter dans le coeur de leurs enfants. « Châtie ton fils, car il y a encore de l’espérance, mais ne désire point de le faire mourir » (Proverbes 19:18).

A partir du moment où j’avais remis l’argent à ma grand-mère et mangé son poulet, j’avais, sans le savoir, signé un pacte avec Satan pour recevoir un pouvoir de domination. Deux esprits avaient alors été mis à ma disposition. Au temps convenu, ces esprits attiraient à moi ceux qui n’étaient pas en Christ, et les obligeaient à satisfaire tous mes caprices.

Le fait de mener une vie aussi facile est en contradiction avec la Parole de Dieu. Le travail fut un privilège dans le jardin d’Eden, avant le péché. « l’Éternel Dieu prit l’homme, et le plaça dans le jardin d’Éden pour le cultiver et pour le garder » (Genèse 2:15). Plus tard, le travail devint une corvée à laquelle tout homme du se soumettre pour satisfaire ses besoins. « C’est à la sueur de ton visage que tu mangeras du pain… » (Genèse 3:19). « Que celui qui ne travaille pas ne mange pas non plus » (2 Thessaloniciens 3: 10).

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Chapitre 2 : Le couvent

 

Chez les religieuses

Ma vie de vedette provoqua un déséquilibre dans mon foyer. Compte tenu du ballet interminable des aspirants qui défilaient à la maison pour me demander en mariage, mes parents jugèrent préférable de m’éloigner.

Depuis quelque temps déjà, mon père voulait consacrer l’une de ses filles au Seigneur. Des démarches avaient déjà été entreprises pour que l’une de mes aînées entre au couvent des religieuses catholiques. Mon père et toute ma famille s’accordèrent pour que ce soit moi qui remplace mon aînée et qui soit consacrée au Seigneur.

Je fus donc admise au couvent. Je commençai par être aspirante, jusqu’à la fin de l’école primaire. Au cycle d’orientation, j’entrai au noviciat. Après avoir été postulante pendant quatre ans, je fus consacrée religieuse. La vie au couvent n’avait rien de particulier. Nous ne lisions pas la Bible. Nous récitions des prières que nous avions apprises par coeur. Nous chantions des cantiques contenus dans des livres de chants, et c’était tout. Loin de diminuer, mes pouvoirs s’accrurent encore au couvent. Je ressemblais à une plante, mais il n’en fut rien. Bien au contraire, mon « père spirituel » se mit à m’apprendre comment avoir des relations sexuelles avec un homme.

– Ma fille, me dit-il, ne sois pas scandalisée par ce qui pourra se passer entre toi et moi. Il est préférable que cela se passe ainsi entre nous, plutôt qu’avec des païens ou des laïcs. N’as-tu jamais entendu dire que le corps avait ses raisons que la raison ignore? Tu es une grande fille pour comprendre de quoi je parle.

– J’ai fait voeu de chasteté pour le Seigneur, devant Dieu et devant les hommes. Je ne voudrais trahir ce serment pour rien au monde. Je suis vierge. Qu’adviendrait-il si je devenais ta femme? Devrais-je aller me confesser?

– Tu n’auras pas besoin d’aller te confesser. Ce n’est pas un péché, mais bien la satisfaction d’un besoin d’ordre naturel. C’est Dieu Lui-même qui a créé ce besoin. Puisque tu as prononcé tes voeux, tu ne peux plus te défouler en dehors du couvent. Comme je suis là, c’est à moi de te l’apprendre.

– Et si je devenais enceinte?

– Tu ne le seras jamais, car il faudra prendre des mesures…

La piété affichée par certaines religieuses n’est qu’une apparence extérieure, comme l’image que donne l’Église Catholique Romaine au monde extérieur.

J’ai vu des religieuses tuer des enfants. J’ai vu des cadavres d’enfants enterrés. « Il n’y a rien de caché qui ne doive être découvert, ni de secret qui ne doive être connu » (Luc 12:2).

Certaines religieuses sont mêmes mortes du cancer à force de prendre des contraceptifs.  » (La femme) sera néanmoins sauvée en devenant mère, si elle persévère avec modestie dans la foi, dans la charité, et dans la sainteté » (1 Timothée 2:15).

Notre Créateur a institué les rapports sexuels entre un homme et une femme uniquement dans le cadre du mariage. « Ne vous privez point l’un de l’autre, si ce n’est d’un commun accord pour un temps, afin de vaquer à la prière; puis retournez ensemble, de peur que Satan ne vous tente par votre incontinence » (1 Corinthiens 7:5). En dehors de ce cadre, on commet soit l’adultère, soit l’infidélité, soit la fornication, quelle que soit la qualité du partenaire.

Malgré tous les beaux discours du prêtre, je ne lui ai pas cédé. Ce n’est pas qu’il ne savait pas parler aux filles ni que j’étais une sainte. Mais j’étais dégoûtée par l’âge avancé de ce prêtre. Je n’avais que seize ans, alors qu’il en avait bien cinquante.

Pour que les couvents ne se vident pas de leurs pensionnaires, cette organisation humaine a instauré un système selon lequel un vieux père spirituel devait avoir pour partenaire une jeune soeur religieuse, et inversement. Car un jeune prêtre qui s’attacherait à une jeune religieuse risquerait, poussé par l’amour, d’abandonner les ordres pour aller fonder une famille ailleurs. Ce qui serait du reste souhaitable.

En outre, un « père spirituel » était censé donner ses « leçons » pendant une période inférieure à deux semaines au maximum. Cela, pour les mêmes raisons que celles que je viens d’invoquer. Certaines religieuses arrivant au couvent avaient réellement l’intention de servir Dieu. « Celle qui n’est pas mariée s’inquiète des choses du Seigneur… » (1 Corinthiens 7:34). Mais une fois qu’elles étaient entrées au couvent, ce qu’elles y découvraient les détournaient même de leur vocation. Elles ne peuvent plus quitter les ordres à cause de la facilité de leur vie, et de la considération que leur accorde le monde extérieur. Elles sont alors prises au piège. Complètement apathiques, elles se laissent aller dans cette vie d’hypocrisie et de péché.

Prions pour que la lumière de Dieu atteigne ces personnes. Quant à moi, je n’éprouve aucune crainte à dénoncer ce système maudit. Si je devais avoir peur, je craindrais celui qui, après avoir éliminé mon corps physique, a aussi le pouvoir de détruire mon âme et mon esprit. C’est pourquoi je m’adresse à toi, qui, hélas, pratiques ces choses. Je te supplie de les abandonner et de quitter ce système. « C’est pourquoi, sortez du milieu d’eux, et séparez-vous, dit le Seigneur; ne touchez pas à ce qui est impur, et je vous accueillerai » (2 Corinthiens 6:17).

Mon renvoi

Pour me soustraire aux avances du vieux prêtre, je me liai d’amitié avec un autre prêtre, jeune et beau. Enfreignant les ordres, je faisais tout ce qui était en mon pouvoir pour qu’il devienne mon intime. Nous étions tellement fiés que l’on nous voyait souvent ensemble partout: au jardin, au poulailler, etc…

Le vieux prêtre dit au jeune de m’abandonner, mais il ne réussit pas à nous séparer. Aucun accord n’étant trouvé, les deux rivaux se mirent à se haïr mutuellement. Cela dura un certain temps. Il se forma deux camps, ceux qui approuvaient le jeune prêtre, les révolutionnaires, et ceux qui tenaient mordicus au règlement, les conservateurs. Un jour, il y eut entre les deux hommes un échange de paroles qui n’avaient rien du catéchisme, puis ils en vinrent aux mains. Une forte bagarre s’ensuivit, à tel point qu’il y eut des brûlures et des blessures graves. Les soutanes furent brûlées et déchirées de part et d’autre. Cependant, le jeune prêtre eut le dessus sur le vieux.

Le lendemain, je fus convoquée pour écouter le compte-rendu du jugement prononcé contre moi. Bien que n’étant pas impliquée au premier degré dans la bagarre, je m’attendais néanmoins à certaines réprimandes. Le vieux prêtre obtint gain de cause et demeura à son poste. En revanche, le jeune fut déplacé dans une lointaine campagne. N’étant pas satisfaite de l’éloignement de mon jeune « amant, » j’exigeai mon renvoi du couvent, en guise de protestation. Ma demande fut rejetée, pour des raisons que je ne m’explique pas jusqu’à maintenant. Je leur fis alors comprendre qu’il y allait de leur intérêt que je parte. « Je vois mal mon transfert dans un autre couvent. Je préfère quitter les ordres, sinon, je me ferai engrosser par le premier venu, et j’irai promener ma grossesse partout, en ayant bien soin de proclamer à qui voudra m’entendre d’où elle provient. Tout le monde saura que nous ne sommes Pas différentes des femmes libres… »

Ils me laissèrent partir, non sans avoir convoqué ma mère, pour lui dire, en ma présence, ce qui suit:

– Chère madame, nous vous remercions d’avoir bien voulu répondre à notre invitation. Nous voulions vous prévenir d’un grave danger qui guette votre fille, notre ancienne collègue. Après être restée si longtemps au milieu de nous, ce n’est que maintenant qu’elle nous a fait comprendre qu’elle n’a pas la vocation religieuse. C’est pourquoi notre congrégation a jugé bon de lui accorder sa liberté. En votre présence, nous aimerions toutefois qu’elle nous confirme par serment qu’elle ne dévoilera rien du motif de son renvoi. Qu’elle ne dise rien de ce qu’elle a vu et entendu au milieu de nous, de peur d’encourir une malédiction éternelle.

– Ma soeur, qu’a-t-elle donc fait de si grave pour mériter une telle sévérité de votre part?

– Madame, ce qu’elle a fait n’est pas digne d’être raconté ici. Il y va de notre Intérêt à tous que je garde le silence. Dans moins d’une semaine, votre fille pourra vous rejoindre chez vous à la maison.

Je fus enfin autorisée à quitter le couvent, après qu’on ait piétiné mon voile et mes autres biens, en signe de malédiction pour le cas où je dénoncerais le secret de la cause de mon renvoi. J’y étais restée six ans.

Exhortation

Dans 1 Corinthiens 11:14, l’apôtre Paul nous renvoie à la nature pour y puiser certains enseignements. Cette référence me pousse à faire les remarques suivantes.

Longtemps j’ai observé la vie du chien. On injurie souvent les personnes insatiables en amour en les traitant de chiens, et je suis parvenue aux conclusions suivantes: un chien ne s’accouple avec une femelle que si celle-ci est en chaleur. En dehors de cette occasion, les accouplements sont quasiment nuls. Il en est de même chez la plupart des animaux, pour lesquels l’accouplement est strictement commandé par un besoin de reproduction. Si l’homme puisait dans la nature des enseignements, comment expliquer l’existence de maisons de prostitution chez les humains, ou comment justifier l’intervention de ces « pères spirituels? » Dieu ne fait aucune différence entre une prostituée et une religieuse qui changerait de « père spirituel » chaque semaine. Bien plus, la condition de la prostituée est peut-être plus compréhensible que celle d’une religieuse qui, aux yeux du monde, a prononcé un voeu de chasteté devant le Seigneur, mais qui reçoit en secret des amants en soutane!

Si de telles pratiques sont exercées dans votre église, dans votre couvent, dans votre ordre ou dans votre congrégation, priez Dieu de vous préserver de ces obscénités et demandez-Lui de vous sortir de cet endroit. Car rien n’est impossible à Dieu (Luc 1:37). Si vous vous obstinez et que vous vous dites que Dieu ne vous punira pas parce que vous êtes nombreux à faire ces choses, sachez que la Sainte Bible déclare que « chacun rendra compte de ses actes devant Dieu!. Le salut est individuel.

C’est sans rancune ni animosité que je condamne ces pratiques, selon la part que j’ai reçue du Seigneur. Je n’ai absolument rien contre les hommes et les femmes qui fréquentent l’Église catholique romaine. Mais je m’insurge contre les dogmes enseignés dans ce système religieux, qui n’ont rien à voir avec l’enseignement donné par notre Seigneur Jésus-Christ. Une fois sortie du couvent, je reconnais avoir induit en erreur un grand nombre de jeunes filles. Reprenant les enseignements de mon ancien « père spirituel, » je disais à ces jeunes filles que les rapports sexuels en dehors du mariage n’étaient pas un péché, mais permettaient simplement de se défouler. Comme j’étais une ex-religieuse, les jeunes filles acceptaient ce que je leur disais, et beaucoup d’entre elles, sans expérience, sont devenues enceintes. Je leur demande de me pardonner. D’autres encore sont mortes des suites d’un avortement raté.

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Chapitre 3 : Le compte « à rebours »

 

La réadaptation à ma nouvelle vie fut pénible, après une aussi longue période à ne rien faire de positif au couvent. Grâce à mon diplôme, j’obtins une place d’institutrice dans une école de la place. Je poursuivis également des études universitaires. Au cours de cette période, je fis la connaissance d’un jeune étudiant de l’Université de Lubumbashi prénommé Jean (ce n’est pas son vrai prénom.) Plus tard, je me mariai avec Jean. Les premières années après mon mariage furent heureuses. Ses études achevées, Jean obtint le poste de directeur de l’école. Après trois maternités, nous nous retrouvâmes avec quatre enfants, dont des jumeaux, les derniers.

Les deux démons qui étaient en moi étaient toujours actifs. Cependant mon éducation primait sur la divagation de mes sentiments, et j’aimais mon foyer. Cela dura jusqu’au moment où le temps qui avait été alloué à ces démons toucha à son terme. Ces esprits longtemps condamnés à me servir aspiraient au repos. Mais qui aurait pu les libérer, puisque ma grand-mère, qui les avait liés, était morte depuis longtemps? Seul Jésus-Christ aurait pu me libérer. Mais je ne connaissais pas encore Celui qui seul aurait pu m’apporter la solution de mon problème. Bien-aimés, combien de gens meurent sans Christ! Parlons autour de nous des bienfaits apportés par notre Sauveur! Témoignons de ce qu’il a fait pour le salut des âmes! Beaucoup de personnes ont besoin de Lui mais ne Le connaissent pas. La Bible nous dit que le salaire du péché, c’est la mort.

Cette mort est spirituelle et physique. Puisque je ne connaissais pas Christ, j’étais spirituellement morte, et cette mort spirituelle devait entraîner ma mort physique, pour m’empêcher toute possibilité de salut. Suite aux perturbations et aux problèmes que j’avais causés, avant comme après mon séjour au couvent, il fallait à présent que je paye. Puisque je servais Satan, à mon insu, c’était lui qui devait me faire payer. Satan se fait payer en envoyant des maladies, des tourments, toutes sortes de problèmes, et même la mort physique. A partir de ce moment, j’ai commencé à éprouver beaucoup de difficultés dans ma vie. Au début, je n’y faisais pas attention, dans l’espoir qu’elles pourraient passer. Mais, à la longue, elles s’accumulèrent sur notre famille.

« Je suis en toi! »

Voici comment tout commença. Un jour, je retournai à la maison après les cours. A peine avais-je pris un peu de repos que j’entendis frapper à la porte. Après avoir ouvert, je découvris un homme revêtu de l’habit de fête d’un chef coutumier. Par politesse, je m’écartai de l’embrasure de la porte pour lui faire place, et je l’invitai à entrer. Il me dit:

– Je ne peux entrer, madame, puisque j’y suis déjà.

– Pardon? Entre dans la maison, puisque tu te tiens à la porte.

– Je suis en toi depuis si longtemps! Comment peux-tu m’inviter à entrer? Je connais mieux que toi chaque recoin de cette maison!

– Que dis-tu? N’es-tu pas fou? Tu demeures en moi et tu connais cette maison mieux que moi? Qui es-tu?

– Je ne suis pas un être ordinaire. Il y a bien longtemps que mon corps est mort et enterré. Pourtant j’habite en toi en attendant de pouvoir trouver Mieux.

Sur ces paroles, je compris que je me trouvais devant un revenant. Je perdis connaissance et tombai à terre. Les voisins accoururent et m’amenèrent à l’hôpital. Quand je repris connaissance à l’hôpital, les médecins avaient déjà découvert en moi toute une série de maladies. D’après eux, je souffrais de surmenage j’avais des problèmes cardiaques, je souffre d’hypertension, etc.

Je crus à toutes les conclusions des médecins. Quand ils me dirent que j’étais cardiaque, je sentis effectivement des douleurs au coeur. Quant au surmenage cela me surprit beaucoup. Était-ce une manière d’interpréter les phénomènes qui m’arrivaient? Par exemple, lorsque je déposais une chose à un endroit précis, je la trouvais déplacée à un autre endroit quand je voulais la récupérer.

Quand je m’en plaignais, les gens attribuaient cela au surmenage. Je voyais des choses dans la rue. Je pouvais sentir la Présence d’une personne invisible à mes côtés, et je pouvais même ressentir des frottements, mais je ne voyais personne… Je vis un jour un jeune homme portant un serpent enroulé autour du cou en guise de chaînette, alors que tout le monde ne voyait qu’une chaînette en or. Je fus tournée en ridicule lorsque je voulus lui montrer ce que je voyais à son cou. Cette chaînette n’était pas ordinaire… Le jeune homme, par respect pour ma condition d’ex-religieuse, se retint de me gifler et attribua ma réaction au surmenage.

« Je cherche Marie-Thérèse »

Un jour, j’étais en classe et j’écrivais quelque chose au tableau noir. J’avais tellement écrit que mon bras commençait à me faire mal. C’est alors que j’observai quelque chose d’étrange. Prenant naissance au niveau de mon omoplate, un autre bras apparut de sorte que j’avais à présent deux mains droites. Apparemment, j’étais la seule à voir ce phénomène puisque les élèves restaient silencieux. J’eus peur cependant, et je refusai d’accepter cette image dans mon cerveau. Je me dis que c’était une hallucination due au surmenage que l’on m’attribuait toujours. Je voulus continuer à écrire, mais la force me manqua. C’est alors que je vis des lettres apparaître d’elles-mêmes sur le tableau noir, pour former la phrase suivante: « Je cherche Marie-Thérèse. » Je perdis à nouveau connaissance et je tombai à terre. Les élèves se mirent à rire quand ils me virent, tomber, car ils n’avaient pas encore découvert ce qui m’avait fait tomber. Mais ils aperçurent à leur tour les lettres qui continuaient à apparaître sur le tableau,.., et ils entendirent une voix qui disait: « Je cherche Marie-Thérèse! »

Ils n’eurent pas le courage d’attendre la suite et se sauvèrent, les uns par la porte, les autres par les fenêtres. Cela se passait au Lycée Tuendeleya, ex Lycée Marie-Josée. La « Marie-Thérèse » en question était une jeune élève de ce Lycée, et qui était morte des suites d’un avortement manqué. Je n’étais plus religieuse, mais les gens continuaient souvent à m’appeler « soeur Françoise. »

Ainsi, lorsque ce scandale du Lycée Marie-José fut connu, mes anciens maîtres, c’est-à-dire les catholiques, pour se couvrir et me discréditer, firent paraître un article dans un journal local. Cet article disait que l’ancienne religieuse « Soeur Françoise » avait conseillé une jeune fille venue la consulter sur la conduite à tenir en cas de grossesse, et qu’elle lui avait suggéré d’avorter. La mère et le bébé avaient trouvé la mort au cours de l’opération. Le journal poursuivait en disant que l’esprit de cette fille était en train de tourmenter l’ex-soeur Françoise, d’où ses fréquentes crises.

L’Église catholique romaine est une grande organisation humaine, mieux structurée que la Mafia ou la CIA, car elle est dirigée par Lucifer lui-même.

A cette même époque, à Lubumbashi, il y eut à plusieurs endroits des manifestations identiques aux miennes. Plus tard, je compris que Satan avait besoin de plusieurs âmes. C’est pour en réunir le nombre désiré qu’il s’était servi des magiciens pour posséder plusieurs jeunes gens.

Une étrange grossesse

Je me trouvai une nouvelle fois enceinte. La conception avait été normale. Au quatrième mois, j’allai passer une consultation prénatale. Les gynécologues découvrirent que ma grossesse était extra-utérine. Il fallait une opération. Normalement, une telle grossesse extra-utérine provoque des douleurs dès les premiers mois de son développement. Comme ne ressentais aucune douleur, je refusai d’être opérée. Offusqués par la mise en doute de leur diagnostic, les médecins exigèrent une radiologie. L’examen radiologique, à l’hôpital de Lubumbashi, confirma la thèse, et je m’inclinai. L’opération dura six heures, l’on ne trouva aucune trace d’une quelconque grossesse.

Les médecins trouvèrent en moi un terrain propice à leurs recherches. Ils firent tout pour comprendre le phénomène: prélèvement de tissus pour diverses cultures, examens de toutes sortes… Pendant ce temps, mes jambes et mes pieds se mirent à gonfler démesurément. On me découvrait des maladies au rythme d’une par rendez-vous. On me prescrivait un traitement et, lorsque je revenais pour un contrôle, on me découvrait une ou deux autres maladies. Finalement on me découvrit un cancer. Mon ventre avait sensiblement augmenté de volume. Je vomissais un mélange nauséabond de sang en putréfaction de couleur noire et de salive. J’avais beaucoup maigri, et mon teint avait noirci. Toute vigueur de ma jeunesse avait disparu. Je n’étais qu’une loque humaine, une ombre vivante. Toute beauté avait fait place à une laideur digne d’une candidate à la tombe. Les médecins finirent par conclure que j’avais un cancer à l’estomac. Je subis une seconde opération. Mais, dans l’impossibilité de faire quoi que ce soit pour arrêter, la progression de la maladie ou pour l’éliminer, on me recousit sans rien me dire.

Les conclusions des hommes

Aidée par une subvention de la Gécamines, ma famille se cotisa pour m’envoyer à Paris pour y recevoir des soins médicaux, à l’Hôpital Sainte-Anne. J’y restai pendant une année complète. J’y subis toutes sortes d’examens médicaux. On me fit alors comprendre que je n’avais plus pour longtemps à vivre. Malgré les conclusions données par d’éminentes personnalités scientifiques, l’idée que je devais passer par une mort imminente n’effleura même pas ma pensée. Il y avait en moi la conviction que je vivrais longtemps. Nous allâmes ensuite en Suisse, où je suivis pendant six mois des soins médicaux ininterrompus. Puis je fus renvoyée au pays pour y mourir. D’après les médecins, il ne me restait plus que cinq mois de vie sur la terre des hommes… Le temps de me préparer à mourir! Bien-aimés dans le Seigneur Jésus-Christ et très chers lecteurs, je vous demande quelle serait votre réaction si l’on vous affirmait que vous n’avez plus que tant de temps à vivre, et que vous êtes condamnés à mourir? Peut-être n’auriez-vous plus envie de manger, auriez-vous des insomnies, haïriez-vous tout le monde, et n’auriez-vous plus la paix?

Exhortation

Dans Son amour infini, Dieu avait un plan de salut pour moi, moi que la science humaine avait condamnée à une mort certaine. Je témoigne aujourd’hui de ce qu’Il a fait pour mon salut. Amen!

Ce récit ne peut-il pas te convaincre du salut que tu peux obtenir en Lui? Si tu te repens d’un coeur sincère, toi pécheur, et si tu te confies à Lui maintenant, je suis convaincue que tu seras sauvé au Nom de Jésus! Comprends que ce salut ne concerne pas seulement ton esprit, mais qu’il peut aussi s’étendre à ton corps, selon qu’il est écrit: « Il (Jésus-Christ) était blessé pour nos péchés, brisé pour nos iniquités. Le châtiment qui nous donne la paix est tombé sur lui, et c’est par ses meurtrissures que nous sommes guéris » (Esaîe 53:5).

Deuxième partie

 

Chapitre 4 : La magie secrète

 

De retour au pays, je me suis résignée à mon sort. Je n’espérais plus rien. Les gens venaient me voir pour me dire d’aller trouver des féticheurs. D’autres venaient avec une longue liste de plantes médicinales. Mon mari Jean ne partageait pas leur avis. Pour lui, le mal qui me rongeait était d’origine démoniaque. Il fallait alors l’intervention de Dieu. Il me conseilla donc d’aller trouver des prêtres pour m’exorciser. Il me dit:

– Après tout, soeur Françoise, tu as été l’une des leurs! Il ne serait pas normal qu’ils te laissent mourir ainsi sans rien tenter pour te sauver. Nous savons tous que cette maladie est d’origine démoniaque. Ne pourraient-ils pas t’exorciser afin de t’aider? Va les trouver quand même pour leur demander de t’aider, supplie-les s’il le faut! Peut-être qu’une messe spéciale dite en ta faveur pourrait te faire du bien!

Encouragée par ces paroles qui me semblaient édifiantes, je rassemblai le peu d’énergie qui me et j’allai trouver seule mes anciens collègues. Lorsque j’arrivai au couvent, le révérend père me reçut à bras ouverts. On aurait dit qu’il s’attendait à ma visite. Après lui avoir raconté toute mon histoire, qu’il suivit sans m’interrompre, je lui dis en concluant: ‘Vous voyez bien que je suis condamnée à Mort. Je serais prête à aller consulter les féticheurs. Mais j’aimerais que vous fassiez quelque chose, que vous fassiez dire une prière par exemple. »

– Soeur Françoise, tu as bien fait de venir nous demander conseil, malgré ton état de santé. Ma fille, je ne saurai te dire autre chose. Je peux déjà te garantir qu’après ta mort, ton âme ne restera pas longtemps au purgatoire avant d’entrer au paradis. Tu as déjà assez souffert comme cela. Pour cela, nous dirons plusieurs messes en ta mémoire pour que le Bon Dieu intervienne rapidement.

– Si Dieu peut intervenir, c’est maintenant que j’ai le plus besoin de Son aide, mon père! Je suis une mère, j’ai quatre petits enfants qui ont encore besoin de moi. Ils sont encore tout petits. Que deviendront-ils?

– Nous savons tous que le cancer ne pardonne pas. La mort effraie toujours. Je comprends ta peine. Tu peux donc t’en aller partout chercher ta guérison comme tu l’entends. Reviens vite me voir lorsque tu seras rétablie. Je t’entendrai en confession…

C’était une manière polie de se débarrasser de moi et de me congédier. Je m’en allai, toute triste et déprimée, ne sachant que faire ni où aller pour éviter cette mort tant redoutée. Je me trouvais déjà au niveau du grand portail du couvent lorsque j’entendis quelqu’un m’interpeller derrière moi: « Soeur Françoise, Soeur Françoise, veux-tu revenir! » Je tournai la tête, et je vis un prêtre, plus jeune que celui que je venais de quitter. Il était de passage dans ce couvent. Il était curé d’un autre couvent situé également à Lubumbashi.

L’initiation

Son collègue venait de lui révéler la raison de ma visite. Le jeune curé me dit: « Viens me trouver dans ma paroisse quand tu voudras. » Il partit après m’avoir remis son adresse, que je connaissais d’ailleurs déjà. Dès le lendemain, j’allai le trouver après la matinale. Il ne fut pas surpris de me voir.

-Tout ce que je peux faire pour toi, ce n’est pas empêcher la mort de t’atteindre, mais retarder sa venue par des prières spéciales que je compte te remettre. Bien sûr, tu mourras un jour, car personne n’est éternel sur cette terre. Mais, si tu observes bien mes conseils, tu vivras longtemps. Je vais te mettre en contact avec des « saints anges. »

Du moment qu’il y a une possibilité, aussi minime soit-elle, de prolonger ma vie, je suis prête à tout ce qui est en mon pouvoir pour vivre. Je ne veux pas mourir, mon père!

– Achète d’abord ton sanctuaire et quelques accessoires. Ils te seront d’une grande utilité dans tes prières. Le sanctuaire en question était une caisse en bois peinte en plusieurs couleurs, dont la partie supérieure avait la forme d’un cône. Un linge blanc recouvrait le tout. A l’intérieur, il y avait une statuette de la « Très Sainte Vierge Marie, » un crucifix, des images de celui que les catholiques appellent par erreur Jésus-Christ, » une pierre tombale dite « pierre sainte, » reliques d’un mort (ongles, cheveux, morceaux tissus ayant appartenu au mort …) appelées « reliques d’un saint, » etc…

Outre le sanctuaire, j’ai aussi acheté de l’encens, des cierges et divers autres objets. La Bible déclare sainte toute personne née nouveau. L’Église catholique romaine canonise morts. Marie avait pour mission de mettre Jésus-Christ au monde, c’est tout. De même, Jean Baptiste avait pour mission d’annoncer la venue du Seigneur. Pourtant, l’Église catholique n’accorde aucune mention particulière à ce « saint. » Alors, pourquoi cet insistance extraordinaire sur Marie?

Bien-aimés dans le Seigneur, si je dénonce aujourd’hui ces méfaits, c’est sans haine ni animosité envers qui que ce soit. C’est contre la magie pratiquée au sein du système religieux catholique que je m’insurge avec la dernière énergie. Cette magie fondement même de cette institution.

Un petit livre me fut remis. Il me servait de guide, pour mes prières. Je me mis donc à prier en suivant les prescriptions de ce livre. Les effets ne manquèrent pas de se manifester. Un jour que j’étais en prière dans ma chambre, un vent, sorti de je ne sais où, mit à souffler violemment dans ma chambre. Il s’apaisa comme il avait commencé, mystérieusement. Je ne pouvais pas aller trouver le père curé pour lui raconter ce que je vivais, car il avait été convenu avec lui que je ne pourrais aller le voir que lorsque les « anges du Bon Dieu » me seraient apparus.

Mes pratiques mystérieuses

Un après-midi, vers seize heures, je me trouvais dans ma chambre en train de « prier. » En réalité, je ne faisais que lire les textes ou réciter ceux que j’avais déjà appris par cœur. J’avais aspergé toute la chambre d’eau bénite. Je m’étais imprégnée d’un de parfum et j’avais soufflé aux quatre coins de la chambre un peu de poudre. La fumée de l’encens brûlait flottait dans la pièce, donnant à celle-ci une apparence exotique. Mon crucifix devant moi, j’égrenais mon chapelet, comme me le recommandaient les instructions du petit livre.

Dans cette ambiance enfumée, je vis sortir du nuage d’encens une forme de main, qui me faisait signe de m’approcher. Je suis demeurée prostrée, ébahie, comme hypnotisée, sans comprendre ce qui m’arrivait, oubliant où je me trouvais. J’étais bloquée et ne savais que faire. Je clignai des yeux pour voir si je ne rêvais pas toute éveillée, ou si je n’avais pas des hallucinations. Cependant, la main était là et continuait à me faire signe. Je priais pour une probable guérison, mais l’idée d’une apparition de ce genre ne m’avait même pas effleurée. Je m’attendais pourtant, mais sans grande conviction, à voir apparaître des anges, comme me l’avait annoncé le prêtre. Des anges aux beaux visages angéliques, aux longs cheveux noirs tombant sur les épaules, avec de longues robes blanches tombant jusqu’au sol. Sans oublier leurs deux ailes superbes rattachées à leur corps au niveau des omoplates… Des anges comme nous pouvons en contempler sur des affiches ou sur les portraits qui figurent dans les églises…

Ce qui se produisit ensuite m’arracha à ma contemplation. La main se métamorphosa et prit la forme d’un être étrange qui n’avait rien d’un ange. Cet être n’avait d’humains que les mains et le front. Il avait les oreilles d’un lapin, les yeux d’un chat ou d’un hibou, un museau en guise de bouche, et une tête recouverte d’écailles, surmontée de deux cornes. Il avait des sabots à la place des pieds.

Il était revêtu d’un pantalon noir et portait un gilet rayé de vert, rouge et jaune. J’eus quand même la présence d’esprit de reconnaître que je me trouvais bien en présence d’un démon, à la place de l’ange du Bon Dieu promis par le père curé. Malgré cette découverte, il me fut impossible de fuir ni de crier au secours. Si je l’avais fait, cela aurait pu amenuiser mes chances de guérison. Je ne bougeai pas, car je tenais beaucoup à mon rétablissement, quel que soit le prix à payer.

Une voix caverneuse, venue du fond des âges, sortit du museau de la bête, rompant ainsi le silence :

– Pourquoi m’invoques-tu ici? Si je suis venu jusqu’à toi, c’est que tu m’as fort dérangé. Tes prières sont arrivées jusqu’à moi. Pourquoi ne viens-tu pas au quartier général comme tout le monde?

– Qu’est-ce que ce quartier général et où se trouve-t-il, pour que je puisse m’y rendre?

– Si tu ne connais ni le quartier général, ni l’endroit où il se trouve, comment as-tu connu mon existence? Comment as-tu appris ce qu’il fallait faire pour m’appeler? Qui t’a mise au courant de mon existence? C’est celui-là qui doit répondre à tes questions.

Sur ces paroles, il disparut comme il était apparu.

Puisqu’il se faisait un peu tard, je ne suis pas partie aussitôt pour aller voir le père curé. Le lendemain, de grand matin, j’allai trouver le prêtre, après qu’il eut fini de célébrer l’eucharistie. Je lui racontai ce qui était arrivé.

Au fur et à mesure que je parlais, je remarquai que l’attitude de mon interlocuteur devenait de plus en plus bizarre. Je compris qu’il était gêné de reconnaître que ce n’était pas un ange du Bon Dieu qui m’était apparu, mais bien un démon, un ange déchu…

Durant toute notre conversation, le prêtre ne me donna pas le temps de terminer mes phrases. Il m’interrompait souvent. Alors j’acceptai de jouer le jeu.

Alors, tu as vu les anges! Ah! Sœur Françoise, tu as de la chance! Beaucoup ont désiré, souhaité voir ce que tu as vécu, et n’y sont pas parvenus. D’autres sont morts sans avoir pu entrer en contact avec des saints de leur vivant. En tout cas, ta guérison ne saurait plus tarder. Que t’ont donc dit ces messagers de l’Éternel? L’ange du Très-Haut m’est apparu hier soir, mon père. Il m’a demandé de l’appeler dorénavant dans ma chambre, mais au quartier général. Où se trouve le quartier général, pour que je puisse m’y rendre?

– Termine d’abord. Dis-moi tout ce que tu as à me dire, tout ce qu’ils t’ont dit. Je suis certain que tu connais bien le quartier général et son emplacement, même si tu ne sais pas que c’est de cela qu’il s’agit. Mon père, il m’a dit d’aller vous trouver, pour que vous m’y conduisiez.

– Es-tu bien certaine d’avoir entendu cette invitation?

– Oui certainement, mon père. Si ce n’était pas comment aurais-je connu l’existence du quartier général?

– Ca va, ça va. Tu as raison, tu m’as convaincu. Dans ce cas, écoute-moi bien. Tu diras à ton mari que jusqu’à ta guérison, tu devras assister à une série messe spéciales, chaque nuit à partir de ce soir. C’est pour qu’il ne te pose plus de questions à l’avenir.

Quant à toi, tu veilleras soigneusement à ce que personne ne te suive ou ne t’accompagne jusqu’ici. Viens me retrouver seule, vers 23 heures, et je te montrerai le chemin du quartier général. Je te répète que tu dois faire attention à ce que personne ne te suive!

Selon les conseils du prêtre, j’informai mon mari de ce que je devais faire. Jean me laissa partir, non sans s’être auparavant réjoui de ce que mes anciens partenaires avaient été bien disposés envers moi. A 23 heures passées de quelques minutes, j’étais au couvent, où je retrouvai le révérend père curé, qui m’attendait. Nous nous acheminâmes vers une pièce qui se trouvait à l’intérieur même de la chapelle. Une fois dans cette pièce, J’y remarquai d’autres religieux, tout de noir vêtus. Le père curé se changea et enfila des vêtements noirs. Il me remit un colis et me pria de me revêtir de son contenu le plus rapidement possible. Il y avait dans ce colis une robe noire, des bas noirs, des gants noirs et un livre dont la couverture était noire.

Vous remarquerez que je me garde bien de citer les titres de certains livres que j’ai utilisés au cours de mes anciennes pratiques. Cette conduite m’a été dictée à la suite de divers incidents survenus au début de mon ministère. Jeune convertie, lors de mes productions publiques, je dénonçais ces pratiques en les décrivant sans omettre aucun détail, dans l’espoir que certains pourraient se reconnaître et se convertir au Seigneur. Je donnais les titres des livres ainsi que les endroits où l’on pouvait se les procurer facilement. Je présentais les formules et la manière de procéder.

Un jour, un jeune homme écouta mon témoignage non pour se convertir, mais pour se lancer lui-même dans ces pratiques. Il notait tout ce que je disais sur un bout de papier. Il alla invoquer une sirène à mon insu. Furieuse parce qu’il n’avait pas respecté tous ses titres dans la procédure d’invocation, et parce qu’il ne lui avait Pas apporté les cadeaux requis, elle l’obligea à écrire une note à ses parents pour leur dire qu’il devait accompagner la sirène chez elle. Le jeune homme fut retrouvé mort, tenant à la main la lettre écrite sous l’emprise de la sirène.

Vous devez savoir que ces esprits appelés « sirènes » sont des esprits puissants et dominateurs. Sans le Saint-Esprit, il est impossible de leur résister. Vous comprendrez donc la raison pour laquelle je tairai certaines précisions. Je n’ai pas pour mission d’envoyer des gens chez le diable. Au contraire, je veux les arracher à l’emprise du diable, par mon témoignage, pour leur faire connaître la grâce de Dieu et les amener à Jésus-Christ notre Sauveur.

Lorsque je fus vêtue de noir comme tout le monde autour de moi, les prêtres exigèrent que je m’agenouille pour qu’ils puissent prier pour moi. Ils m’imposèrent les mains. Pendant leur prière, je fus saisie de vertige. La prière terminée, ils voulurent s’assurer de l’effet que l’imposition des mains avait produit sur moi. Je leur dis ce que j’avais ressenti et je vis comme un soulagement sur leur visage. Le père curé me dit: « Nous pouvons partir à présent. »

Il n’était pas encore 23 heures 30 lorsque nous nous dirigeâmes en voiture vers le grand carrefour central de la ville de Lubumbashi. A cette heure de la nuit, il règne à cet endroit de la ville une intense activité commerciale. Après avoir garé la voiture, tout le monde descendit. A ma grande surprise, les prêtres se mirent à se déshabiller, sans faire aucun cas de ma présence ni des personnes qui les entouraient. Le plus naturellement du monde, ils me prièrent de me dépêcher de me déshabiller, comme s’ils avaient oublié que J’étais une femme. J’obéis mais voulus garder mes sous-vêtements. Je reçus l’ordre de tout enlever et de rester nue, comme tout le monde. Le père curé me dit: « Dépêche-toi, il ne nous reste que peu de minutes avant de rejoindre le quartier général! »

Les lumières étaient brillantes. Les gens circulaient en tous sens. Personne ne semblait nous remarquer. Pourtant, ces prêtres étaient bien connus à Lubumbashi. Comment expliquer cela? C’était effrayant de passer par une telle expérience! L’un des prêtres me lança: « Dépêche-toi, nous n’avons pas de temps à perdre! Tu payeras cher si nous sommes en retard! »

C’est alors seulement que je compris que nous étions invisibles aux yeux des profanes. Je me déshabillai à mon tour.

Nous traversâmes la rue et atteignîmes le centre du carrefour. Un pentagramme (étoile à cinq branches) fut dessiné sur le sol. Je fus invitée à m’y coucher à l’intérieur, le dos au sol, et chacun de mes membres au sommet de l’une des pointes du pentagramme. J’étais étendue au sol, bras et jambes écartés. Cinq cierges sortis de je ne sais où brillaient à chaque sommet.

On fit des incantations sur moi. Trois prélats nus m’enjambèrent, tout en ayant soin d’effleurer certaines parties de mon corps. Ils prononcèrent des prières qui m’étaient inconnues. Ces prêtres m’enjambèrent comme il est procédé lors de l’ordination sacerdotale d’un nouveau prêtre catholique. La cérémonie terminée, les cierges disparurent sans que je comprenne comment. Nous revêtîmes nos habits noirs et prîmes la direction du cimetière des sapins de la ville de Lubumbashi. Le quartier général n’était autre que le cimetière.

Au quartier général Je croyais que nous étions les seuls à fréquenter les cimetières la nuit. Je perdis toute illusion en voyant le nombre croissant de personnes que j’y trouvais. La plupart étaient jeunes. Je ne sais quelle procédure ils avaient utilisée pour arriver jusqu’ici. La plupart croyaient rendre un culte à Dieu.

Il y avait là des jeunes gens à la recherche de sensations fortes, chacun dans son domaine. Des étudiants venaient y chercher le moyen de terminer leurs études avec succès sans pour autant travailler. Des sportifs venaient y chercher des records inégalés. Des musiciens venaient y puiser de nouvelles inspirations. Moyennant des sacrifices, voire même des sacrifices sanglants, ces personnes signaient des pactes pour avoir plus de succès dans leurs entreprises. Mais, hélas, cette gloire n’était qu’éphémère. Il fallait renouveler le pacte après un certain temps, de peur de perdre la raison ou la vie.

Il y avait aussi des hommes politiques. Outre le succès, ils désiraient obtenir le pouvoir de domination pour pouvoir s’imposer dans des assemblées générales. Certains désiraient obtenir le pouvoir de lire l’avenir, afin de se protéger des jours mauvais. Les sacrifices que devaient offrir ces derniers étaient consistants. Certains venaient y préparer leurs discours.

Toutes les professions étaient représentées: médecins, avocats, ingénieurs, etc… Tous avaient un dénominateur commun: c’étaient tous des satanistes à la recherche d’un succès terrestre. Si vous prêchez le Christ à de telles personnes, elles ne L’accepteront pas comme leur Seigneur et Sauveur.

Ces personnes se cachent souvent derrière des dénominations religieuses, ou des sectes qui nient la divinité de Jésus-Christ. J’y ai aussi remarqué des pasteurs, des diacres, des abbés, dont l’abbé Kasongo qui était un familier des lieux, des prêtres, et j’en passe.

Comment ces gens, qui ont pour mission de conduire les hommes à Dieu, avaient-ils échoué ici pour les conduire à Satan? Car, je le répète, la plupart des gens qui se trouvaient au cimetière croyaient rendre un culte à Dieu. Je me suis souvent demandé comment ces conducteurs spirituels qui avaient pour mission de conduire les hommes à Dieu avaient pu s’abaisser à ce point.

J’en ai donc conclu que Dieu n’existait pas, ou que le Dieu auquel nous pouvions croire était un faux Dieu, un Dieu de substitution, et que le vrai Dieu était ailleurs.

La présence de guérisseurs, féticheurs, praticiens traditionnels et autres charlatans ne m’étonna guère. Il était normal qu’ils viennent puiser à leur source.

Nous avons procédé à une visite des lieux. Arrivés devant une tombe, nous nous sommes arrêtés. Le père curé récita une prière en invoquant quelques « saints, » et dont lui et ses collègues étaient peut-être les seuls à connaître le secret. Certains passages étaient tirés du livre du prophète Jérémie. Au moyen d’une baguette magique, il frappa une tombe qui s’ouvrit d’elle-même en faisant sortir le cercueil. Sous le cercueil, je découvris un passage, une sorte de couloir qui donnait sur une espèce de cave ou de sous-sol.

Longeant le passage ainsi ouvert, nous atteignîmes un tournant, au-delà duquel mes yeux découvrirent une « abomination.  » A même le sol, il y avait là une croix grandeur nature, sur laquelle un homme était ligoté, agonisant et gisant dans son sang. Bien entendu, Il portait une couronne d’épines sur la tête. Un clou était planté dans chaque main, et un autre attachait les deux pieds au bois. Il n’avait cependant aucune blessure à la poitrine. Cet homme était entouré de chaînes, qui étaient en fait de grands chapelets. Les souffrances de cet homme étaient manifestes et me donnèrent le frisson.

D’un air grave et compatissant, le curé me dit: « Voici notre Seigneur Jésus-Christ souffrant sur la croix. Son agonie dure, car il n’est jamais mort. Il est toujours vivant. »

Nous avions sans doute atteint le but de notre promenade car, après avoir vu cet être, nous nous sommes prosternés pour l’adorer, puis nous avons rebroussé chemin.

A quelques détails près, l’être sur la croix avait des traits semblables à ceux du « Jésus-Christ » dont les images inondent les marchés et les boutiques spécialisées. Ce même « Christ » est parfois aussi représenté sur des bijoux féminins.

Bien-aimés de Dieu, au lieu de vous contenter d’entendre la « Parole de Dieu, » vous devriez imiter les Juifs de Bérée. En effet, la Bible déclare que ces derniers, chaque fois qu’ils avaient entendu Paul prêcher la Parole de Dieu, « examinaient chaque jour les Ecritures, pourvoir si ce qu’on leur disait était exact » (Actes 17:12). Si nous avions tous fait la même chose, nous aurions découvert des passages qui décrivent physiquement le Seigneur Jésus. En effet, plusieurs centaines d’années avant la naissance du Christ, le prophète Esaïe, au chapitre 53, verset 2 nous dit: « Il n’avait ni beauté ni éclat pour attirer nos regards, et son aspect n’avait rien pour nous plaire. » L’apôtre Paul était contemporain de Jésus-Christ. Dans sa première épître aux Corinthiens, chapitre 11, verset 14, il écrit: « C’est une honte pour l’homme de porter des cheveux longs. » Nous croyons qu’en écrivant cette épître, il était inspiré par l’Esprit de Jésus-Christ, le Saint-Esprit.

A la lumière de ces deux passages bibliques, nous constatons que les hommes ont conçu l’opposé de ce qu’affirme la Bible. Pourquoi cette falsification? La falsification persiste puisqu’ils désobéissent sciemment à ce que dit Dieu dans Exode 20:4, 5: ‘Tu ne te feras point d’image taillée, ni de représentation quelconque des choses qui sont en haut dans les cieux, qui sont en bas sur la terre, et qui sont dans les eaux plus bas que la terre. Tu ne te prosterneras point devant elles et tu ne les serviras point. » Ne voit-on pas cependant les catholiques embrasser la croix, notamment le vendredi saint? Pourquoi l’Eternel des Armées nous interdit Il l’utilisation des images? Christ nous en donne la raison: « Dieu est esprit » (Jean 4:24). Vous comprendrez qu’on ne peut représenter un esprit.

Faut-il se servir d’objets (crucifix, eau bénite, chapelet, etc.) dans le culte rendu à Dieu? Non. Dieu est Esprit, et Ses vrais adorateurs L’adoreront en Esprit et en vérité (Jean 4:24). L’être sur la croix rencontré au cimetière n’était qu’un démon. Son maître, le diable étant expert dans l’art de la substitution, ses serviteurs ne peuvent qu’agir de la même manière. C’est ainsi que de nombreuses choses furent ajoutées à la sainte doctrine, comme l’eau bénite, en l’an 400, la canonisation des « saints » en 995, le célibat obligatoire des prêtres en 1074, etc…

Ce premier contact avec le quartier général terminé, nous avons regagné le couvent, et je rentrai à la maison, où Jean était loin d’imaginer dans quelle nouvelle ornière je m’étais embourbée. Chaque nuit, je m’absentais pour aller au quartier général, dans le but d’apprendre à prier sur les tombeaux, pour qu’ils livrent leur contenu. Ces mêmes prières sont faites aussi par ceux qui dépouillent les tombes. Nos maîtres nous avaient conseillé de n’entrer en contact avec des morts, pour leur remettre certains cadeaux, qu’après les avoir roués de coups.

Il y avait cependant certaines tombes qui ne dévoilaient pas leur contenu et qui ne répondaient pas favorablement à nos prières. Il s’agissait des tombes des véritables enfants de Dieu. Ceux qui répondaient à nos sollicitations étaient des démons qui attendaient la condamnation éternelle. Les esprits des enfants de Dieu ne séjournent pas dans les cimetières ou dans le séjour des morts.

Suite à mes nombreuses visites, je pus comprendre certaines choses. En particulier la provenance véritable de l’eau bénite et de l’huile d’onction utilisées dans le catholicisme. L’huile d’onction n’est autre chose que de la graisse humaine. Après l’avoir désodorisée, on y ajoute un peu d’huile d’olive. Notre chef suprême était le pape du cimetière. Rien ne pouvait se faire avant son apparition et sa fameuse bénédiction. Il n’était différent en rien du pape du Vatican, quant à ses habits et ses différents gestes. Parfois, je me demande s’il ne s’agissait pas de la même personne. A une période donnée de l’année, au printemps, je crois, ce pape bénissait une certaine quantité d’eau que l’on nous distribuait. Nous conservions une partie de cette eau jusqu’aux premières pluies. Nous recueillions alors les eaux des premières pluies pour la mélanger à celle que nous avions conservée, afin de réussir un bon mélange.

Cette eau bénite était réservée aux grandes occasions. On la retrouve rarement dans les bénitiers. Je ne m’expliquais pas certaines choses: J’avais un corps différent lorsque j’étais au cimetière. Cet autre corps n’avait aucune déformation ni malformation quelconque. Mais lorsque je quittais le cimetière, je reprenais mon ancien corps rempli de maladies.

Lorsque j’en fis la remarque à mes supérieurs, ces derniers me firent entendre que c’était là une preuve tangible de mon rétablissement physique certain: ‘Tu ne tarderas pas à avoir ce corps nouveau dans le monde physique. Persévère, pour que tu le voies s’accomplir… »

Je ne manquais pas de persévérance! J’étais tellement zélée que je reçus le titre de diaconesse, et, plus tard, celui de médium, ce qui correspond au niveau le plus élevé pour une femme. Parmi les gens que je fréquentais, il y avait des tenanciers de grands débits de boissons. Ils nous demandaient souvent la possibilité d’augmenter leur chiffre d’affaires. Nous leur remettions des esprits servants enfermés dans des bouteilles que nous remplissions d’eau bénite. Nous remettions ces bouteilles aux tenanciers, en ayant soin de leur dire de verser un peu de cette eau à l’entrée de leur débit de boissons, là où passent les clients. Une deuxième partie de l’eau devait être versée à l’intérieur, là où consomment les clients, et la dernière partie devait être versée dans les installations sanitaires, surtout dans les urinoirs.

Les démons enfermés dans les bouteilles étaient ainsi libérés et affectés à trois tâches différentes, selon l’endroit où ils avaient été lâchés. Ceux qui avaient été libérés dans les urinoirs avaient pour mission de « transformer » les urines en boissons consommables. Ainsi, le propriétaire ne devait-il plus acheter les boissons. C’était son avantage. Les esprits à l’intérieur du bar devaient Introduire d’autres esprits dans les consommateurs. Ceux qui avaient été libérés devant la porte s’appelaient les « trompettistes. » Au moyen de leurs « trompettes, » ils attiraient ou appelaient les buveurs.

Il doit être clair que le diable ne donne rien pour rien. Il se fait payer tout service rendu, aussi minime soit-il. En conservant ainsi leurs stocks de boissons intacts avec le concours des démons dans les urinoirs, tous ces commerçants, en contrepartie, devaient nous remettre 500.000 âmes par semaine. Une fois que cette urine transformée était consommée, toutes sortes de démons pouvaient entrer dans le corps des clients. Satan n’a pas tellement besoin de notre corps physique. C’est de notre esprit qu’il veut s’emparer pour neutraliser notre volonté. Il se sert toutefois de ses démons pour occuper des corps humains, car ces démons ont grandement besoin de notre corps pour s’y manifester. Les impudiques attirent les esprits d’impudicité, et les menteurs les esprits de mensonge, qui viennent habiter en eux.

En ma qualité de médium, J’ai un jour demandé à un démon pourquoi il avait cette préférence pour les boissons alcoolisées. Voici la réponse qu’il me fit : « Si un homme, après avoir bu un ou quatre verres, d’eau, se mettait à zigzaguer sur la route, à faire pipi dans ses habits ou à injurier grossièrement des passants, cela inciterait à la réflexion, parce qu’on ne pourrait pas le soupçonner d’être ivre. Or nous avons besoin d’endormir tout soupçon. De sorte que nos boissons de substitution provoquent des effets qui sont acceptés par les humains. C’est pourquoi nous en profitons. »

En tant que médium, j’avais le pouvoir de transmettre de la puissance à d’autres. Je pouvais apprendre aux nouveaux venus comment faire des invocations, ou leur montrer tout simplement comment aller au quartier général. Je pouvais réceptionner divers courriers et les expédier à différents points du globe. Je connaissais plusieurs secrets pour tuer des gens, chose que je ne fis jamais. J’étais même en mesure d’envoyer des esprits pour ensorceler tout un quartier.

Malgré ma capacité d’accomplir toutes ces prouesses, une fois que j’étais en dehors du cimetière, je me retrouvais toujours malade et déformée physiquement. Mon but n’était pas de continuer à pratiquer tout ce que je faisais la nuit au cimetière. Je comptais reprendre le cours normal de ma vie. Mais j’étais chaque nuit contrainte d’abandonner la chaleur de ma maison, l’affection de mes enfants et l’amour de mon mari, pour affronter le froid extérieur et me rendre au couvent.

J’abandonne

Après ces longues fréquentations du monde occulte, mon organisme accusa de sérieux signes de faiblesse. Sans que je m’en rende compte, le temps que m’avaient prédit les médecins pour que je meure était dépassé. Mais je me disais que ce n’était que partie remise.

Une nuit, Jean, qui m’avait conseillé d’aller trouver les prêtres, me suivit à mon insu jusqu’au couvent. Il se calma lorsqu’il me vit franchir le portail du couvent, et rebroussa chemin.

De toute façon, s’il avait attendu, il ne nous aurait pas aperçus. Pour aller du couvent au quartier général, nous étions déjà invisibles. Mais ce calme fut de courte durée, et il commença à me poser des questions précises sur mes fréquentations nocturnes et l’état de ma santé. Je feignis l’indignation, et il se rétracta en me faisant ses excuses: « Tu dois comprendre, Françoise, que nous sommes inquiets chaque fois que tu sors. Supposons qu’un jour tu ne reviennes pas, où irions-nous te chercher? »

Présentée sous cette forme, cette façon de raisonner m’alla tout droit au cœur. Je dis à mon mari qu’il avait raison. Je résolus alors d’arrêter mes visites au cimetière, après en avoir longuement parlé avec mes supérieurs, mais sans tenir compte de leur point de vue, car ma décision était déjà prise.

Je fis part de ma décision au curé. Pour le convaincre de me libérer, j’ajoutai que mon mari menaçait de divorcer si je m’obstinais à déserter encore le lit conjugal chaque nuit.

– Il n’y aura aucune chance de guérison pour toi si tu nous quittes. Je sens que tu devras encore passer par de graves épreuves à l’avenir. Je te conseille de revoir ta décision, et de demeurer encore; quelque temps parmi nous, le temps de conjurer ce, mauvais sort.

– Mon mari devient de plus en plus soupçonneux, mon père. S’il me suivait jusqu’ici, ce serait le divorce. S’il m’abandonnait, ce ne serait tout de même pas toi qui me prendrais en mariage!

Je mis donc fin à ma fréquentation du cimetière et pris congé le plus simplement du monde de la magie secrète de l’Eglise catholique romaine. Je rendis au prêtre tout ce qu’il m’avait remis.

« Si quelqu’un se tourne vers ceux qui évoquent les esprits et les devins, pour se prostituer après eux, je tournerai ma face contre cet homme, et je le retrancherai du milieu de mon peuple » (Lévitique 20:6).

Chapitre 5 : La Rose-croix

 

L’un des buts de mon témoignage est de faire connaître à tout le monde que Dieu est le seul responsable de la vie des hommes sur la terre. Après avoir abandonné la magie secrète de l’Eglise catholique, ma santé se détériora davantage.

Outre les démons qui manifestaient leur présence au travers de mon corps, les esprits errants du cimetière profitèrent de mon retrait pour élire domicile en moi. Ceci ajouta une dimension infernale à mes maux. Je pouvais entendre leurs gémissements, leurs palabres et leurs plaintes interminables. Je n’avais plus aucun répit, ni le jour ni la nuit. Je souffrais tellement que j’en perdais la notion du temps. Quand venait la nuit, je désirais ardemment voir le jour paraître. La fraîcheur et le calme de la nuit, loin de me revigorer, amplifiaient les bruits que j’entendais, empêchant ainsi tout sommeil. Quand venait le jour, je désirais parvenir à la nuit, pour me soustraire aux tracasseries et aux ennuis incessants qui meublaient mes journées. Ma condition n’avait plus rien d’humain.

Gloire et louange au Seigneur Jésus-Christ, en qui nous avons la paix et la tranquillité, même dans des temps difficiles! Lui qui nous a rachetés par Son sang précieux qu’Il a versé au mont Golgotha. Ce sang nous couvre et nous protège des atrocités du malin. Mais, en ce temps-là, je n’avais aucune connaissance de Jésus-Christ ni de l’oeuvre rédemptrice accomplie à la croix pour mon salut. Personne ne m’avait encore parlé de Lui. Partout où je passais, chacun défendait sa religion et les doctrines qui s’y rattachaient.

Serait-ce ton cas, cher bien-aimé? Au lieu de présenter Christ, présentes-tu ton église? Présentes-tu le charisme de ton pasteur ou ta religion à quelqu’un qui a besoin de Christ?

Mon introduction dans la Rose-croix

Dès avant notre visite familiale à mon village, mes oncles paternel et maternel, qui occupaient une position privilégiée au sein de la Rose-croix, m’avaient fait enrôler au titre de « colombe, » encore très jeune. Par la suite, au couvent, j’avais remarqué que le père curé s’exerçait comme moi à la Rose-Croix. Je n’en étais encore qu’à un stade rudimentaire. Mais je craignais que mes pratiques n’exercent une mauvaise influence sur ma piété ou m’empêchent de progresser dans la religion. Je m’en ouvris à un supérieur, qui me fit cette réponse: « Non! Loin de te freiner, cela fera de toi une religieuse exemplaire. Tu comprendras mieux Dieu et ta religion… » Tout cela se passait avant ma maladie, lorsque mon existence était encore vivable.

Après mon abandon de la magie secrète catholique, un cousin qui vivait en Europe, de passage à Lubumbashi, vint me rendre visite. On lui avait parlé de la médiocrité de ma santé, et des péripéties que j’avais endurées pour un hypothétique rétablissement.

A l’instar des amis de Job, mon cousin resta calmement à mon chevet, sans rien dire pendant un moment. Puis les larmes coulèrent de ses yeux, et il me dit: « Bien sûr, on m’a parlé de toi et de ta santé, qui n’était pas fameuse du tout. Mais de là à te trouver dans un tel état, non, Françoise, je n’en reviens pas… » Cette fois, ses larmes coulèrent de plus belle. Ce cousin était encore jeune lorsqu’il nous avait quittés pour aller en Europe. Il avait gardé de moi l’image d’une belle jeune fille, coquette et pétillante de vie. Devant la loque humaine que j’étais devenue, il n’eut pas la force de se retenir.

Comme s’il se parlait à lui-même, il poursuivit, lorsqu’il se fut calmé: « Puisque les mauvais esprits se sont ainsi moqués de ta santé et de ton corps, il vaudrait mieux faire intervenir l’énergie qui est en toi pour résister à toutes ces attaques. Pour cela, il est de ton intérêt que tu adhères à notre mouvement philosophique. Il existe en chaque être humain une force agissante. Cette force reste inactive tant que la personne qui l’abrite ne l’active pas, par simple ignorance. La Rose-croix a une double tâche: révéler cette force à son possesseur, et l’activer, avec l’accord de son possesseur. »

Me fixant intensément du regard, il poursuivit: « Loin d’être une religion, la Rose-croix est un mouvement qui englobe la métaphysique, la physique, la etc… Tu n’auras pas besoin d’un baptême pour y accéder. »

Mes pratiques

Je ne saurais vous relater toutes les étapes que franchies au sein de la Rose-croix, de peur de « Vous faire perdre votre temps. Je dirai néanmoins que je suis passée par le stade de Néophyte, que je suis passée par le Temple, et que j’ai parcouru la Loge. Un rosicrucien avisé comprendra facilement ce que je veux dire. Je connaissais des prières qui pouvaient carboniser un arbre ou un être humain, Un jour, J’en ai fait l’expérience sur un chimpanzé domestiqué par un couple d’occidentaux sans enfants. La perte de cet animal leur causa un chagrin que je regrette encore aujourd’hui. Il y a des gens qui vivent des situations difficiles lorsqu’ils sont en compagnie de rosicruciens, car ces derniers les prennent pour des cobayes pour expérimenter leurs pouvoirs.

J’avais atteint un niveau où il m’était possible d’entendre les « voix » des végétaux et celles des animaux. Bien que jouissant de ces facultés extra-sensorielles, je n’étais pas libre du tout. Par exemple, je devais faire attention à ne pas écraser des fourmis en marchant. Je ne pouvais piétiner la pelouse, de peur qu’elle ne me gronde.

Je pouvais utiliser mon corps astral et sortir de mon corps physique. J’ai souvent utilisé ce moyen pour me rendre à certains endroits. Le dédoublement nécessite une grande concentration, et demande beaucoup d’autres choses horribles. L’esprit qui voyage est celui qui est créé par Dieu, tandis qu’il est remplacé dans le corps par un autre esprit qui est un démon. Malheureusement, à son retour, l’esprit de la personne peut s’évader, provoquant ainsi la folie. D’où le nombre croissant de fous chez les pratiquants de ces sciences occultes. Lors de son adhésion, le nouvel adepte est contraint d’expédier sa photo à la maison-mère. Cette photo lui permet d’être identifié par ses nouveaux partenaires. En contrepartie, on accorde à l’adepte une pyramide. Cette pyramide ne peut être vue que par ceux qui ont atteint le niveau du Temple et de la Loge, les autres se servent de signes ou de petits autocollants. Il y a des insignes spécifiques à la Rose-croix, bagues, chaînettes, etc… Les adeptes savent ainsi qu’ils sont en présence d’une « soeur » ou d’un « frère. »

La Rose-croix se vante d’avoir donné à l’humanité des papes, des savants, des pasteurs et des prêtres. Il s’agit bien en réalité d’une religion. En effet, une religion se définit comme un culte voué à une certaine divinité. Ainsi, celui qui se retrouve chaque soir dans un bar assis derrière une bière rend un culte à ce dieu qui est pour lui la bière. Les rosicruciens sont religieux, puisqu’ils invoquent des démons (les grands-maîtres et les imperators) dans les sphères du cosmos.

La Bible déclare que l’homme a été créé à l’image de Dieu. Les rosicruciens ont déformé cette vérité au profit de leur science. Voici ce que déclare une monographie rosicrucienne: « L’homme, tiré de l’image de Dieu, a chuté à un certain moment. » (C’est une manière de ne pas dire clairement que l’homme a péché). « Cette chute a fait que Dieu a placé l’homme sur un plan d’infériorité. » (La Bible dit que le péché a éloigné l’homme de son Créateur) « Cependant, l’homme peut se développer lui-même pour retrouver son état initial.  » Le Seigneur Jésus a dit: « Nul ne peut venir au Père que par moi. »

La banalisation du péché est monnaie courante dans la Rose-Croix. L’ivrognerie n’est qu’une manière de se distraire, tandis que l’impudicité n’est qu’une petite imperfection que Dieu a permise pour satisfaire le besoin de quelqu’un d’autre. Pis encore, on va jusqu’à nier le fondement même du christianisme, à savoir la mort et la résurrection de Jésus-Christ. Pour les rosicruciens, Jésus ne pouvait ressusciter, puisqu’Il n’était pas mort. D’après eux, Christ ne pouvait mourir. Etant le grand maître de la magie, il ne pouvait connaître la mort. Pour eux, ce « Christ » est le seul à avoir atteint la perfection.

Mais nous, chrétiens, nous disons que Christ ne pouvait S’élever à la perfection, car il est la perfection même. Amen!

J’abandonne la Rose-Croix

Pour tout rosicrucien qui se respecte, la mort n’est qu’un terme réservé aux personnes ignorantes. La mort ne serait que le début d’un nouveau cycle de perfectionnement. Pour expliquer leur incapacité à me venir en aide, ils me disaient: ‘Ta dernière incarnation date du temps d’Adolph Hitler. Au cours de cette incarnation, tu as tellement tué de gens que maintenant tu dois payer cher tes crimes. Tu es en train de payer pour les crimes que tu as commis dans ta vie antérieure. Tu ne seras parfaite que dans une prochaine incarnation. Cependant, tu peux accélérer ce processus en faisant certaines études… »

Les études en question consistaient à invoquer de manière occulte les esprits de personnes décédées: les maîtres invisibles et les imperators. Les choses telles que l’huile et l’eau mystiques ne me furent d’aucune utilité. Méfiez-vous des maisons où la présence de miroirs ne se justifie pas, dans un bureau par exemple. Les miroirs, les masques noirs et les habits en or nous servaient lors des grandes cérémonies qui se déroulaient dans de grands temples sataniques.

Toutes ces étapes passées vous font comprendre que je n’étais plus du tout une novice. Cependant, je me suis éloignée de la Rose-Croix, malgré mes différents pouvoirs paranormaux, pour plusieurs raisons. La première raison est celle que vous connaissez déjà: ma santé ne s’était pas rétablie et J’étais toujours malade. La seconde raison venait de la constatation que j’avais faite: seuls les riches pouvaient accéder à la connaissance supérieure dans la Rose-Croix. Ce qui sous-entend que mon porte-monnaie en a pas mal pâti! La dernière raison qui motiva mon départ de la Rose-Croix est la suivante: je reçus un jour une lettre émanant de mes chefs, dans laquelle on exigeait que je choisisse de quelle manière je voulais mourir « S’il t’arrivait un jour de mourir, quel genre de mort choisirais-tu? Mort par noyade, mort par asphyxie, mort par étouffement, mort par épuisement ou par maladie, mort par pendaison, mort à la suite d’une bagarre, mort à la suite d’un accident, mort pendant le sommeil, etc… »

Cette lettre suscita en moi un sentiment de révolte et de dégoût. Je perdis tout intérêt pour la Rose-Croix. « Comment osent-ils me poser de telles questions, alors qu’ils connaissent les raisons profondes de mon adhésion à leur secte? Guérirai-je après ma mort, et croient-ils que je vais gober leur histoire de réincarnation pour un nouveau cycle? Pourquoi toutes ces questions? Veulent-ils donc m’éliminer physiquement? » Puisque je ne voulais pas mourir, il n’était donc pas question que je réponde à leur lettre. Je tenais la vie. Je voulais vivre afin d’aider les miens, vivre heureuse!

Mon cousin n’était plus sur place pour que je lé tienne informé de la tournure des événements. J’eus donc le bon réflexe de ne plus assister aux réunions et de ne plus lire les monographies. Je résolus donc de quitter la Rose-Croix, malgré le fait que le nombre de voix que j’entendais avait augmenté, et malgré toutes les conséquences qui pouvaient en découler. Je m’abandonnai à mon sort, le sort de quelqu’un sans Christ.

Chapitre 6 : La Mahi-Kari et la magie indienne

Mon entrée dans la Mahi-Kari

Un ami de mon grand frère, m’informa des merveilles qui se passaient dans une récente secte orientale implantée dans notre pays. Il s’agissait de la Mahi-Kari. Très peu de gens connaissaient son existence et encore moins y avaient adhéré.

Bien que n’étant pas une religion en soi, la Mahi-Kari enseignait une doctrine bien différente de celles que J’avais connues jusqu’ici. Toujours à la recherche d’une hypothétique guérison, je n’avais d’autre alternative que de m’engager dans cette nouvelle voie, malgré mes différentes déceptions enregistrées dans le passé. Je dus payer avec des devises mon adhésion, ainsi que l’achat de « l’omitama, » un dieu étrange aux facultés bizarres. Pourquoi bizarres? Tout d’abord, parce qu’il fallait l’acheter, ensuite parce qu’il fallait le transporter, le protéger, et, au besoin, le cacher. Ce dieu me fut présenté sous la forme d’un médaillon creux comportant un bout de papier représentant l’effigie d’une personne.

Malgré les prévisions des hommes, le délai fixé pour ma mort était déjà expiré, mais j’avais toujours cette épée suspendue au-dessus de ma tête. Je croyais à tout ce que l’on me demandait de croire, afin d’atteindre mon but, qui n’était que la guérison physique. Ma ferveur fut si manifeste qu’en peu de temps je gagnai la confiance des maîtres. Ce qui me valut le titre de « donneur de lumière. » Quelle lumière pouvais-je transmettre aux autres, sinon une lumière noire et pleine de démons?

Cette secte enseignait aussi la réincarnation, ce qui lui attirait un nombre croissant d’adeptes. Les gens y venaient en masse car on leur disait qu’ils n’avaient plus que quelques occasions, au plus, de revenir sur la terre avant d’être en harmonie avec leur dieu. Ces différentes réincarnations devaient les libérer de leurs diverses imperfections. Ainsi remplis de l’espoir de renaître bientôt parfaits, les adeptes se voyaient tout permis dans cette vie.

Le christianisme donne aux enfants de Dieu le pouvoir de dominer sur la création (Marc 16:15). En revanche, dans la Mahi-Kari, l’homme doit tout faire, par ses propres efforts et ses propres moyens, pour dominer sur la nature et sur ses semblables. Mais je fus vite lassée. Mon corps accusait de plus en plus de faiblesse et de fatigue. Lorsque je demandais pourquoi je demeurais toujours malade, on me répondait que c’était une question de comportement. « Ces esprits viennent du cinquième ciel. Dès qu’ils auront terminé de faire ce qu’ils ont à faire en vous, ils vous laisseront libre… »

Les deux-tiers des enseignements que nous recevions concernaient les moyens d’obtenir des biens matériels. Des questions telles que celles-ci: « Comment devenir riche? Comment doubler son capital? » étaient courantes dans leurs réunions. En outre, je ne croyais pas à leur dieu. Même un petit enfant aurait pu déceler la supercherie. Quel était ce dieu qui, au lieu de nous secourir; de nous sauver, de nous guérir et de nous protéger, devait se laisser transporter ou dissimuler par nous, alors que c’était à nous de recevoir sa protection et son soutien? Je n’avais que faire de ce dieu pour riches. Comment un pauvre aurait-il pu se payer les devises nécessaires pour acheter l’omitama? Oui, même un petit enfant aurait pu déceler le subterfuge.

Mieux valait pour moi me résigner à mon sort et attendre calmement la mort, plutôt que faire souffrir mon âme inutilement. Toutefois, l’idée de mourir si jeune me chagrinait beaucoup. J’avais un mari et quatre enfants que je chérissais. J’étais prête à tout sacrifier pour eux. Pourquoi la maladie s’acharnait elle tant sur moi, alors que le monde était rempli de candidats au suicide?

En dernier ressort, je priai Dieu. Je n’avais souvent pensé à Lui qu’en dernier ressort, lorsque mon intelligence avait épuisé toute autre solution. Ma foi a donc commencé quand j’ai constaté mon ignorance. Satan m’avait tellement avilie que mes jambes et mes pieds avaient démesurément enflé, au point que je ne pouvais mettre aucune chaussure. Pour me chausser, je devais utiliser des cartons maintenus à J’aide de ficelles. Un démon s’était logé dans mon dos et m’obligeait à rester en permanence dans une position inclinée. Même en ces temps difficiles, où un seul regard porté sur moi incitait à la répugnance, Jean demeura à mes côtés.

Mon premier contact avec la magie indienne

Il existe en Inde une organisation magique occulte dont je tairai le nom, et qui avait, à cette époque-là, deux bureaux de représentation en Afrique. Le premier bureau se trouvait au Malawi, tandis que le second était situé dans la ville même de Lubumbashi.

Un après-midi, alors que je revenais de chez une parente, près de la gare, un inconnu m’interpella: c’était le représentant de l’organisation magique indienne au Zaïre.

– Hélas! Qui es-tu pour supporter le poids d’un aussi grand nombre d’individus? Je me tins sur le qui-vive, pour voir s’il s’adressait bien à moi ou à un autre passant. En moi-même, je ne manquai pas de m’interroger sur l’identité de celui qui pouvait « voir » les personnes dont je ne percevais que les voix. J’étais certaine qu’il avait voulu parler de ces personnes.

Malgré mon silence, l’homme insista:

– Hé bien, toi, pour qui te prends-tu? Pour la reine d’Angleterre, ou pour qui? C’est bien à toi que je m’adresse! Pourquoi fais-tu semblant de ne pas m’entendre? Ne sais-tu pas que j’ai la possibilité de te libérer de toute cette charge? Sois sage, et réfléchis un peu. Si je t’aide, que perds-tu et qu’ai-je à gagner? Rien! J’étais tellement dégoûtée de la vie que je n’eus même pas le courage de répondre à ces paroles, ne serait-ce que par politesse.

Comme un automate, je poursuivis ma route. Cependant, poussé par je ne sais quelle force ou autorité, l’inconnu, loin de se décourager, me poursuivit, malgré mon manque d’intérêt.

– Sois sage et raisonnable! Je te donne tout de même mon adresse, pour le cas où tu changerais d’idée et que tu voudrais me joindre!

Il me donna verbalement son adresse et me devança.

Tout au long de son discours, je ne me suis même pas retournée pour voir à quoi ressemblait son visage. Continuant ma route en silence, je m’apitoyai seule sur mon sort et me mis à pleurer. Je me dis: « Pourquoi ai-je été si grossière envers cet inconnu? Comment a-t-il « vu » ceux qui me parlent souvent? S’il a pu les voir, c’est qu’il n’est pas un profane. »

Une fois rentrée à la maison, je continuai à me poser ces questions. N’avait-il pas raison, après tout? Qu’avais-je à perdre, puisque, dans l’état où j’étais, tout était perdu? Autant le revoir.. Ma décision fut prise, il fallait que je le rencontre!

Le lendemain après-midi, j’étais chez lui. D’après le nombre de véhicules que je vis garés chez lui, je compris que cet homme ne devait pas être un simple féticheur, mais qu’il était bien plus que cela. Un peu rassurée, je pénétrai dans la propriété. Lorsqu’il m’aperçut, il s’écria de loin, comme s’il s’attendait à ma visite:

– Enfin, te voici! En tout cas, tu as bien fait de venir. Tu vas guérir de toutes tes maladies. Ce qui compte le plus ici, ce n’est ni le zèle ni la foi, mais le courage. Il te faudra beaucoup de courage… Je vais te soumettre à différents tests. Seuls les résultats diront si tu es apte ou pas.

Un peu contrariée, à cause de toutes mes déceptions passées, je répondis durement à mon interlocuteur: – Ce n’est pas la peine que je fasse vos tests! Je suis courageuse, je le sais! Il y a quelques années, je me rendais parfois seule la nuit au cimetière.

Autre fois, toujours à la recherche de ma guérison, j’ai passé une nuit dans un marigot plein de crapauds Dans des sectes où J’ai été, J’ai assisté sans broncher au sacrifice de certaines victimes! Il n’y a rien à redire à mon courage!

– Tu es peut-être courageuse, je l’admets. Cependant, les ordres sont que tu passes tes examens avant toute autre chose, et il vaut mieux le faire d’abord. Le reste viendra après. Mais puisqu’il se fait déjà tard, reviens demain après-midi pour assister aux premières séances avec les autres.

En me raccompagnant, nous traversâmes une salle pleine de gens nus, allongés à même le sol, ventre en l’air. Dans une autre salle, certaines personnes semblaient suivre un cours.

L’initiation

Le lendemain, lorsque je revins, on me donna un crayon à bille et un cahier pour prendre des notes. Je fus conduite dans la seconde salle aperçue la veille. Nous devions mémoriser des phrases dont je ne comprenais pas la signification, car elles étaient dans une langue étrangère à consonance orientale.

L’enseignant se servait d’une baguette pour cadencer le rythme de la prononciation. Ce n’est pas sans raison que je mentionne ce détail. En mémorisant ainsi ces textes, nous nous ouvrions au diable et à ses démons, à notre insu. Le diable utilise la parole, non seulement pour propager son message mortel, mais aussi pour posséder les âmes. C’est ainsi par exemple que lorsqu’un magicien prononce une formule magique, il utilise un code qui doit nécessairement déclencher un certain mécanisme.

Le maître avait pour moi une considération qui me déconcertait parfois. Si j’avais été encore coquette, cela aurait pu se comprendre. Mais ma condition actuelle touchait à la laideur, et je ne voyais rien en moi qui pouvait l’intéresser ou lui plaire. Cela m’intriguait et ne manquait pas de me mettre mal à l’aise. Dans la Rose-Croix, on pouvait se dédoubler et aussi parler avec des végétaux. Je découvrais à présent, chez mon nouveau maître, que le diable pouvait transformer un homme en animal, en une mouche, un boa, un crocodile, un moustique, etc.

Les véhicules que j’avais aperçus lors de mon arrivée n’appartenaient pas à des visiteurs, mais à des clients. Un jour, après un cours, mon maître me dit confidentiellement:

– Chère madame, dans ce bas monde, il n’y a rien pour rien. Les personnes qui viennent nous consulter ne le font pas gratuitement. Ils doivent payer un certain prix, soit en espèces, soit en échange d’une vie humaine, soit encore en faisant certaines tâches. Pour toi, ne t’inquiète pas, car ton cas est un peu spécial- Tu ne dois rien payer, car c’est moi qui t’ai trouvée, et non l’inverse. Il y a des gens qui n’ont pas payé ce qu’ils nous doivent. Ceux-là payent leurs dettes de leur liberté. Ils sont transformés en animaux, en boas, en singes, en léopards, etc…. et ils sont vendus à des zoos ou des cirques. C’est très simple… Je les métamorphose en animaux, et je bloque le processus de retour à leur forme humaine par des formules appropriées. La victime reste pour de bon dans sa condition. On la ligote, on la met en cage, et on la vend en Ouganda, en Tanzanie, ou le plus souvent au Kenya. Le drame de ces personnes, qui restent sous une forme animale, c’est qu’elles continuent à voir et à entendre exactement comme des hommes, mais sans pouvoir communiquer avec nous!

Premières expérimentations

Les cours touchèrent à leur terme. Vint ensuite le temps des expériences. Un après-midi, nous nous trouvions dans l’une des salles, spacieuse et non meublée. Tout le monde se coucha nu, face contre terre. Nous devions remuer nos quatre membres à la manière d’un nageur dans l’eau. Nous avions répété plusieurs fois ce même exercice, lorsque le maître entra dans la salle où nous nous trouvions, et nous donna l’ordre de fermer les yeux. Il menaça sévèrement tous ceux qui désobéiraient à ses ordres. Il nous ordonna ensuite de réciter certaines des phrases que nous avions apprises par coeur, en ayant bien soin de prononcer convenablement chaque mot, et d’aspirer une bouffée d’air après chaque phrase.

Malgré l’interdiction du maître, ma curiosité me poussa à désobéir. Je voulais savoir à quoi servait toute cette mise en scène. Allongée sur le sol, au lieu de fermer les deux yeux, je n’en fermai qu’un seul, et observai ce qui se passait au moyen de mon œil entrouvert.

Sous mon œil médusé, je vis une métamorphose se produire. Mon voisin devint un monstre moitié serpent, moitié homme. Les pieds, les jambes et une partie du tronc s’étaient déjà transformés en la queue d’un serpent, tandis que la poitrine, les bras et la tête conservaient encore leur forme humaine.

A la vue de cette scène, je perdis courage et je pris peur. Je voulus me sauver, fuir et partir au loin. Mais je me rappelai les imprécations du maître et les conséquences qui en découleraient. Aussi, je m’abstins et me concentrai sur l’exercice. Ceci me prit un peu de temps et me causa un léger retard. Je fus la dernière à me transformer en boa.

Je sentais un affaiblissement total. Ouvrant les yeux pour voir ce qui m’arrivait, je découvris que tout mon corps avait pris la forme d’un serpent. Seule ma tête conservait encore une forme humaine! J’eus un second étourdissement et, à mon réveil, j’étais entièrement un serpent, un énorme boa. Au lieu de marcher, je rampais. A la place de paroles, sortaient de ma bouche des sifflements identiques à ceux d’un serpent. Toute la salle était remplie de boas. Seul le maître, debout, avait conservé sa forme humaine. J’entendais tout, et je voyais tout ce qui entrait dans mon champ visuel. Cependant, je ne pouvais pas m’exprimer!

Une demi-heure plus tard, je ressentis comme un étourdissement. Lorsque je repris connaissance, je me retrouvai dans mon corps, avec mes maladies. J’avais pourtant été heureuse de constater que, sous forme d’un boa, je n’avais pas de difformités. Ce qui m’avait poussé à penser que j’étais guérie. Quelle ne fut pas ma déception lorsque, reprenant ma forme humaine, J’observai avec amertume qu’aucune guérison ne s’était produite. Trois semaines plus tard, j’étais capable de me métamorphoser en boa, en abeille, en moustique, en crocodile, en léopard, etc…. sans le concours du maître.

Cela m’amusait beaucoup. Je pouvais ainsi oublier mes malheurs. Lorsque je prenais la forme d’une abeille, par exemple, je pouvais revenir à la maison, voir et entendre tout ce qui s’y passait, mais sans pouvoir intervenir. Le revers de la médaille était que, lorsqu’une personne se trouve sous la forme d’un animal ou d’un insecte, si cet animal ou cet insecte est tué, la personne doit nécessairement mourir, non pas sur place, mais une fois rentrée à son domicile.

Jean me reprochait souvent mes absences injustifiées les après-midi. Il voulait que je lui donne des explications. Mais il m’était impossible de lui en donner. Le maître nous avait formellement interdit de dévoiler notre secret, même à notre conjoint.

Mais Jean devenait de plus en plus soupçonneux! Cela me causait de la peine, car il demeurait mon mari et le père de mes enfants, et je l’aimais de tout mon coeur!

En outre, je ne pouvais rien lui dire par crainte de perdre l’unique possibilité de guérison que je croyais avoir. Que faire alors? Je décidai de lui jouer la comédie, comme nous, les femmes, nous savons le faire. Un jour, je fus en retard sur mon horaire habituel. Lorsque Jean me vit, il afficha une attitude qui me déconcerta et me mit mal à l’aise. Je lui dis:

– Vous, les hommes, jusqu’où votre jalousie peut-elle vous mener? Crois-tu qu’une femme dans mon état pourrait être désirée? Cher mari, dis-moi quel homme, aussi obsédé soit-il, pourrait s’approcher de moi. Si tu as consenti jusqu’ici à supporter ma présence à tes côtés, c’est que tu as été le témoin de ce qui m’est arrivé. Tu sais dans quelles conditions nous nous sommes mariés, et dans quelles circonstances… Non, Jean, je ne peux plus te laisser avoir une attitude qui en dit long sur ce que tu penses!

Et je me mis à pleurnicher pour bien conclure ma comédie. Ce ne sont pas des attitudes qu’il faut recommander à des soeurs régénérées. Si j’écris ce passage, c’est pour servir d’exhortation. Mais Jean ne fut pas dupe de mon jeu. Bien au contraire. Un jour, il me suivit sans que je m’en aperçoive. Je ne l’aperçus qu’au dernier moment, et je n’avais plus aucun moyen de faire demi-tour ni de l’esquiver. J’entrai donc chez mon maître, et lui expliquai que « mon mari était à mes trousses ». En un temps record, je me transformai en boa. Le maître n’eut que le temps de cacher mes habits dans un tiroir, et Jean fit irruption dans la pièce.

– Où est ma femme? demanda-t-il.

– De quelle femme parles-tu, cher monsieur? Lui rétorqua le maître. Je parle bien de mon épouse! Celle qui vient d’entrer dans cette salle. Je la suis depuis la maison. Elle n’a pu aller ailleurs. Je l’ai vue entrer ici, dans cette pièce!

– Mais regarde bien la pièce où nous nous trouvons. Il n’y en a qu’une. Cette fenêtre donne sur l’endroit par lequel tu es venu. Si ta femme est entrée ici, comme tu as l’audacieuse prétention de le dire, trouve-la donc! Sinon, présente-moi des excuses et dégage le plancher, car tu es en train de violer mon domicile J’étais bien présente, mais Jean ne le savait pas.

Enroulée sur moi-même dans un coin, je suivais le spectatrice le dialogue entre les deux hommes. A la fin, Jean s’exclama, découragé :

– Ce n’est pas possible, mon Dieu, ce n’est pas possible! Je rêve ou quoi? J’ai suivi Françoise depuis la maison, jusque dans cette pièce. Où est donc passée ma chère épouse? Je ne vois qu’un boa et toi ici… Mais où est donc passée ma femme?

– Es-tu malade, ou quoi? Ai-je affaire à un fou? Je te dis de t’en aller, ou je vais porter plainte! Jean n’était pas d’un tempérament compliqué. Il s’excusa et s’en alla. J’eus un pincement de cœur en voyant le désarroi de mon mari. Après son départ, je repris forme humaine et le suivis à la maison.

Je le trouvai morose, l’air mélancolique. Il ne me posa aucune question, mais sa façon de me regarder en disait long. Avait-il des soupçons, ou avait-il simplement compris que sa chère Françoise n’était autre que ce boa dans le coin de la pièce?

De peur de perdre mon mari, je décidai d’abandonner la magie indienne. Si je vivais, c’était en grande partie pour lui. Que deviendrais-je s’il m’arrivait de le perdre? A quoi ressemblerait ma vie? Une fois ma décision prise, j’allai trouver le maître et lui dis ceci:

– Cher maître, voici plusieurs mois que je fréquente ces lieux, sans que cela change quoi que ce soit à mon état actuel! Depuis qu’il m’a suivie ici, mon mari ne m’adresse plus la parole comme avant. J’en souffre beaucoup! Parfois, il me regarde d’une drôle de façon. Dis-moi, maître, ce qui me reste à faire, pour que je le fasse! Il me considéra attentivement pendant un moment, avant de me demander:

– Qui pourrait s’inquiéter le plus, en cas d’une absence prolongée de ta part?

– Cela dépend de la durée de mon absence.

– Trois jours au plus.

– C’est à mon mari, et à personne d’autre, que j’aurai le plus de comptes à rendre. Où comptes-tu m’emmener? Aurais-tu l’intention de me vendre au Kenya?

– Mais non! Ne sois pas idiote à ce point! Et puis, tu oublies, je pense, nos consignes? Tes questions ne dissimulent-elles pas ta peur? Pourtant, tu sais fort bien que le courage nous est recommandé, rappelle-toi bien! Apporte-moi les restes des aliments de ton mari, ainsi qu’un peu de la poussière de son talon droit. C’est pour le neutraliser pendant deux ou trois jours.

Le lendemain, je lui apportai ce qu’il avait exigé. Il introduisit ce que je lui avais apporté dans une bouteille aux trois quarts remplie d’une substance qui m’était inconnue. Avant de refermer la bouteille, il prononça par trois fois le nom de mon mari, puis il agita fortement la bouteille.

– Ainsi, personne ne sera en mesure de t’inquiéter pendant deux à trois jours.

Chapitre 7 : Le monde satanique sous-marin

 

Le maître expédia les affaires en cours et confia la direction de sa maison à l’un de ses adjoints. Peu après, nous nous rendîmes dans la forêt, loin de toute habitation. Après avoir parcouru plusieurs kilomètres à pied, nous étions exténués. Il y avait dans les parages un « nganda!’ (sorte de camping où les chasseurs de passage peuvent se reposer). Après m’avoir déshabillée, le maître me fit revêtir un vêtement de raphia et de feuilles d’arbre. Nous restâmes là deux jours sans prendre aucune nourriture. Le troisième jour, il me coloria d’une peinture à base de chaux, de différentes couleurs, à la manière des prêtresses spirites consultées pour la divination, et qui exécutent leur rite en invoquant des esprits sataniques.

Un peu affaiblis, nous nous traînâmes jusqu’à la rivière qui coulait dans les parages. Il y avait une pirogue flottant sur l’eau, et retenue à la berge au moyen d’une corde. Il délia la corde et, après avoir un peu poussé la pirogue dans le lit de la rivière, nous primes place à bord.

Nous suivîmes le courant d’eau, et atteignîmes un endroit où le courant était très fort, et l’eau très profonde, à en juger par la vitesse des vagues qui s’y formaient, ainsi que des tourbillons qu’il y avait à cet endroit. A m’on grand étonnement, le maître arrêta la pirogue à cet endroit précis et, le plus simplement du monde, m’invita à plonger.

– Voici le moment tant attendu où tu dois maintenant faire preuve de ton courage. Jette toi à l’eau!

– Pardon?

– Je te dis de te jeter à l’eau!

Bien qu’à jeun et affaiblie, j’avais tout de même gardé assez de lucidité pour détecter le danger.

– Jette toi à l’eau le premier, et J’irai ensuite. Nous avons été ensemble jusqu’à présent. Comment peux-tu imaginer que tu vas te débarrasser aussi facilement de moi?

– Trêve de bavardages! Nous avons atteint un point de non-retour. L’heure n’est pas aux vaines discussions. Plonge, je te l’ordonne. Le temps passe, et tu es attendue.

– Mais c’est un suicide! Je ne sais pas nager! Si tu tiens à ce que je plonge, déplace au moins la pirogue!

Cherchons un endroit où l’eau est moins profonde et moins agitée qu’ici. Sans cela, je ne Plongerai jamais! Ou alors, plonge le premier, et je te suis!

– Tu ne sais pas de quoi tu parles, petite fille! Au point où nous en sommes, il nous est pratiquement impossible de faire marche arrière. Si j’accepte ta proposition, ce serait pour moi signer notre arrêt de mort! Nous sommes attendus! Tu ne le sais peut être pas, mais tu es en train de gâcher toutes tes chances de guérison!

– Ma guérison se trouve dans l’eau? Non, je ne veux pas. Si tu veux, plonge le premier!

Le monde satanique sous marin

Se voyant dans l’impossibilité de me convaincre, le maître eut recours à une ruse, à l’image de son propre maître, Satan. Il fixa un point derrière moi et resta calme, comme s’il voulait indirectement attirer mon attention sur quelque chose. Je relâchai aussitôt ma méfiance pour observer ce qui se passait derrière mon dos. Profitant de ces quelques secondes, le maître me précipita dans la rivière. « C’était une ruse pour m’avoir! » me dis-je en m’enfonçant comme une pierre dans les profondeurs de l’eau.

Le contact de l’eau sur mon corps me fit un choc, mais, en dehors de cela, je ne ressentis plus rien. Je fus tout de même surprise de constater que mon corps ne se mouillait pas, et que je pouvais respirer tout à fait librement!

Dans l’antre du diable

La peur de la mort par noyade fit place à un grand étonnement. L’unique sensation bizarre que j’éprouvai ressemblait à ce que l’on ressent dans un avion qui traverse une zone de trous d’air. Cela dura quelque temps. Mes yeux étaient grand ouverts, mais je me trouvais dans une obscurité complète. Puis je perdis connaissance. Lorsque je revins à moi, il me semblait que l’on me palpait, comme si l’on me réanimait. Lorsque j’eus recouvré tous mes sens, on me déplaça de l’endroit où je me trouvais, et je me trouvai dans une salle très propre, où il faisait grand jour. La population de ce lieu était en grande partie constituée de femmes. J’étais accompagnée par l’une d’elles, qui me servait de guide, et qui m’expliqua que ces femmes étaient en réalité celles que les hommes appellent les « sirènes. » Elles ne mettent leur queue que lorsqu’elles veulent sortir. Cette queue est identique à la queue d’un grand poisson.

Enhardie par la courtoisie de mon guide, je lui mandai:

– N’y a-t-il pas d’hommes ici?

– Si, si! Nous avons nos maris, mais ils ne sont pas comme les vôtres. Ici, chaque homme possède une vingtaine de femmes au moins. Ce n’est pas de la polygamie, parce qu’ici, ce n’est pas l’homme qui choisit sa femme, mais plutôt la femme.

Mon guide me montra les « maris » en question. C’étaient des géants, des colosses. Chacun d’eux pouvait atteindre une taille de sept à douze mètres. L’un d’eux s’approcha de moi et m’examina comme un anthropologue examine un sujet à étudier. Il me souleva de terre d’une seule main et commença son examen. Nous arrivâmes chez les supérieurs, qui nous attendaient. On me présenta une place, et mon guide se retira. Celui qui semblait être le plus gradé m’adressa ces paroles:

Le Grand Chef éprouve pour toi une grande affection. Il a commencé à s’intéresser à toi depuis le temps où, sans le savoir, tu as signé ton premier pacte avec lui, en acceptant le repas de ta grand-mère. Depuis lors, il te suit partout. C’est lui qui t’a envoyée chercher. Enfin, te voici parmi nous, et, dans quelques Instants, tu pourras avoir un tête à tête avec lui. Dis-toi bien que tu es privilégiée. Beaucoup ont désiré faire cette rencontre, mais ont perdu leur vie sans y parvenir! Quant à toi, il te suffira de faire une toute petite chose de rien du tout pour le voir tel qu’il est. Il suffit que tu exprimes ton désir de le rencontrer, en signant un nouveau pacte, mais volontairement cette fois. De la sorte, nous verrons tous que tu ne pourras plus nous nuire ni nous fausser compagnie à l’avenir. Le pacte consiste en ceci: tu devras partager un repas avec nous. Par ce moyen, tu accepteras de nous donner ton père. Ce n’est qu’ensuite que tu pourras voir le Prince.

Que vient faire mon père dans tout cela? Je ne tuerai jamais personne, ni mon père, à plus forte raison! Si je suis arrivée jusqu’ici, c’est pour des raisons que vous connaissez bien! Mais ce n’est qu’un simple signe de soumission au Prince, un signe d’obéissance et de fidélité. Le sang de ton père témoignera contre toi le jour où tu voudrais nous fausser compagnie. Sais-tu qu’un pacte conclu au moyen du sang a plus de valeur aux yeux du Grand Prince? Et si tu donnes le sang de ton père, quel signe de dévouement, d’attachement et d’amour pour le Maître! Nous avons choisi ton père, car nous avons pensé que c’est lui qui convenait le mieux, entre ton mari, tes quatre enfants, ta mère ou ton père. Si tu n’es pas de cet avis, tu as encore le temps de nous indiquer, sur cette liste, qui tu veux sacrifier. Mais plus la personne sacrifiée vous est chère, plus la valeur du pacte est grande.

-Non!

-Réfléchis, petite fille. Ne tiens pas compte de ce que tu crois, ni de ton état actuel. Tu auras une beauté bien plus grande que celle que tu avais dans ta jeunesse! Tu deviendras très belle et très riche! Parlons de la richesse qui t’attend: tu auras toute une chaîne de magasins et de bijouteries ma vie ne compte pas. Mettez-vous un peu à ma place: qu’est-ce que je perdrais, si je mourais maintenant?

– Mais, chère madame, le Grand Prince ne te veut que du bien! Son souhait est que tu sois heureuse! Il a remarqué ton courage et veut faire de toi une, grande reine de l’Afrique Noire! Tu es la seule à avoir pu mériter son admiration. Montre-toi digne d’une telle estime de la part de notre Grand Prince! Fais un petit geste, et tout changera positivement pour toi!

Devant un langage aussi séducteur, je fus sur le point d’oublier le caractère atroce de l’acte qui m’était demandé, ainsi que ses conséquences. Mais, après réflexion, je ne découvris rien qui me permettrait de condamner mon père.

– Quels services devrais-je encore rendre, pour mériter tant d’éloges?

– Rien, absolument rien! En revanche, toi, tu recevras de grandes richesses. Ne te l’ai-je pas dit au début? Tu deviendras réellement une reine enviée de tous. Le Grand Prince a juré de te faire un nom dans la bijouterie africaine. C’est par le moyen de ce grand commerce de bijoux que tu le serviras et que tu lui permettras d’obtenir continuellement du sang humain et des âmes

– C’est impossible! Je ne peux collaborer avec vous! Combien de fois faudra t il vous dire que j’ai horreur du sang! Je ne peux pas tuer, et je ne tuerai personne ! Tuez-moi plutôt, car je ne tuerai ni mon père, ni aucune autre personne figurant sur votre liste.

– Ne te fâche pas! Qui t’a parlé de tuer? A vrai dire, tu ne tueras personne! Accepte seulement de manger avec nous, accepte que ces bijouteries fonctionnent en ton nom, et c’est tout! Tes clients seront poussés par la convoitise. Ils viendront eux-mêmes acheter très cher tes bijoux dans tes magasins. Sur le plan de la qualité, nos produits sont les meilleurs. La plupart de tes clients deviendront nos victimes. En effet, ces bijoux, grâce à d’innombrables incantations compliquées, contiennent des esprits Inférieurs condamnés à nous servir. Quand un client achètera un bijou, c’est en réalité un esprit qu’il achètera. Une fois dans leur maison, cet esprit sera capable de soutirer pendant la nuit le sang des occupants de la maison, surtout celui des petits enfants. Il pourra aussi perturber l’équilibre du foyer en semant un climat de mésentente entre les conjoints, sans jamais être inquiété. Tout le monde sait qu’un foyer où il y a de la mésentente est un terrain propice à nos exploits. Cet esprit pourra aussi voler de l’argent, et semer un climat de méfiance entre les conjoints.

– Je ne peux pas vous donner mon accord tout de suite. Donnez-moi plutôt un temps de réflexion.

– Je fis cette demande pour avoir un moment de répit, car j’en avais assez!

– Tu as tout ton temps! Réfléchis, et tu verras que tu risques de gâter tes chances pour de simples futilités! Car après tout, ton père finira bien par mourir un jour, de toute façon! Avec ou sans ton concours, il finira par mourir!

Mon interlocuteur me conduisit dans une sorte de couloir qui déboucha sur une salle. Compte tenu du mobilier, je me dis qu’il devait s’agir d’une salle de cours. Quelqu’un se tenait au tableau. Je lui fus confiée, il s’approcha de moi, très sûr de lui. Il agissait comme un professeur devant un nouvel étudiant. Sans protocole ni préambule, il me dit: si tu veux t’élever au sein de notre hiérarchie, il est de mon devoir de te révéler ne serait-ce que les éléments de société, et l’extension de base des rouages de notre nos pouvoirs. Après qu’il m’eut instruit sur toutes ces choses, il me remit une sorte de lentille que je dus placer sur mes yeux. Il fit défiler devant moi sur un écran des personnes portant des insignes ou des figurines, sur le visage ou sur la poitrine. Parmi ces insignes, il y avait par exemple le pentacle, étoile à cinq branches utilisée par les occultistes dans leurs incantations.

Chaque dessin représentait une certaine espèce d’esprits. Ils étaient différenciés par leurs couleurs, qui couvraient tout le spectre. Mon instructeur me montra sur l’écran un homme portant une couronne noire sur la poitrine. Il me dit que C’était un sorcier: « La couleur nous indique qu’il en est encore à ses débuts. Nous n’enregistrons pas toutes les couleurs, en particulier le blanc, le rouge et le jaune. Nous utilisons à la place leurs dérivés. Tu vois cet homme qui a un anneau bleuâtre sur la bouche? C’est un voleur, doublé d’un menteur, dont la couleur est le bleu sombre. Un féticheur est identifié par un triangle isocèle renversé. Un impudique porte un cercle rose autour de la poitrine. »

L’ivresse, quelque soit le produit qui l’avait provoquée, bière, alcool, chanvre ou drogue, était caractérisée par la même couleur.

A mesure que les images défilaient sur l’écran, je remarquai que mon interlocuteur en laissait passer certaines sans donner aucune explication. La particularité de ces gens était qu’ils étaient tous en dessin ni figure géométrique de couleur variée.

Plus tard, je compris que ces personnes entourées de feu étaient des chrétiens régénérés. Le diable ne pouvait rien faire contre eux directement. Je le dis en connaissance de cause. La séance de cours terminée, mon instructeur me remit aux bons soins de celui qui m’avait amenée chez lui. Quand il me vit, ce dernier insista beaucoup pour que je sacrifie mon père. Je lui exprimai mon désaccord en restant dans un silence de marbre! Ceci énerva mon interlocuteur. Il se fâcha, et donna l’ordre qu’on me persuade d’accepter. Deux autres personnes me conduisirent dans un endroit très différent des Précédents. Ils me dirent: – Le Grand Prince éprouve pour toi une grande estime. Il ne veut pas te contraindre à accepter de le servir. Compte tenu des qualités qui sont en toi, il désire que tu acceptes de le servir de ton propre gré. Fais Preuve d’intelligence, et Profite de l’occasion qui t’est offerte maintenant. N’oublie pas que même si tu persistes à refuser, il t’est impossible de nous fausser compagnie maintenant que tu as pris connaissance des éléments de base de notre organisation. Tu es des nôtres!

-Que mon Père meure de sa mort naturelle, car je ne le tuerai pas. Quant à moi et à ce qui pourrait m’arriver, je m’en moque éperdument!

– Tu ne mourras pas. Si nous avions voulu t’éliminer, nous aurions eu plusieurs occasions de le faire, à cause de l’affection que le Grand Prince éprouve Pour toi. Sinon, tu serais morte le jour où les deux esprits qui te servaient en ont eu assez et ont réclamé leur liberté! Tu serais morte, les jours où les esprits qui te servaient en ont eu assez et ont réclamé leur liberté! Tu serais morte aussi le jour où tu as décidé de quitter les cimetières! Le Grand prince estime que tu lui seras utile vivante que morte. C’est pour cela que tu as gardé la vie. Sans cela, nous n’en serions pas là!

L’homme se retourna pour me montrer deux hommes blancs. Il me demanda si je les connaissais. Comme je ne répondais pas, il me dit que c’étaient ceux-là qui m’avaient servie depuis l’âge de huit ans.

– Ils t’ont suivie partout où tu es allée. Actuellement, il y en a cinquante-deux comme eux qui sont à ton service. Voici enfin venu le temps où tu peux les voir et les admirer! Trop longtemps, tu n’as entendu que leurs voix! Je vis alors les cinquante-deux personnages. Chacun surgit en répondant « Présent! » à l’appel qui fut fait devant moi.

– Si tu donnes ton consentement, tu seras princesse, et des milliers te serviront! Accompagnée de tous mes suiveurs, je fus reconduite à mon premier interlocuteur. Comme s’il avait assisté à notre conversation, il me dit :

– Tu as de la chance d’être encore vivante après un tel affront! Je ne vois pas ce que le Grand prince trouve de spécial en toi! Tu retourneras donc chez toi. Cependant, nous ferons en sorte que tu respectes nos exigences. Sans plus mot dire, il me raccompagna à l’endroit par où j’étais entrée chez eux, dans le monde spirituel sous-marin. Au moment où nous atteignîmes notre objectif, on m’interpella et on me remit un objet de forme arrondie, transparent, qui mesurait environ 16 centimètres de diamètre. Je demandai ce que c’était et à quoi cela servait, mais on me répondit de poser ces questions à celui qui m’avait amenée ici.

Je pris l’objet, en espérant qu’il représentait la solution à mon problème, et que cela pourrait être un médicament ou un moyen de recouvrer la santé. Sous l’eau, mon corps ne me faisait pas mal, mais toutes les déformations provoquées par la maladie étaient toujours visibles. Rien n’avait encore été fait pour ma guérison. Dans « l’engin » qui me remontait, J’éprouvai à nouveau les mêmes sensations que pendant ma descente, mais dans un ordre inverse. Une fois à la surface, mes mains saisirent le bord de la pirogue, me permettant ainsi d’émerger de l’eau. Je respirai une bouffée d’air frais dans mes poumons, ce qui me procura un bien-être intense. J’étais revenue à la réalité, à l’air libre!

Le magicien se tenait debout dans la pirogue. Il m’aida à m’installer à bord. Tournant mon regard de gauche à droite, je conclus que mon absence n’avait duré que quelques minutes. En dehors d’une personne assise sur la berge, rien n’avait changé. A mesure que la pirogue s’approchait de la berge, je réalisai que la personne sur la berge n’était autre que mon mari, Jean! C’était le dernier que je m’attendais à trouver à cet endroit! Mais, au lieu de me frustrer, la présence de mon mari me revigora.

J’eus du mal à conserver mon calme! La solitude et les derniers événements avaient suscité en moi le besoin d’être en présence d’une personne chère. Toute joyeuse, je courus me jeter dans ses bras. M’appuyant sur son épaule, je perdis courage et me mis à pleurer. Jean demeura de marbre, sans un mot de consolation ni un regard vers moi. Il se tourna vers le magicien et lui dit:

– S’agit-il d’une revenante ou de ma chère épouse?

– C’est bien ta femme! Il doit y avoir quelques secrets entre vous, non? C’est le moment ou jamais de le savoir!

– Ce n’est pas la peine, ma femme ne peut pas vivre sous l’eau! Qui peut vivre sous l’eau?

Comprenant l’enjeu, je me dis qu’il était grand temps que j’intervienne.

– C’est bien moi, Jean! Souviens-toi, le jour où nous nous sommes rencontrés, de la première parole que tu m’as dite!

Je lui rappelai alors nos souvenirs communs. Ces paroles semblèrent apaiser Jean, dans une toute petite mesure. Mais que s’était-il passé pour que mon mari se trouve ici? Les incantations n’avaient-elles pas agi? Le magicien m’avait-il menti, ou avait-il pris peur après mon plongeon, pour aller prévenir mon mari? Sur le chemin du retour, Jean m’expliqua que le magicien était venu le trouver la veille, en lui disant que j’avais besoin de lui. Il poursuivit:

– Je ne pouvais douter de ses paroles, car tu ne m’avais rien dit de ta destination. Je l’ai suivi sans hésitation, craignant qu’il ne te soit arrivé quelque chose d’irréparable. Depuis que je me suis assis à la place où tu m’as trouvé, je n’ai fait que regarder l’endroit où il m’avait montré que tu étais tombée.

– Je t’expliquerai tout en détail. Sois patient, et tu sauras d’où je viens. Je me rendis compte que j’étais restée sous l’eau trois jours et deux nuits! Etait-ce possible? Etait-ce le magicien qui était allé trouver mon mari? Seul le maître pouvait répondre à toutes ces questions. Me souvenant enfin de la présence de ce dernier, je lui demandai à quoi pouvait servir l’objet en forme de boule. Voyant la boule, sans me répondre, le maître se prosterna à trois reprises, sans souci de la présence de mon mari. Il me dit :

– Madame, grâce à cette boule magique, vous occupez à présent un rang sept fois supérieur au mien. A partir de maintenant, tous vos désirs seront des ordres. Je ne peux plus rien vous apprendre. A ces mots, je me sentis comme vidée. Tout espoir de guérison s’écroula comme un château de cartes. Irritée, je jetai la boule à terre. Elle se brisa en mille morceaux. Le maître était stupéfait.

– Pourquoi, madame, avez-vous agi de la sorte?

Effrayé des conséquences que je pouvais subir pour avoir détruit la boule magique, le maître s’enfuit. Je ne l’ai plus revu depuis ce jour.

Appuyée sur l’épaule de mon mari, je me mis à sangloter et à pleurer sur mon sort. Mon mari ne me posa aucune question. Il compatissait sincèrement à ma peine. Fatigués et chargés, nous nous acheminâmes lentement vers notre domicile.

Chapitre 8 : Les méandres de la servitude

 

Une fois à la maison, la porte du salon s’ouvrit d’elle-même, à notre grand étonnement. A peine entrés, une voix nous souhaita la bienvenue, dans notre propre maison, et nous pria d’entrer dans la chambre à coucher. Suivie de mon mari, nous sommes entrés, pour découvrir une boule magique identique celle que je venais de casser. Une voix sortit de la boule magique et nous donna l’ordre de nous asseoir. Nous nous exécutions déjà lorsque la même voix ordonna que je reste seule, c’est-à-dire que mon mari sorte. Je m’opposai à cet ordre, mais Jean sortit de lui-même. Une feuille de papier sortit du sol. Il y était écrit quelque chose dont on me demanda de prendre connaissance. Au premier coup d’oeil, je remarquai qu’il s’agissait d’une liste de cinquante-deux noms. Chaque fois que je citai un nom de la liste, une voix répondait « Présent! » à la manière des écoliers.

Sur un ton autoritaire, la voix poursuivit et me dit: « Puisque tu as cassé la première boule, celle-ci st incassable! Nos anciennes clauses sont toujours en vigueur. Pour t’aider à pactiser rapidement avec nous, la boule te fournira de l’argent, des bijoux, et des victuailles, comme des poules blanches et noires. Vous mangerez ces poules lorsque la faim se fera sentir dans le foyer. Ou bien tu pourras obtenir de l’argent, et faire le marché toi-même, ce qui reviendra même… »

Malgré cela, je refusai d’obtenir de la nourriture ou de l’argent par ce moyen. Les membres de ma famille étaient « aisés, » pourra tant ils commencèrent à m’éviter. Le diable faisait en sorte qu’il n’y ait aucune compassion chez ceux qui nous connaissaient. Si un parent riche nous rendait visite, il pouvait s’apitoyer sur notre sort ou même pleurer, mais son coeur restait froid, et il ne nous venait pas en aide matériellement. Depuis quelque temps déjà, les dettes de mon mari avaient sérieusement augmenté. C’était la souffrance, la disette et la misère au foyer. J’en étais réduite à quémander un peu de nourriture. Ma vie n’était plus qu’un calvaire. Les jeûnes et les privations m’avaient affaiblie encore davantage. Jean, qui depuis longtemps gardait le silence, commença à manifester certains signes de mécontentement et d’inquiétude. Un jour, il voulut que je lui explique d’où provenait cet argent qui se trouvait dans notre chambre et que nous ne pouvions utiliser. Il ne pouvait comprendre pourquoi nous éprouvions la famine, alors que nous avions de la nourriture dans la maison. Je lui répondais toujours qu’il devait attendre le moment opportun pour que je lui explique la situation. Mais, ce jour-là, je résolus de lui dire la vérité. Je lui expliquai que, lorsque j’étais sous l’eau, les démons avaient exigé la mort de mon père en échange de ma guérison. Il fallait que j’accepte de prendre un repas avec eux pour que mon père meure.

Je lui dis que j’avais refusé dans l’espoir qu’ils ne s’en prendraient qu’à moi seule, et qu’ils laisseraient les miens tranquilles. Mais ils ne voulaient pas de ma vie. Pour me forcer à pactiser avec eux, ils nous avaient privé de tout, dans l’espoir de nous forcer à utiliser leurs produits. – Je t’en supplie, Jean, si tu tiens vraiment à ce que nous utilisions cet argent et cette nourriture, accepte de signer toi-même un pacte où tu donnerais en sacrifice les membres de ta propre famille… – Quel rapport y a-t-il entre cet argent et les membres de ma famille? Que viennent-ils faire dans tout cela? – Tu dois comprendre que cet argent n’est pas venu tout seul. Ce sont des esprits qui nous l’ont apporté… Ainsi, tu es au courant de tout. Accepte de signer, mais en sachant que c’est ton père qui mourra le premier.. Pour toute réponse, Jean demeura bouche bée pendant un moment relativement long, avant de conclure: « Je comprends. » Mais, en réalité, qu’avait-il compris, le pauvre? Pas grand-chose, sans doute…

Les esprits se matérialisent

Pendant tout le temps où j’étais en contact avec les démons, mon mari entendait bien leurs voix, mais sans les voir. Un après-midi, nous revenions d’une visite, en quête de quelques provisions pour la maison. Je me tenais au bord de la route pour souffler un peu, car j’étais complètement exténuée. Une voiture vint s’arrêter à environ dix mètres de l’endroit où nous nous trouvions. Le conducteur, un européen, vêtu d’un pantalon bleu foncé et d’une chemise bleue claire à manches courtes, portant de lunettes noires, et une cigarette à la bouche, me signe de m’approcher.

A sa façon de m’appeler, je l’identifiai comme l’un des esprits qui me suivaient. Bien que l’ayant reconnu, je fis semblant de n’avoir rien vu ni entendu Lui, en revanche, comme s’il voulait se faire remarquer, persistait à klaxonner tout en me faisant de gestes.

Excédé par la jalousie, je pense, mon mari ironisa et me dit: ‘Tu ne vas tout de même pas le laisser klaxonner éternellement! N’as-tu jamais le cour de dire à tes amants que tu es mariée, pour qu’ils t’appellent plus en ma présence? »

Prise par un sentiment de colère, puis de grande pitié envers mon mari, je souris faiblement, malgré la présence de l’homme blanc.

-Vous, les hommes … ! Crois-tu, Jean, que cet homme pourrait être mon amant? Crois-tu que ce genre de type pourrait manquer de belles femmes pour accepter de me prendre comme maîtresse, dans mon état actuel?

– Pourtant, il est là, et il t’attend!

– Il n’est pas mon amant pour la simple raison qu’il n’est pas de ce monde. Ce type n’est pas un être humain!

– Comment, ce n’est pas un être humain …? Es-ce que les européens ne sont pas des hommes?

– Si tu ne crois pas ce que je dis, approche-toi de lui et tu seras fixé.

Pour une fois, Jean se conduisit en homme. D’un air téméraire, il s’avança vers le véhicule.

A son approche, lorsqu’il fut à environ deux mètres, le conducteur démarra en trombe. Après avoir parcouru moins de cinq mètres, la voiture disparut, au grand étonnement de mon mari. Il demeura planté là, ne sachant à quel saint se vouer. Oui, voiture et conducteur avaient complètement disparu. Je lus sur le visage de mon mari un découragement total, un désespoir infini, il bégaya: Ainsi, les voix que nous entendons proviennent donc de ces blancs… » Etait-ce une question ou une affirmation, je ne pus le discerner.

Un exorcisme raté

Bien que partageant le même lit, il y avait très longtemps que nous n’avions plus de rapports sexuels, mon mari et moi. Une nuit, Jean voulut réclamer son droit sur mon corps. C’est alors que des coups fusèrent de partout, coups qui lui furent administrés par des adversaires invisibles. Il reçut l’ordre de ne plus mettre les pieds dans la chambre à coucher, de peur de subir de graves sanctions.

Malgré ces injonctions, Jean préféra braver la mort, plutôt que de m’abandonner. Mais, chaque fois qu’il tentait de franchir la porte de la chambre à coucher, il était violemment agressé. On lui assénait de méchants coups de poing. J’avais pitié de mon mari, mais je ne pouvais rien faire pour lui venir en aide. En revanche, il ne s’avoua pas vaincu pour autant. Poussé par l’amour de sa Françoise, il fit ce qui lui semblait bon, dans le but de me secourir. Sans me prévenir de son projet, il alla trouver les prêtres catholiques et les invita à venir exorciser la maison.

En effet, ce n’était un secret pour personne qu’il y avait des bruits dans la maison, même en l’absence d’occupants. Les voix des plusieurs personnes étaient Parfois audibles, même par les voisins. Deux jours plus tard, un prêtre se présenta avec deux acolytes munis des instruments nécessaires à l’exercice de leur mission, c’est-à-dire exorciser la maison et ses occupants. La célébration de l’eucharistie devait intervenir en dernier lieu, en signe d’action de grâces en faveur de la sœur Françoise.

Outre le prêtre et les deux servants, assistaient à cette cérémonie mon mari et nos quatre enfants ainsi que moi-même. La messe commença à dix heures quarante. Tout alla pour le mieux, jusqu’au moment où nous remarquâmes de la confusion chez le prêtre. Il avait encore les bras levés, tenant dans ses mains le calice contenant le vin transformé en « sang de Christ, » lorsqu’un vent venu d’on ne sait où commença à souffler violemment balayant tout sur son passage.

La puissance de ce vent arracha le calice des mains du prêtre, et fit tomber tous les objets qui se trouvaient sur l’autel improvisé. Nous fûmes tous contraints de rester accroupis, pour ne pas être battus par des êtres invisibles. Malgré notre position d’humilité, la situation devint de plus en plus intenable. Nous ne trouvâmes un peu de répit que dans la fuite, le prêtre en tête, avec ses acolytes, suivis des enfants et de leur papa. Tout le monde ne trouva son salut que dans une débandade digne des temps apocalyptiques. Le prêtre se retrouva dehors avec ses habits tout déchirés. Quant à moi, j’étais restée assise à la même place. Tandis que l’ouragan battait son plein, quelqu’un me chuchota à l’oreille: « Reste calme, tu n’es pas concernée! »

Après la fuite du prêtre, quelqu’un vint me dire: « Tu as de la chance que nous ne t’ayons pas informée des conséquences entraînées par la venue de ces personnes ici. Ne sais-tu pas qu’ils sont plus puissants que nous et que Dieu les écoute plus que nous? Sache que le jour où ils remettront les pieds chez toi, nous t’infligerons une punition que tu ne risqueras pas d’oublier toute ta vie durant! »

Je fis part à mon mari de la mise en garde des démons. Nous ne nous attendions pas à ce que les prêtres puissent encore venir chez nous, compte tenu du mauvais traitement qu’ils avaient subis de la part des démons, lors de leurs précédentes visites. Mon mari et moi avions pensé qu’il était inutile de leur demander de ne plus revenir. Cependant, le prêtre qui avait été chassé ne s’avoua pas vaincu pour autant. Loin d’abandonner, il alla trouver un collègue plus expérimenté que lui. Il ne voulait pas laisser ternir l’image de sa congrégation. Environ une semaine plus tard, à notre grand étonnement, nous vîmes venir un prêtre plus âgé que le précédent. Il nous dit qu’il venait exorciser la maison. Nous ne pûmes l’en empêcher, pour plusieurs raisons.

Personne chez nous ne lui avait demandé de venir. Compte tenu de l’âge avancé de ce prêtre, nous nous sommes dit qu’il devait avoir plus d’expérience. Enfin, il nous restait encore un léger espoir. Ce fut à peu près le même scénario que la fois précédente. Lors de la consécration, juste au moment où le prêtre prononçait ces paroles: « Faites ceci en mémoire… » on entendit un grand bruit. C’était le retentissement d’une gifle magistrale sur la joue droite du prêtre. Ce dernier chancela et tituba, mais encaissa le coup. Il parvint à conserver son équilibre et, à ne pas tomber. On aurait dit une colonne qui vacillait, prête à tomber. Il se mit à prononcer des paroles dans une langue incompréhensible. En guise de réponse à ce que je pensais être une prière, un vent encore plus violent que la fois précédente se mit à souffler et emporta tout. Le vieux prêtre s’enfuit sans autre forme de procès.

Ces deux échecs consécutifs me firent penser que ces prêtres, ou tout au moins les membres de cette congrégation, étaient incapables de chasser les mauvais esprits. Ils n’étaient manifestement pas habilités à s’octroyer cette prérogative de l’exorcisme. A quelques nuances près, ces échecs ressemblent à ce qui est écrit dans le livre des Actes des Apôtres, chapitre 19, versets 13 à 17.

La sentence

Nous restâmes impuissants, frustrés et résignés à notre sort, nous attendant à recevoir la punition promise par les démons, le châtiment qui devait s’abattre sur nous. J’étais lasse d’attendre une guérison utopique qui ne venait jamais. Je me disais que la meilleure solution était encore la mort. Je voulais mourir seule, pour que mon mari et mes enfants soient épargnés. Mais nous ne pouvions que supposer la nature du châtiment, puisque les démons ne nous avaient pas encore contactés.

Une voix de quelqu’un qui se tenait auprès de moi me dit, comme s’il ne voulait pas trop nous laisser languir: « Un homme averti en vaut plusieurs… Demain, à midi, tu prendras connaissance de la sanction… » J’informai à nouveau mon mari de la menace des démons. Il perdit son calme et se mit à pleurer. Pour le consoler, je lui dis de ne pas trop s’inquiéter sur son sort. C’est à moi qu’ils en voulaient, et non à ma famille. Je lui rappelai qu’ils n’avaient rien pu faire contre mon père, car je n’avais pas cédé à leur chantage. Ces paroles réconfortantes rendirent courage à mon mari, qui ne dit plus rien.

Le lendemain, après le déjeuner, Jean voulut emmener notre plus jeune fils chez le coiffeur. Il alla dans la chambre des enfants, où il croyait les trouver en train de jouer après le déjeuner, mais il ne trouva personne. Il se rendit à la cuisine, où ils avaient pris leur repas. Avant de pousser la porte, il eut le pressentiment qu’un grand malheur venait de s’abattre sur sa vie, comme un mauvais présage. La première chose qui le frappa fut le silence des lieux. Tout était parfaitement calme!

Poussant la porte, il découvrit une scène macabre: cinq corps étaient étendus pêle-mêle à terre, les cinq cadavres de nos enfants et de notre domestique. Chaque corps gisait à côté de son assiette. Le repas était à moitié entamé…

Aucun doute n’était possible. Il n’était pas même besoin de faire une autopsie. Tout indiquait une mort par empoisonnement. Mais qui avait pu empoisonner les aliments des enfants, puisque même le domestique était mort? Quand avait été déposé le poison, puisque ces mêmes aliments nous avaient aussi été servis? Alors, les paroles prononcées la veille par le démon me revinrent à l’esprit, et je perdis connaissance. Il était midi lorsque j’appris la mort de mes enfants. Ils avaient tenu parole! C’était une punition dont je devais me souvenir toute ma vie. Qui peut donc oublier la perte de se quatre enfants en un seul jour? Mes enfants, me très chers enfants, supprimés en un seul jour de la face de la terre! J’étais touchée dans ce que j’avais le plus cher au monde…

Je me laissai aller au désespoir. Je ne pouvais imaginer jusqu’où pouvaient aller les représailles des assassins de mes enfants. J’étais plus morte que vivante. Après ce deuil, les parents de Jean s’accordèrent pour me séparer de leur fils. Ce fut pour moi un grand choc de perdre, en moins d’un an, ceux qui m’étaient les plus chers au monde! Mon mari n’obéit pas sur le champ aux ordres de ses parents, mais il finit par céder. Les tracasseries causées par les démons, ajoutées aux difficultés de tout genre, finirent par avoir raison du peu de résistance qui lui restait. Une nuit, Jean partit pour ne plus revenir.

Plus tard, il se remaria, mais je sais qu’il continuait à m’aimer. Il se mit à boire et à fumer à l’excès. Trois ans après sa séparation forcée, il succomba à une maladie des poumons. Bien que n’ayant pas encore, à cette époque, reçu le salut de Dieu, je lui avais pardonné. Je savais que ce n’était pas la faute de Jean s’il avait fui les harcèlements des démons. Je ne lui en voulais en rien. J’ai prié Dieu qu’Il nous pardonne tous les deux.

Au service du mal

A présent que j’étais abandonnée à moi-même, les démons purent trouver en moi un terrain d’action propice. Sachant que je n’avais maintenant plus grand-chose à perdre, les démons changèrent de tactique envers moi. Ils devinrent courtois dans leur manière de communiquer avec moi, parfois même gentils. Ils m’utilisèrent de plus en plus pendant cette période. Je devins leur femme.

Que ceci ne vous trouble pas. Les démons peuvent entretenir des rapports sexuels avec les êtres humains. Pour vous rafraîchir la mémoire, je vous renvoie à la lecture de Genèse 6, versets 1, 2 et 4: « Lorsque les hommes eurent commencé à se multiplier sur la face de la terre, et que des filles leur furent nées, les fils de Dieu virent que les filles des hommes étaient belles, et ils en prirent pour femmes parmi toutes celles qu’ils choisirent… Les géants étaient sur la terre en ces temps-là, après que les fils de Dieu furent venus vers les filles des hommes, et qu’elles leur eurent donné des enfants-, ce sont ces héros, qui furent fameux dans l’antiquité. »

Avant de poursuivre mon témoignage, il me faut donner certaines explications pour me faire comprendre. Les esprits mauvais sont les anges déchus qui choisirent de suivre Lucifer dans sa révolte contre Dieu (Apocalypse 12:9).

Par la suite, certains esprits mauvais ont été retenus dans l’espace (Daniel 10: 13), d’autres dans les cimetières, et d’autres encore dans les eaux sous la mer. Les mauvais esprits ou démons sont immortels, du moins jusqu’à l’ouverture de l’étang de feu dont nous parle Apocalypse 20: 10.

Bien qu’immortels, les mauvais esprits ne peuvent pas se reproduire entre eux. C’est ainsi qu’ils font toujours appel à des êtres humains pour se reproduire, et pour mener à bien la grande campagne de séduction de l’humanité organisée par Satan.

L’union entre un être humain et un mauvais esprit donne naissance à un monstre mi-homme mi animal. Ces esprits ne peuvent périr que carbonisé, par l’invocation du feu du ciel sur eux. Cependant, les anges déchus ne périssent pas de cette manière. S’ils ont élu domicile dans un corps humain, ils peuvent être chassés ou délogés par le Saint-Esprit, lorsque nous invoquons le Nom de Jésus-Christ (Matthieu 12:28).

Restée seule à la maison, je devins l’épouse de plusieurs démons. Deux à trois fois par semaine, je mettais au monde ces enfants monstrueux. Je les nourrissais au sein deux à trois jours, et cela leur suffisait. Puis je m’occupais des autres.

Je vous raconte ce que j’ai vécu, ou du moins ce que le Seigneur a permis que je dévoile, afin d’exposer ces choses au grand jour, pour la gloire de mon Sauveur! Peut-être y a-t-il parmi vous des gens qui font toutes sortes de choses pour guérir, ou recouvrer leur santé physique ou spirituelle. Mais venez à Jésus-Christ de Nazareth, Il prendra soin de vous! Jésus-Christ est venu pour détruire les œuvres du diable. Or, la plus grande œuvre de Satan est de vous maintenir loin de Dieu, de nous empêcher de connaître Dieu et Son Fils Jésus-Christ. Venez à Christ tels que vous êtes!

Si un être humain était entré par hasard dans la pièce où je me trouvais, il n’aurait pu voir personne d’autre que moi, alors que des légions de démons s’affairaient autour de moi! Tout ce qu’un visiteur aurait pu voir, c’était que j’avais les seins gonflés comme ceux d’une femme qui allaite. Parfois, certains auraient pu entendre des enfants pleurer, mais rien de plus. Je ne me lavais pas, On me lavait. Je ne faisais ni la cuisine ni le marché, On les faisait pour moi. Je ne savais pas d’où provenaient les aliments. Pouvez-vous imaginer une femme dont les cheveux se tresseraient d’eux-mêmes, ou qui mangerait des aliments invisibles ? C’était pourtant mon cas.

Oh, mon Dieu, que ma bouche ne cesse de louer Ta grandeur, Ta force, et Ta Toute-Puissance, dans les siècles des siècles, amen!

J’étais comme un dépotoir de Satan, une réserve de démons. Personne ne me rendit visite pendant cette période de ma vie. Pourtant, la Bible dit que la vraie religion consiste à visiter les prisonniers, les malades, les orphelins, et les veuves dans leurs afflictions. Dans ma solitude, je n’ai vu aucun pasteur, aucun prêtre, aucun évangéliste, aucun homme de Dieu!

Je ne pouvais plus bien réfléchir. Mon cerveau était traumatisé par tout ce que j’avais vécu et tout ce que je vivais. J’étais dépassée. Cependant, je n’avais pas peur de la mort. Je désirais mourir, de toute la force de ma volonté, mais la mort semblait ne pas s’intéresser à moi. Alors, lassée, je me laissai aller au gré de la volonté des démons.

Exhortation

Bien-aimés dans le Seigneur, vous devez savoir que les satanistes et ceux qui pratiquent certaines sciences occultes utilisent un vocabulaire différent du nôtre. Ainsi, par exemple, les bars, les night-clubs, les dancings, les hôtels, etc. sont leurs « magasins. » Pourquoi cette appellation? Tout simplement parce que c’est dans un magasin que l’on peut trouver le plus facilement ce dont on a besoin.

Par exemple, si un magicien a besoin d’un « tesson ensanglanté » pour renforcer ses pouvoirs magiques, il se dirige tout droit dans l’un de ses « magasins, » ou dans l’un de ses « dépôts »: ban hôtel, dancing, etc… Une fois sur place, le magicien fait appel à l’un des démons qui se trouvent dans ces lieux. Ces derniers se chargent alors de provoquer une bagarre entre les clients ou les consommateurs.

Poussée par les démons, l’une de ces « victimes » va casser une bouteille et, toujours sous l’impulsion des démons, va enfoncer le culot brisé dans le corps de son adversaire. Le tesson sortira du corps tout couvert de sang, d’où l’appellation de « tesson ensanglanté. »

L’agresseur tentera de fuir, tout en se débarrassant de l’objet compromettant, tandis que le blessé s’écroulera en attendant qu’on l’emmène à l’hôpital.

Le magicien, qui est à l’origine de la bagarre, viendra ramasser tranquillement le tesson, sans être le moins du monde inquiété.

Que celui qui a des oreilles pour entendre entende! Je vois mal certaines personnes qui se disent « chrétiennes » tenir ou détenir des débits de boissons, des hôtels, des night-clubs, etc… C’est insensé! Ma prière à Dieu est qu’Il les aide à se débarrasser de ces établissements sataniques. Je ne leur dis pas qu’ils devraient les démolir! Mais ils peuvent les transformer en établissements qui glorifieront Dieu plutôt que Satan! Par exemple, convertir des chambres d’hôtel en salles de classe pour l’enseignement des enfants, un bar en salle de conférences bibliques, un dancing en bibliothèque chrétienne, ou un night-club en salle pour des réunions chrétiennes! Gloire à Dieu!

Si Dieu nous permettait de « voir » ce qui se passe dans notre univers, je ne suis pas certaine qu’il y aurait beaucoup de personnes courageuses pour aller se promener en plein jour dans certains endroits! Il se passe beaucoup de choses que Dieu, dans Son amour immense, ne veut pas que nous puissions voir. Imaginez un énorme crapaud en train d’uriner dans le verre d’un consommateur dans un bar, alors que celui-ci croit qu’on est en train de lui verser à boire! Le consommateur ne voit rien de ce qui se passe dans l’invisible. Comment réagirions-nous si nous voyions voler dans le ciel d’énormes orangs outangs en plein jour? Tout le monde fuirait! Cependant, ces choses se passent réellement, mais Dieu, dans Son amour, n’a pas voulu que nous puissions les voir.

Louons le Seigneur! Louons-Le d’avoir caché ces choses à nos yeux! Faisons tout ce qui est en notre pouvoir, bien-aimés, pour demeurer dans Son amour!

La visite de mon père

Pendant toute cette époque, aucun membre de ma famille n’était venu me voir, bien que sachant tout ce qui m’était arrivé. Mais, un jour, mon père vint me rendre visite. Je ne sais si quelqu’un était allé le prévenir. Il arriva, une Bible à la main. Lorsqu’il fut sur le seuil de la maison, une voix lui donna l’ordre de sortir. Comme il essayait, perplexe, de comprendre d’où provenait cette voix, il reçut un coup sur la tête et tomba. Mon cœur me fit très mal lorsque je vis mon cher papa se relever avec peine tout en me fixant d’un air étonné. J’étais assise dans un fauteuil et je me mis à pleurer.

Dès le moment où j’avais aperçu mon père dans l’embrasure de la porte, J’étais restée sans voix. Il m’était difficile d’émettre un son quelconque. Je voulais crier pour le prévenir de ne pas s’approcher de moi, mais je restai muette. A nouveau, la voix d’un démon tonna en s’adressant à mon père:

– Sors, c’est un ordre! Sors d’abord, jette ce que tu tiens à la main, puis tu diras ce qui t’amène!

Mon père marcha à reculons jusqu’à la porte. Une fois dehors, il tourna la tête dans ma direction, puis regarda sa Bible.

Puis il se décida. Il ne jeta pas la Bible, mais la déposa cependant à terre. Il s’avança pour entrer, mais on lui ordonna de s’avancer à genoux. Je vis une larme couler sur une joue de mon papa!

Il s’agenouilla et commença à ramper vers moi. Arrivé tout près de moi, il tendit les mains pour m’embrasser. C’est alors que je fus soulevée de terre.

– Ne la touche pas! Tonna une voix.

Mon père était pasteur d’une grande Eglise Luthérienne. En le voyant venir, j’avais eu un regain d’espoir, car il devait occuper la position privilégiée de quelqu’un qui connaît la volonté de Dieu, il ne fallait pas avoir de grandes connaissances pour comprendre que ma maladie était d’origine diabolique.

Puisque les prêtres avaient échoué, les pasteurs ne pouvaient que réussir! En l’occurrence, mon père ne pouvait que mieux faire! Mais, à le voir à genoux, ramper comme un ver de terre, obéissant aux ordres de ceux qui avaient demandé sa mort pour que je guérisse, je perdis tout espoir de guérir un jour.

Toujours accroupi, au lieu de prier Dieu et d’invoquer la Nom du Seigneur Jésus-Christ et la présence du Saint-Esprit, mon père se mit à invoquer les esprits de ses ancêtres, en les citant chacun par leur nom. Cette prière occulte apaisa ou sembla apaiser les démons. Mon fauteuil regagna le sol. Voyant cela, mon père poussa la hardiesse jusqu’à exiger que les esprits de ses ancêtres païens m’amènent avec lui. Les démons lui répondirent que cela était impossible.

– Elle mourra en cours de route! Nous la tuerons! Elle ne vivra pas!

Mais ils bluffaient, comme le diable sait aussi bluffer. A la longue, mon père eut le dessus et parvint à m’amener. Dans Matthieu 12:25-26, le Seigneur nous dit ceci: « Tout royaume divisé contre lui-même est dévasté et toute ville ou maison divisée contre elle-même ne peut subsister. Si Satan chasse Satan, il est divisé contre lui-même. Comment donc son royaume subsistera-t-il? » Cela signifie que ce n’est pas l’amour qui règne dans le royaume de Satan!

Si les mauvais esprits qui me retenaient captive cédèrent aux demandes de mon père, c’est que les esprits qu’il avait invoqués étaient d’un rang supérieur au leur. Ils avaient plus de droits sur moi, du fait des liens de sang et des liens familiaux. Il en est de même en Inde pour les castes, par exemple.

Mon père avait poursuivi son monologue jusqu’au soir, et les démons avaient relâché leur emprise sur moi, au point que je pouvais me déplacer aisément.

Après m’avoir emmenée chez lui, mon père convoqua le soir-même les membres de la famille, pour statuer sur ma situation. Ils résolurent tous de me conduire chez le plus grand féticheur qu’ils connaissaient, non loin de mon village natal.

Chez le féticheur de Kandelungu

Dans notre société, la femme occupe la seconde position. Ainsi trouve-t-on une longue liste d’interdits pour les femmes, alors que les hommes en sont exonérés. Certaines personnes vont jusqu’à ne pas admettre des femmes dans les pratiques traditionnelles.

C’était le cas du féticheur que mon père avait contacté pour faire exorciser sa fille bien-aimée. Dans un premier temps, et pour faire monter les enchères, le féticheur refusa net de s’occuper de mon cas, simplement parce que j’étais une femme. Il n’avait jamais traité de femme. Il dit: « Nous amener ici une femme est pour nous une insulte! » Mais il ajouta: « Cependant, compte tenu de votre notoriété de pasteur, j e veux bien vous rendre ce petit service, pourvu que vous ayez les moyens d’apaiser les esprits irrités par cet affront. En plus de l’argent, tu devras m’amener douze chèvres. »

La proximité de notre village natal fit que la collecte des chèvres s’effectua sans grand problème. Une somme importante d’argent fut aussi remise au féticheur, en plus des chèvres. Je fus accompagnée par mon père et par ma petite soeur, et aussi par d’innombrables démons, qui me sommaient de rebrousser chemin et de fuir Nous allâmes chez le féticheur vers le soir.

Le lendemain matin, on me donna un breuvage dans un bocal. Il s’agissait d’une drogue, car après l’avoir consommée, tout mon corps s’affaiblit et je perdis connaissance, je fus déposée inconsciente dans un trou d’un mètre cinquante de profondeur, d’un mètre quatre-vingt de long, et de cinquante centimètres de large. Le trou fut recouvert de troncs d’arbres, de branches et de feuillages, puis de terre au-dessus. Un grand feu fut allumé sur ce trou rebouché, alors que je me trouvais à l’intérieur. Un groupe de danseurs se tenaient tout autour du feu. Entraînés par des tamtams, les danseurs se lancèrent dans une danse rituelle au rythme endiablé. A ce moment-là, le maître des lieux, le féticheur, entra en scène. Il sortit de son « laboratoire » (case construite un peu à l’écart des autres, qui abritait ses fétiches ainsi que d’autres objets nécessaires à l’exercice de ses fonctions), paré d’une tenue de cérémonie aux couleurs chatoyantes, et tenant une lance dans sa main droite.

Il fit son apparition en dansant, et s’approcha du trou recouvert dans lequel je me trouvais, inconsciente. Après avoir effectué quelques pas de la danse rituelle autour du feu, il enfonça sa lance dans le feu. Un cri jaillit du feu: « Hé! » Lorsqu’il ressortit sa lance du feu, elle était toute trempée de sang. Le féticheur s’écria: « Un de moins! » Et il se remit à danser. Il enfonça une seconde fois sa lance dans le feu. Un second cri jaillit du feu: « Hé! » Il retira à nouveau sa lance maculée de sang. Tout heureux de constater l’efficacité de son art, il s’écria: « Deux de moins! »

Puis il lança en direction de mon père: « Nous les aurons tous, les persécuteurs de ta fille! Leur sang sur ma lance est un bon signe! » Le vieux se remit à danser. lorsqu’il voulut enfoncer sa lance pour la troisième fois dans le feu, un cri jaillit à nouveau, non pas dans le feu cette fois, mais dans l’assistance, parmi les badauds accourus pour la circonstance: « Au feu! Au feu! La case brûle! »

Convergeant leurs regards dans la direction indiquée par le badaud, les assistants virent en effet que la petite case d’où était sorti le vieux tout-à-l’heure était en feu. Les flammes tendaient à s’étendre vers les autres habitations.

Avec une rapidité étonnante pour son âge, le féticheur se dirigea vers les flammes. Il manqua de peu se brûler, mais il fut retenu. Il ne parvint pas à récupérer quoi que ce soit de sa case en flammes. L’incendie fut tout de même maîtrisé, malgré la perte du « laboratoire » et de tout son contenu. Les autres habitations furent épargnées. Questionné pour savoir qui avait mis le feu au laboratoire, le vieux, tout en colère, expliqua que ce n’était pas un homme qui avait mis le feu à sa case, mais les esprits, qui s’étaient révoltés parce qu’il avait accepté de traiter une femme!

– Sortez votre fille d’ici et allez-vous-en de chez moi! Vous m’avez tué! Je suis mort! Je ne veux plus vous voir! Allez-vous-en!

Encore inconsciente, je fus sortie du trou et on m’emporta. Bien que n’ayant pas honoré son contrat, le féticheur ne restitua rien à mon père, ni une chèvre, ni un seul centime!

Le fait que mon père ait été renvoyé n’était pas pour me rendre l’espoir. Les voix se moquaient de moi et riaient. Elles ne cessaient de me dire que c’était eux qui avaient eu le dernier mot. Pour eux, si je voulais parvenir au salut, il fallait que je me décide à tuer mon père. Après ce dernier échec, je sus qu’il ne me restait plus qu’une chose à faire: me suicider! Je me disais: « Puisqu’ils n’ont pas le courage de me tuer, je le ferai à leur place. Mon père sera alors épargné. Ce n’était pas du stoïcisme de ma part, mais plutôt de l’amour paternel. Puisque j’avais tout perdu, autant préserver celui qui m’avait engendré.

En route pour la Tanzanie

Je réfléchissais à la manière de réaliser mon plan diabolique, mais le Seigneur avait Pour moi un autre destin. Le jour où j’avais décidé de m’empoisonner, mon père vint me dire qu’il envisageait de m’emmener le plus vite possible en Tanzanie.

D’après un communiqué capté à la radio tanzanienne, il y avait un grand réveil spirituel dans ce pays. Le Seigneur y opérait des miracles comme aux temps bibliques. Les sourds entendaient, les aveugles recouvraient la vue, les paralytiques marchaient, et ceux qui étaient possédés par des esprits impurs étaient délivrés sans le concours d’autre chose que de la Parole de Dieu. Mon père me dit: « J’ai résolu de t’emmener là-bas dans une semaine, ma fille. Nous allons mettre cette semaine à profit pour nous préparer.

Deux jours avant notre départ, un parent amena une femme auprès de mon père, et lui demanda de raconter son histoire. Elle le fit sans se faire prier, heureuse de trouver un auditeur responsable.

– Papa pasteur, je ne sais si vous me reconnaissez? Je suis celle qui était folle, et qui se promenait à moitié nue dans ce village. (Depuis notre visite chez le féticheur, nous n’étions pas retournés à Lubumbashi. Nous nous étions retirés dans notre village natal.) Il y a moins d’une semaine, une nièce mariée à Kasongo (chef-lieu de Zone situé à 90 km de Shabunda, notre village) est venue me chercher pour m’y amener. Le pasteur de l’Assemblée de Dieu de Kasongo avait invité un couple d’évangélistes venus de Kinshasa. Ce couple prie Dieu d’une façon originale. Par exemple, ils chassent les démons au Nom de Jésus. Plusieurs démoniaques dans mon cas ont été délivrés grâce à la prière extraordinaire de ce couple. Lorsque ce cousin (elle désigna la personne qui l’avait amenée) m’informa de votre intention de vous rendre en Tanzanie, je n’ai pas hésité un seul instant à venir vous voir pour vous demander d’aller plutôt à Kasongo. Si vous consentez à y aller, je suis prête à vous accompagner. Je suis certaine que le Dieu de ce couple délivrera votre fille comme Il l’a fait pour moi.

Les démons ne tenaient pas que je me rende à Kasongo. Ils me dirent qu’ils feraient tout ce qu’ils pourraient pour m’empêcher d’y aller. C’est ainsi qu’ils me paralysèrent les deux jambes, m’empêchant de me tenir debout. La soeur me porta sur son dos, et nous pûmes continuer notre chemin vers Kasongo.

Nous étions un groupe de six personnes: mon père, mon cousin, deux cousines, la femme qui nous avait annoncé cette nouvelle, et moi. Chez moi, les voyages se font à pied. Non pas que nous manquions d’infrastructures routières, mais nous ne pouvions pas nous permettre d’attendre une voiture, compte tenu de la rareté des véhicules dans cette partie du pays.

Poursuivant notre pénible marche, nous nous arrêtâmes pour nous reposer dans un village, après avoir marché pendant au moins vingt kilomètres. Nous avons croisé une femme qui venait justement de Kasongo. Elle portait un enfant sur le dos et glorifiait le Seigneur en chantant des cantiques de louange. Mon père, qui voulait savoir la raison de son excitation, l’interpella. La femme nous dit ceci:

Ma fille que voici était sourde depuis longtemps. Je viens de Kasongo, où un homme et une femme venus de Kinshasa ont prié Dieu pour que ma fille entende. Juste après leur prière, j’ai appelé mon enfant, et elle m’a répondu. Vous ne pouvez vous imaginer quelle joie est la mienne! J’ai voulu les remercier pour ce qu’ils avaient fait, mais ils m’ont répondu qu’ils n’étaient que de simples instruments utilisés par Dieu, et que c’était à Dieu que je devais rendre gloire.

Depuis lors, je ne fais que Le remercier pour la guérison de ma fille. C’est pourquoi vous me voyez chanter, toute joyeuse. Les gens disent qu’ils comptent rentrer bientôt. Il semble qu’ils doivent encore rester une semaine. Je vais de ce pas chercher mon petit frère qui a perdu la vue dès son jeune âge. Ce serait pour lui une grande chose que de recouvrir la vue! Pendant tout le temps que cette femme parlait, les voix ne cessaient de me répéter qu’elle « Elle ment, elle ment! Ne l’écoute pas! Retournons, n’y va pas! » Mon père et tous ceux qui nous accompagnaient n’entendaient rien de ce que disaient les démons. Mon père me dit:

– Françoise, c’est Dieu qui nous envoie ces gens pour nous venir en aide. Prends courage et dépêchons nous, sinon, si nous traînons, nous risquons de les manquer!

A cet instant précis les démons clouèrent mon père au sol. Il eut une sorte de crampe subite qui le força à rester couché. Il était impossible d’avancer.

La paralysie qui m’avait empêchée de marcher avait été transmise à mon père! Les démons me dirent: « Puisque c’est lui qui tient à t’amener là-bas, nous allons voir maintenant comment il va s’y prendre! » Je tombai en sanglotant dans les bras de mon père, toute abattue.

Il m’encouragea à poursuivre le voyage sans lui: « Cette crise de rhumatisme ne pouvait choisir un aussi bon moment pour me terrasser! Avec un petit repos, un jour au plus, je serai rétabli. La douleur sera moins forte que maintenant. Puisque tu peux marcher maintenant, prends courage, ma fille, et va trouver ces gens dont nous a parlé cette femme tout-à-l ‘heure. Je vous rejoindrai dès que possible. Ne vous inquiétez pas pour moi, cela passera! » Puis, se tournant vers son neveu, il dit: « Prends soin de ta soeur! »

Bien-aimés du Seigneur, c’est par la foi que j’ai fait cette distance sans tenir compte de tout ce que me disaient mes locataires. Je marchais lentement en titubant. Tous les dix kilomètres, nous nous reposions pour souffler. La maladie m’avait fortement affaiblie. Les privations, ajoutées aux tracasseries des démons, m’avaient accompagnée sur ma longue route vers la guérison. Mieux valait pour moi mourir en cours de route, que de ne pas arriver à destination

Il ne me restait plus qu’une journée de marche environ, lorsque les démons m’ôtèrent l’usage de la parole, m’empêchant ainsi de communiquer avec le monde extérieur…

Chapitre 9 : La délivrance

 

Relaté par Kapena CIBWABWA

Bien qu’ayant à plusieurs reprises entendu témoigner la soeur Lutala Françoise, je ne pouvais tout de même pas mettre ce témoignage par écrit sans avoir interrogé des témoins oculaires, les acteurs mêmes que Dieu a utilisés pour sa délivrance.

Ces deux témoins sont :

– Le frère en Christ M’Pongo Moïse, et

– La soeur en Christ Philomne Kaseka.

Kapena Cibwabwa (K.C.): Pasteur M’Pongo, d’après la soeur Lutala, vous êtes L’une des deux personnes dont te Seigneur S’est servi pour sa délivrance. Pouvez-vous nous relater comment Dieu vous a demandé d’accomplir cette oeuvre?

Pasteur M’Pongo Moïse (M.M.): Merci, mon bien-aimé frère Kapena, pour l’occasion que vous me donnez de parler de cette oeuvre grandiose, pour la première fois après tant d’années. C’est par prophétie que Dieu nous avait demandé d’intervenir.

Vers le mois de mai 1983, je me trouvais à Masina, au quartier Sans Fil, où je dirigeais une église locale. Il m’arrivait souvent de me rendre au quartier chic de Righini dans la zone de Lemba, où habitait ma soeur en Christ Philomène Kaseka, pour aller lui rendre visite. Le 19 mai, après un long temps d’absence, je suis donc allé lui rendre visite chez elle. Elle m’accueillit par ces paroles:

– Sois béni, mon frère, puisque tu viens de la part de Dieu. Il y a deux jours, le Seigneur m’a parlé dans une vision nocturne. Dans cette vison, j’ai vu la carte politique de mon pays, le Zaïre, suivie d’un gros plan sur la région de Kivu. Je remarquai qu’il y avait un gros serpent enroulé autour de l’une des sous régions, celle de Maniema.

J’ai demandé au Seigneur ce que cela signifiait. Le Seigneur me donna l’interprétation de la vision: « Le grand serpent que tu vois, c’est le diable. Il est en train de séduire beaucoup de monde dans cette partie du pays. Si je t’ai montré ces choses, c’est que j’ai une importante mission à te confier. Descends vite à cet endroit pour glorifier mon- Nom! » Je répondis au Seigneur: « Mais je suis une femme! Ta Parole m’interdit de prendre autorité sur un homme (I Timothée 2:12). Il n’y a pas que des femmes dans cette sous région! » Le Seigneur me dit: ‘Tu n’iras pas seule. Dans deux jours, je t’enverrai mon serviteur, M’Pongo Moïse. Ce sera un signe de ma part. Arrange-toi Pour lui payer son billet de transport. » J’ai reçu ce message le 17 mai. Deux jours après, comme me l’a dit le Très-Haut, te voici, après avoir disparu pendant je ne sais combien de temps!

Après avoir entendu la soeur Philomène, je lui demandai de m’accorder un temps de prière: « Non pas que je doute de tes paroles, mais simplement pour me mettre dans l’ambiance du Saint-Esprit. » Je fis un jeûne de deux jours, au terme duquel Dieu confirma la prophétie en mettant en moi une forte conviction.

La soeur Philomène était certaine de mon accord. Sans me consulter, elle avait déjà acheté deux billets d’avion Kinshasa-Kindu, le 20 mai 1983. Deux jours après ma conversation avec elle, le 21 mal, je me rendis de grand matin à Righini. J’avais emporté tous mes effets de voyage. Ma décision était de ne rentrer qu’une fois la prophétie accomplie. « Es-tu prêt pour le voyage? » me dit-elle en m’accueillant à mon arrivée chez elle.

– Quel voyage? Je n’ai pas de billet de transport.

– Tout est réglé, par la grâce de Dieu. Nous avons les billets. Debout! En route pour l’aéroport!

K.C. : Une fois à Kindu, chez qui êtes-vous descendus? Aviez-vous un point de chute pour débuter vos services?

M.M. : Une fois les formalités terminées à l’aéroport, nous avons traversé le fleuve Lualaba par le bac de Kindu. Puis nous sommes allés au chef-lieu de la zone de Kasongo, dans la sous-région de Maniena. C’est là que se trouvait notre point d’attache. En effet, à Kasongo vivait un pasteur qui nous connaissait depuis le temps de notre groupe de prière situé sur la 9e rue à Kinshasa-Limete. Dieu sait arranger les choses, mon frère. Ce pasteur était le représentant légal de toutes les Assemblées de Dieu de la sous-région!

Puisqu’il nous connaissait en notre qualité de serviteurs de Dieu, il ne s’opposa pas à notre demande de travailler au sein de l’église qui lui était confiée.

Même envoyés par Dieu, ce que nous nous gardions de révéler, nous ne pouvions pas commencer des réunions sans nous remplir encore davantage de l’Esprit du Seigneur, dans la prière. Nous avons observé trois jours de jeûne et de prière. Nous avons commencé par faire des séminaires bibliques dans les églises avant de faire des croisades d’évangélisation. Dieu glorifia le Nom de Son Fils au travers de notre ministère là-bas. Il y eut beaucoup de miracles: les Paralytiques marchèrent, les sourds entendirent, les aveugles recouvrèrent la vue, ceux qui étaient possédés par des esprits impurs furent délivrés. C’est surtout cette dernière catégorie qui était la plus nombreuse.

Les gens, apprenant ce que le Seigneur faisait au travers de notre ministère, amenèrent de nombreux malades et démoniaques. Et Dieu les guérissait tous! Quelle joie pour nous de voir ces démoniaques, venus littéralement enchaînés, s’en aller libres, leurs chaînes sur l’épaule en signe de témoignage! Oui, le Seigneur avait accompli pour moi Sa Parole, qui dit, dans Lue 10: 2: « La moisson est grande, mais il y a peu d’ouvriers. Priez donc le Maître de la moisson d’envoyer des ouvriers dans sa moisson. »

A voir combien de gens acceptaient le Seigneur, cela ne faisait que confirmer les paroles du Maître de la moisson!

Notre travail ne se limitait pas à Prier pour les malades. Nous parcourions à pied de grandes distances pour atteindre des églises éloignées de Kasongo. Nous confiions ceux qui étaient sauvés les, responsables des églises, non sans les avoir recommandés à la garde du Saint-Esprit.

Nous ne manquions pas de leur rendre visite chaque fois que l’occasion se présentait, pendant tout le temps que nous avons passé dans cette sous région, c’est-à-dire un mois.

K.C. : Si je comprends bien, c’est durant cette période que vous avez fait connaissance de la soeur Lutala Françoise? Pourriez-vous éclairer les lecteurs sur les circonstances dans lesquelles vous l’avez connue, et donner sa description physique?

M.M. : Bien, mon frère, que Dieu vous bénisse pour la question! Parmi ceux que le Seigneur avait délivrés au travers de notre ministère, se trouvait une jeune femme de Shabunda, qui est aussi la zone d’origine de la soeur Lutala. Cette soeur avait été délivrée d’un esprit impur qui la tourmentait depuis longtemps. Une fois de retour chez elle, elle informa les parents de Lutala de ce que le Seigneur avait fait dans sa vie. Elle ne manqua pas de leur dire que nous nous trouvions à Kasongo, à environ 90 kilomètres de là. Partant de sa propre expérience, elle parvint à convaincre les parents de Lutala de l’amener, non e Tanzanie, mais là où nous nous trouvions, à Kasongo.

Un dimanche soir, le pasteur Sansaku, qui nous accueillait, la soeur Philomène Kaseka, et moi-même, nous revenions de Mitende, localité située à 7 km de Kasongo, où nous avions été prêcher la Parole de Dieu dans l’une des paroisses des Assemblées de Dieu.

Après avoir parcouru cette distance à pied, à l’aller comme au retour, nous étions fort fatigués. Arrivés à Kasongo, nous avons trouvé un groupe constitué d’un homme et de quatre femmes. L’une d’elle attira tout particulièrement mon attention.

Elle était très maigre. Elle avait les cheveux ébouriffés et sales. Ses yeux étaient enflés et son regard était hagard. Malgré sa maigreur, sa poitrine était très enflée, à la manière d’une femme qui allaite. Elle portait une robe très sale en lambeaux. Ses jambes et ses pieds étaient tellement enflés qu’il n’était pas besoin de faire appel à un médecin pour diagnostiquer un éléphantiasis.

Malgré son état lamentable, elle traînait à ses pieds une chaîne longue d’au moins cinquante centimètres, dont les deux extrémités étaient attachées à chacun de ses mollets. Elle avait tout d’une folle. J’appris plus tard que ce groupe venait de Shabunda. Je ne sais combien de temps ils avaient mis pour parcourir cette distance à pied. Nous étions le dimanche 10juin 1983.

La délivrance

K.C. : Jusque là, vous ne connaissiez pas le mobile de leur visite?

M.M. : En voyant la personne que je viens de décrire, je compris vite qu’elle avait besoin d’une prière de délivrance. Compte tenu de l’heure tardive et de la fatigue qui gagnait mon corps, je murmurai en moi-même: « Pourquoi ne pas attendre demain pour la délivrance de cette femme? » C’est alors que le Saint-Esprit me dit clairement: « Pourquoi voulez-vous compromettre mon oeuvre? »

Convaincu de l’appui du Seigneur, je demandai à ma compagne de voyage d’entretenir la nouvelle venue sur la repentance et le pardon des péchés, le temps de me retirer pour demander non la volonté, mais la direction du Seigneur.

En effet, mon jeune frère Kapena, le service de délivrance nécessite beaucoup de prière (Marc 9:29). Je rejoignis la soeur Philomène, une fois ma prière terminée. A son tour, elle se retira pour prier. En attendant son retour pour commencer la prière de délivrance, j’entrepris de sonder la soeur Lutala. Je lui posai certaines questions en rapport avec la Parole de Dieu. Ses réponses démontraient une résistance farouche à la Parole de Dieu.

Le Saint-Esprit m’interdit de continuer à lui poser des questions. J’avais vite compris que ce n’était pas elle qui répondait, mais les mauvais esprits en elle. Ne pouvant rien tirer d’elle, je me tournai alors vers ceux qui l’avaient amenée. Je leur demandai pourquoi il avait fallu enchaîner une personne dans cet état. « C’est parce qu’elle a souvent l’habitude de fuir. Un jour, elle a disparu sans que personne ne sache dans quelle direction elle était partie, pour qu’on puisse la rechercher. Cela a été un coup dur pour la famille. Au bout de trois mois, on l’a retrouvée seule dans la forêt. Une autre fois, on la retrouva dans un cimetière, après trois semaines d’absence! Elle aurait pu fuir en cours de route, c’est pourquoi nous l’avons enchaînée. »

« C’est difficile de vous répondre. Depuis à peu près,’ trois mois, on ne la voit presque plus manger. Mais nous remarquons pourtant qu’à certaines heures de la journée, elle fait les gestes de quelqu’un en train’ de prendre un repas. Elle porte quelque chose à la bouche, et ses mâchoires remuent. Elle mange des plats invisibles. Voici bientôt trois mois qu’elle ne touche pas aux aliments que la famille lui apporte, et elle n’en est pas morte! » Je leur dis: « Seul le corps de votre soeur la relie encore à notre monde visible. Les démons qui sont en elle l’empêchent de prendre tout contact normal avec le monde visible, celui des hommes normaux. D’où ces excursions involontaires dans les endroits déserts, comme les forêts et les cimetières. Elle ne peut rien manger car elle est en plein dans le monde des esprits, le deuxième monde… Toutefois, ayez confiance en Dieu, et priez beaucoup. Jésus-Christ, qui est venu détruire les oeuvres du diable, libérera votre soeur de toute l’emprise du diable, ce soir-même! »

La soeur Philomène revint, et nous débutâmes ensemble la prière de délivrance. Ainsi, lorsque les gens apprirent notre retour de Mitende, ils accoururent de partout pour suivre la délivrance « en direct.  » Plusieurs dans la foule la reconnaissaient comme étant une ancienne religieuse catholique. Certaines mères se frappaient la poitrine de douleur, en se souvenant de la grande beauté passée de Lutala, qui était D’autres regrettaient le fait qu’elle n’avait même pas pu profiter de ses études supérieures, à cause de ses interminables maladies. Il y avait enfin celles qui la plaignaient d’avoir perdu en un seul jour ses quatre enfants et, un peu plus tard, son mari. Voyant l’état de possession avancé de la soeur Lutala, j’avais eu la présence d’esprit d’écarter la foule, de peur que les mauvais esprits, une fois chassés du corps de Lutala, n’entrent dans les nombreux païens qui se trouvaient dans la foule. Je parle bien des païens, puisque les véritables enfants de Dieu sont couverts par le sang de l’Agneau de Dieu. Comme la foule refusait de s’écarter, je restai calme, et j’eus alors l’idée d’amener Lutala un peu plus à l’écart, derrière la maison de prière que nous appelons l’église. Une fois dehors, nous avons, avec la soeur Philomène, demandé à Dieu de nous assister de Son Saint-Esprit, et de nous recouvrir du sang de Jésus-Christ, nous et tout le groupe qui était autour de nous, pendant tout le temps que prendrait la délivrance.

En regardant cette femme étendue sur le sol, mon coeur se brisa en pensant aux souffrances endurées par le Christ pour notre délivrance!

D’une voix autoritaire, j’ordonnai aux démons de se présenter. Ils s’exécutèrent en déclinant chacun son identité et sa fonction. Vous ne devez pas oublier que je ne me trouvais pas en cet endroit par ma volonté propre. Voici le dialogue qui s’ensuivit entre d’une part les démons, qui s’exprimaient par la Bouche de Lutala, et le Saint-Esprit, qui parlait au travers de notre humble personne:

– Je m’adresse à vous, démons qui êtes logés dans son corps. Je vous ordonne de vous présenter chacun par son nom et par l’oeuvre qu’il est en train d’accomplir. Pour commencer, répondez-moi, combien êtes-vous?

– Tuwuku mingi. (Cela signifie en langue swahilie: « Nous sommes nombreux. » Puisque je ne comprenais pas le swahili, ce fut la soeur Philomène qui me servit d’interprète pendant la délivrance. Elle me traduisait en Lingala.)

– Combien êtes-vous?

– Nous sommes deux-cent-dix démons.

– Que faites-vous en aussi grand nombre?

– Mais c’est notre demeure!

– Son corps est le temple du Saint-Esprit. Il n’est Pas votre demeure!

– Elle est notre épouse.

– Elle est maintenant enfant de Dieu et non votre femme.

– Si elle était enfant de Dieu, nous ne serions pas ici.

– Qui êtes-vous, vous qui répondez à mes questions?

– Je suis le chef, Je m’appelle Ilongo.

– Ilongo, depuis combien de temps es-tu dans ce corps?

– Je suis là depuis longtemps.

– Que fais-tu ici?

– Je suis chez moi ici. Celle-ci est ma femme.

– Ilongo, es-tu l’esprit d’un mort, ou d’un vivant qui pratique sa magie dans le corps de cette femme?

– Je suis mort depuis longtemps.

– Pourquoi as-tu élu domicile dans ce corps?

– Je ne peux pas te répondre…

– Ilongo, ton nom m’indique que tu es Zaïrois.

– De quelle région étais-tu?

– De la région de Mba

ndaka. – De quel clan, de quelle tribu?

– Tu me fatigues avec toutes tes questions! De toute façon, Je ne te répondrai plus.

– Ah bon, tu ne veux plus me répondre? Eh bien, nous allons voir! De toute façon, sache que je ne suis pas ici pour converser avec toi, mais pour te déloger. Sors de ce corps maintenant, au nom de Jésus-Christ! La voix qui sortait de la bouche de Lutala n’avait rien de la voix d’une femme malade. La voix d’Ilongo était bien celle d’un homme aux tonalités viriles.

Une fois le nom de Jésus-Christ prononcé, le visage de la soeur Lutala se déforma. On aurait dit un fauve prêt à agresser sa proie. Le démon commença à lancer des cris aigus. Je m’adressai à la soeur Philomène qui se trouvait à mes côtés, et je lui dis:

– Persévérons dans la prière. Ne nous laissons pas distraire par les grimaces de ce démon. Il faut qu’il sorte de ce corps, au nom de Jésus-Christ.

Ensemble, nous fîmes une puissante prière autorité, en ordonnant au démon d’évacuer ce corps, au nom de Jésus-Christ. Dans un moment de forte onction spirituelle, je m’adressai au mauvais esprit en lui ordonnant de sortir de ce corps et d’aller dans les lieux arides, au nom de Jésus-Christ. Il me répondit:

De grâce, ne m’envoie pas là-bas! Envoie-moi plutôt dans ces arbres! – Dans ces arbres, pour que tu ailles ensuite retourner dans un corps humain?

– De grâce, envoie-moi dans ces arbres!

Je me souvins alors du lieu réservé au diable et à ses démons (le lac de feu, Apocalypse 20: 10). Je crus bon de lui commander d’aller dans ce lieu:

– Sors de ce corps, et va dans le feu éternel réservé pour vous!

– Non, le feu n’est pas encore ouvert. Je ne peux pas y aller.

Je dis à Philomène:

– Ne l’envoyons pas dans le feu éternel, puisqu’il n’est pas encore ouvert.

Puis je dis au démon:

– Si tu ne sors pas, au nom de Jésus-Christ, et si tu ne vas pas dans les lieux déserts, je vais invoquer sur toi le feu du ciel, et il te consumera, toi et tes acolytes. Sors, au nom de Jésus-Christ, et va-t-en dans les lieux arides!

Cette fois, il sortit au nom de Jésus-Christ. Il projeta à terre Lutala, enroulée sur elle même, à une distance de près de trois mètres. Je ramenai Lutala à l’endroit où nous nous trouvions.

Frère Kapena, sais-tu qu’une personne sans Christ est un homme aride, un homme spirituellement mort? Il représente un endroit propice pour le diable et ses démons. Un homme qui n’a pas en lui la Parole de Dieu est un lieu aride. Ilongo résistait parce que tous les lieux arides autour de nous étaient couverts par le sang de l’Agneau de Dieu. D’où son insistance à aller même dans les arbres. Ce qui signifie que, lorsque il s’est trouvé dehors, il n’a pas dû aller très loin.

Le second esprit qui se présenta était celui de la grand-mère de Lutala. Celle qui lui avait donné le pouvoir de domination. Elle ne s’exprima ni en Lingala ni en Swahili, mais en Ki-Rega. Ce fut la fille du pasteur Sansaku qui nous servit alors d’interprète. Nous eûmes confiance en sa fidélité, car elle n’était pas la seule à comprendre cette langue parmi nous. Lorsque nous lui avons donné l’ordre de sortir, après qu’elle se fut présentée, elle répliqua:

– J’ai des enfants. Comment pourrai-je sortir sans eux?

– Combien d’enfants as-tu?

– J’en ai quatre.

– Qui en est le père?

– Je ne peux pas révéler le nom de leur père. Plutôt partir que de vous dire à qui ils appartiennent. D’ailleurs, je m’en vais! Mais je ne m’éloignerai pas trop d’elle. Je sais qu’elle se met facilement en colère. Dès qu’elle se fâchera, je ne manquerai pas de rentrer!

– Je t’interdis de rentrer en elle, au nom de Jésus-Christ!

-Je pars, je pars, je m’en vais…!

Et elle partit. Je compris alors que la colère était l’une des portes qui donnaient accès aux démons. Cela m’aida à comprendre pourquoi la plupart des personnes sauvées, lors des campagnes d’évangélisation au Pont Kasa-Vubu, rechutaient tout aussi rapidement que le Seigneur les avait guéries. C’était à cause de la colère. Comme ils avaient été mal instruits, les démons retournaient en force dès qu’ils se mettaient en colère. Paul de Tarse le savait, c’est pourquoi il nous conseille de ne pas laisser passer la nuit sur notre colère (Ephésiens 4:26). Paul savait qu’il était utopique d’interdire à un être humain de se mettre en colère. Comme il connaissait la faiblesse humaine, il nous a laissé ce conseil pratique.

Puis vint le tour d’un autre démon, qui s’appelait François. C’était un européen, un parisien, à en juger par son français impeccable. Le Français me priait de ne pas l’importuner en faisant trop de bruit. Je lui dis:

– Tu n’as pas le droit de m’imposer quoi que ce soit! Ce n’est pas ta demeure! Sors, au nom de Jésus-Christ! Il partit sans mot dire. Il ne projeta même pas Françoise à terre, comme l’avaient fait les esprits de ces nègres! Vous comprendrez qu’il ne m’est pas possible de vous raconter la sortie des 210 démons! Je vous dirai seulement que seuls le premier et le dernier démon firent preuve d’une certaine résistance. Le dernier démon était l’esprit d’une femme.

A mon ordre de sortir, au nom de Jésus, l’esprit de cette femme me répondit:

– Doucement! Nous sommes entre nous!

– Entre nous qui?

– Entre nous, chrétiens!

– L’esprit d’un chrétien ne peut pas habiter dans le corps d’une autre personne. Sors!

– Comment sortir, puisque je te dis que, quand j’étais vivante, j’étais légionnaire, je priais!

Je ne voulus pas écouter ce que me disait ce dernier esprit, car j’avais compris qu’il voulait simplement nous distraire. Je pense que c’était l’esprit d’une femme qui avait dû être très têtue de son vivant. Elle nous prit dix minutes avant de sortir. Elle était bien le dernier esprit à sortir, car nous les avions tous inscrits sur une liste.

Comment ai-je su que ma soeur était totalement délivrée de ses hôtes indésirables? Après la sortie de la « légionnaire, » je demandai au corps étendu à terre:

– Y a-t-il un autre démon dans ce corps?

– C’est moi, Lutala.

– Lutala, quelle Lutala? Où habites-tu?

– J’habite Shabunda, ma zone d’origine.

Elle déclina son identité complète. Je lui dis:

– Comment es-tu venue ici?

Elle se mit debout. Tournant les regards autour d’elle, elle vit les membres de sa famille. Elle les pointa du doigt, et dit: ‘Voici ceux qui m’ont amenée. »

C’était bien là le signe qu’elle était délivrée. Je conclus alors que ma soeur avait bien repris le contrôle de ses sens, de son corps et de son esprit.

Une fois encore, j’invitai la soeur Philomène à prier avec moi pour invoquer le sang de Christ sur Lutala, afin que les démons ne puissent plus revenir, de peur que sa dernière condition ne soit pire que la première, ce que nous ne souhaitions aucunement!

Après avoir un peu récupéré, je demandai à Philomène d’aider Lutala à prendre un bain. Une fois sa toilette terminée, on lui remit une robe propre. Ainsi vêtue, la soeur Lutala reprit des couleurs humaines. Elle devint alors présentable.

Nous passâmes ensuite à table. Elle mangea de bon coeur, à la grande joie, mêlée d’étonnement, de ceux qui l’avaient accompagnée. Chose étrange, une fois la table débarrassée, Lutala se mit à témoigner devant la foule qui avait assisté à sa délivrance. Les gens suivaient avec beaucoup d’attention ce qu’elle leur disait. Cette même nuit, on nous amena d’autres malades, que le Seigneur, égal à Lui-même, guérit tous. Cette journée mouvementée s’acheva dans une louange extraordinaire en l’honneur du Seigneur des seigneurs et Roi des rois. Il était 20 heures 30 lorsque nous eûmes terminé.

Baptême par immersion au nom de Jésus-Christ

La pensée de devoir ainsi abandonner notre soeur nous préoccupait. Nous ne voulions pas laisser une nouvelle convertie au Seigneur sans encadrement adéquat. Nous devions déjà partir trois jours plus tard. Nous décidâmes alors, la soeur Philomène et moi, d’administrer le baptême chrétien à Lutala. C’était sans compter sur sa réaction. Le lendemain matin, je l’exhortai sur la nécessité du baptême d’eau par immersion au nom de Jésus. Elle me posa une foule de questions, malgré tout ce que le Seigneur venait de faire dans sa vie, par l’intermédiaire de notre ministère, et pas plus tard que la veille. Elle refusa de se faire baptiser. Prétextant son ancienne appartenance au couvent, elle me dit qu’il n’était pas question qu’elle se fasse rebaptisé. Je pris le temps de lui expliquer en quoi consistait le baptême chrétien. C’est l’engagement d’une bonne conscience envers Dieu (1 Pierre 3:2 1). Ce n’est pas le baptême seul qui sauve. Le baptême est un acte publie de foi dans le Seigneur. Il faut d’abord croire en Jésus-Christ. Une fois que l’on a cru, pourquoi passer par le baptême? Jésus dit, dans Marc 16:16:  » Celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé. » Cet ordre a été donné aux apôtres par le Seigneur Jésus-Christ Lui-même, dans Matthieu 28:19, 20: « Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit. »

Au début des Actes des Apôtres, je remarque que les disciples de Jésus n’ont pas immédiatement exécuté cet ordre. Pourquoi? Tout simplement parce qu’après Sa résurrection, le Seigneur a conseillé à Ses disciples de ne pas quitter Jérusalem avant que ne survienne sur eux le Saint-Esprit Consolateur, dont l’une des innombrables tâches est de nous aider à comprendre les enseignements du Seigneur, et de nous enseigner sur bien des choses (Lue 24:49).

Une fois que le Saint-Esprit fut répandu, à la Pentecôte, les disciples comprirent tous que Jésus-Christ était Dieu Lui-même. Pour comprendre ce mystère, il faut que le Seigneur Lui-même nous ouvre l’intelligence (l Jean 5:20).

J’avais l’impression que mon interlocutrice ne comprenait pas un mot de tout ce que je lui disais. Vers 10 heures, elle s’excusa, pour aller prendre un peu de repos dans sa chambre. J’acceptai sans peine, tout en intercédant pour que Dieu ait pitié d’elle, et lui fasse comprendre le bien-fondé du baptême par immersion au nom de Jésus-Christ.

Voici comment le Seigneur exauça notre prière. Vers 14 heures, Lutala vint elle-même nous trouver pour nous dire qu’elle était prête pour le baptême: « Je désire recevoir le plus tôt possible le baptême par immersion. » Je voulus connaître la raison de cette volte-face aussi rapide.

– Oh, pasteur, Dieu m’a parlé!

– Dieu vous a parlé? Comment avez-vous su que c’était Lui?

– C’est simple. A 10 heures, lorsque je me suis retirée dans ma chambre pour me reposer, je me suis assoupie. Peu après, je me suis retrouvée en songe dans un endroit qui ressemblait à une salle de classe. Mais une salle de classe étrange, car il y avait un tableau noir sur chaque mur. Chaque tableau était couvert d’une seule inscription. Partout, je pouvais lire écrit: « Actes 2:38 » « Actes 2:38 » « Actes 2:38″… Je ne comprenais pas ce que ces écrits signifiaient. Je résolus de venir vous trouver pour que vous m’en donniez l’explication. C’est alors que je sentis les forces me manquer, et je m’endormis profondément. J’eus un autre rêve. Je vis, non plus une salle de classe, mais une grande rivière. Il y avait deux colonnes de gens disposés en file indienne. Chaque personne devait traverser la rivière en s’y plongeant complètement, pour pouvoir atteindre l’autre rive. De l’autre côté, il y avait un homme qui portait de nombreux chapeaux de couleur blanche. Chacun de ceux qui avaient traversé la rivière, après s’y être plongé, recevait un chapeau de l’homme aux chapeaux. A l’intérieur de chaque chapeau était inscrit le nom de son destinataire.

Je me suis alors approchée de la rivière, et voulus obtenir mon chapeau, mais sans traverser la rivière. Celui qui se tenait de l’autre côté me dit: « Françoise, ici, de ce côté, ce n’est pas la même chose que là où tu te trouves. J’ai ici ton chapeau, avec ton nom écrit dedans. Mais, pour le recevoir, il faut que tu plongés dans la rivière comme tout le monde. Je revins en arrière, et pris ma place dans la file avec les autres. Quand vint mon tour de plonger pour aller récupérer mon chapeau, c’est alors que je me suis réveillée.

Il n’était pas nécessaire d’être prophétesse pour comprendre que ce message m’était destiné. Pasteur, je tiens à recevoir mon chapeau blanc. Je désire donc ardemment être baptisée par immersion au nom de Jésus.

– Soeur Françoise, veux-tu me faire croire qu’après tout ce temps passé au couvent, tu ne sais pas que ce passage biblique se trouve dans le livre des Actes des Apôtres, au second chapitre, et au verset 38?

– Non, pasteur!

– Soeur Philomène, lis-nous Actes 2:38!

La soeur Philomène S’exécuta: « Pierre leur dit:

Repentez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ, pour le pardon de vos péchés, et vous recevrez le don du Saint-Esprit. »

Vers 15 heures, nous allâmes à un ruisseau, il était situé à 5 kilomètres de notre agglomération. La Bible dit bien que « Jean baptisait à Enon, près de Salim, car il y avait beaucoup d’eau » (Jean 3:23).

Il n’était donc pas question pour nous de nous contenter d’asperger un peu d’eau sur la tête de Lutala, comme le font certaines Eglises traditionnelles, ou même de faire une ablution semblable à ce qui se pratique dans le judaïsme ou l’islam.

Il y avait trop peu d’eau dans le lit de ce ruisseau. Ma soeur Philomène et moi, nous avons creusé à la main le lit du ruisseau, afin d’obtenir un creux suffisant pour immerger complètement la soeur Lutala, conformément aux Saintes Ecritures. Puis, je l’ai baptisée au nom de Jésus-Christ, après lui avoir demandé si elle voulait abandonner le diable et ses oeuvres pour se tourner vers le Seigneur Jésus: ‘Acceptes-tu Jésus-Christ comme ton Seigneur et Sauveur? » En me répondant « Oui, » elle confirma ainsi que son immersion dans l’eau était une représentation de sa mort en Jésus-Christ. Elle acceptait aussi le fait que Jésus-Christ était mort pour elle. Cela signifiait que Lutala était morte aux péchés, bien que vivant encore dans le monde. La sortie de l’eau représente la résurrection de Christ, la victoire sur le péché et sur la mort. Ceci préfigure aussi l’enlèvement de l’Église, lorsque Christ viendra prendre les siens pour les faire monter dans les nuées à Sa rencontre! Combien ces choses sont claires!

Le baptême du Saint-Esprit

De retour à la maison, nous avons prié Dieu pour que le Seigneur Jésus-Christ baptise notre soeur de Son Esprit. « Lui (Jésus), il vous baptisera du Saint-Esprit et de feu » (Matthieu 3:11). Après l’imposition des mains, le Seigneur la baptisa instantanément dans Son Esprit. Pour nous enlever toute crainte, Il lui fit don d’une langue, ce qui nous combla de joie. Lutala se mit alors à prier dans une langue inconnue, à notre grande satisfaction, et à l’étonnement des profanes.

Mais la soeur Philomène se sentit frustrée, du fait que le Seigneur ne lui avait pas encore fait ce don, bien qu’elle ait reçu le baptême dans l’Esprit. Par là, je compris que le Seigneur Jésus-Christ voulait nous faire comprendre que le baptême du Saint-Esprit ne se limitait pas au seul parler en langues! Toutefois, six ou sept mois plus tard, la soeur Philomène reçut également le parler en langues. Mais la soeur Philomène se sentit frustrée, du fait que le Seigneur ne lui avait pas encore fait ce don, bien qu’elle ait reçu le baptême dans l’Esprit. Par là, je compris que le Seigneur Jésus-Christ voulait nous faire comprendre que le baptême du Saint Esprit ne se limitait pas au seul parler en langues! Toutefois, six ou sept mois plus tard, la soeur Philomène reçut également le parler en langues.

La soeur Françoise se mit aussi à prophétiser, et à interpréter elle-même son parler en langues. De sa bouche, sortit ce message: « Je suis l’Eternel! Je suis l’Eternel! Je ne change pas! Je suis l’Eternel, et je ne changerai pas! » Je répondis: « Amen! Il est celui qui était, qui est, et qui vient! L’Eternel des Armées est Son nom, l’Alpha et l’oméga! »

La veille de notre départ, Françoise priait déjà pour les malades, et le Seigneur glorifiait son Nom par toutes sortes de miracles et de guérisons.

Nous savions que nous devions la laisser sous la protection du Saint-Esprit, mais cela nous chagrinait de l’abandonner ainsi sans encadrement. Nous la priâmes de nous rejoindre à Kinshasa dès la première occasion. Nous quittâmes Kasongo le 13 Juin 1983, pour arriver à Kinshasa le 24, après avoir fait une escale de trois jours à Bukavu, de trois autres jours à Goma, et de quatre jours à Kisangani.

Deux jours après notre arrivée, alors que nous nous trouvions en pleine réunion de louange, nous entendîmes frapper à la grande porte. Je quittai la réunion pour aller voir ce qui se passait, et je vis la soeur Lutala dans l’embrasure de la porte! Nous nous embrassâmes longuement, puis j’appelai la soeur Philomène Kaseka. Ce fut pour nous une joie immense, que nous partageâmes avec les frères et les soeurs qui étaient en prière avec nous. K.C. : Elle qui ne connaissait pas la ville, comment a-t-elle pu atteindre aussi facilement Righini? M.M. : Ce fut un grand miracle! Je peux sans hésiter vous répondre que ce fut l’Ange de l’Eternel qui la guida. Elle nous raconta comment elle arriva:

– Une fois les formalités de l’aéroport de N’Djili terminées, j’entendis un chauffeur de taxi crier: « Lemba, Lemba, Lemba! » Je m’approchai de lui et lui demandai s’il connaisait une Philomène Kaseka. L’homme me répondit qu’il connaissait bien moi. Je répondis que je n’étais pas pressée, puisque j’étais arrivée à Kinshasa. Le conducteur me déposa la dernière, comme il l’avait dit, au 104 de l’avenue Bokombe, quartier Righini, à Lemba. Lorsque je suis entrée, j’ai rencontré le pasteur sur le pas de la porte!

Les embrassades terminées, la soeur Philomène et moi sortîmes du jardin pour payer la course, récupérer les valises et remercier le conducteur. A part les valises de la soeur Françoise, nous ne trouvâmes plus personne. Il n’y avait même pas les traces de roues d’un véhicule! La voiture et son conducteur avaient disparu! Calmement, nous récupérâmes les valises de la soeur Françoise, dont aucune ne manquait. Quand nous fûmes retournés dans la « chambre haute, » l’intensité des louanges augmenta! Tout le monde se rendit compte que c’était Dieu qui avait disposé d’un ange et de son véhicule pour conduire Sa fille à bon port!

Le lendemain, nous rendîmes témoignage dans notre assemblée, sur la 90 rue, à Limete. Le 30 juin 1983, la soeur Françoise rendit son premier témoignage au Palais du Peuple à Kinshasa.

K.C. : Donnez-moi le mot de la fin, pasteur!

M.M : Habacuc 2:3 nous dit ceci: « C’est une prophétie dont le temps est déjà fixé, elle marche vers son terme, et elle ne mentira pas. Si elle tarde, attends-la, car elle s’accomplira, elle s’accomplira certainement. » Nous sommes restés cinq ans avec elle, l’instruisant le mieux que nous avons pu. Nous avons même organisé des campagnes d’évangélisation et des séminaires bibliques dans plusieurs villes du pays, parmi lesquelles Kikwit, Bandundu, Lubumbashi, Kananga, Mbuji-Mayi, Kolwezi, Likasi, etc…

Partout où nous sommes passés, elle témoignait, et le Seigneur était glorifié. Beaucoup d’âmes sont venues au Seigneur, et c’est l’essentiel. Nous sommes restés avec elle jusqu’au jour où nous avons vu un évangéliste itinérant venir la demander en mariage. Il exerce son ministère en collaboration avec le Centre d’Evangélisation Béthel. Nous les avons exhortés, et nous les avons priés d’aller voir les parents de Françoise à Shabunda pour verser la dot et accomplir les autres formalités. A leur retour, leur mariage fut célébré avec faste à la Cité Béthel. C’est dans ce Centre que ce couple merveilleux sert aujourd’hui le Seigneur.

Chapitre 10 : Le ministère de la soeur Lutala

 

Par Kapena CIBWABWA

Prétendre écrire l’oeuvre du Saint-Esprit au travers de la soeur Lutala serait limiter Dieu, dans la mesure où il agit toujours!

Etant moi-même le produit de son ministère, je ne sais par où commencer… Je m’efforcerai toutefois, avec la grâce de Dieu, de vous relater dans un premier temps trois faits vécus par la soeur Lutala Françoise, faits qui sont d’une haute portée spirituelle. Puis j’exposerai les motifs de ma conversion à Jésus-Christ et de mon abandon de l’Eglise Catholique Romaine.

La mort d’Alino

Je me trouvais encore sous la tutelle du pasteur M’Pongo et de la soeur Kaseka Philomène. Un jour lors d’une campagne d’évangélisation tenue à Kikwit, dans la région de Bandundu, un jeune homme dans de 18 ans vint accepter Jésus-Christ comme son Seigneur.

Ce jeune homme, prénommé Alain, ou Alino pour les intimes, pratiquait la magie blanche, avant d’avoir reçu Jésus-Christ dans sa vie. Il avait pu s’assurer une aisance matérielle avec beaucoup de facilité, grâce à ses mauvaises pratiques magiques.

Une fois devenu enfant de Dieu, il dut se priver de tout ce qui provenait de ses anciennes pratiques du monde satanique. Mais hélas, cette vie de privations qu’il dut connaître pendant un certain temps eut raison de sa foi. Au lieu d’appeler le Seigneur à son secours dans la prière, Alino commença à regretter son ancienne condition. Sa régression fut-elle la conséquence d’un manque d’encadrement efficace? Toujours est-il qu’Alino finit par perdre complètement la foi. Il chuta très bas. Il recommença même à invoquer les démons, comme il le faisait avant sa conversion.

Il revint vers la « poule noire, » nom donné à un démon qui avait pour mission de contrôler sa vie. Ce démon se manifestait souvent sous les traits d’une jeune fille qui avait presque le même âge que lui. Répondant aux invocations d’Alino, la « poule noire » lui apparut, comme elle le faisait avant sa conversion. Elle lui dit: « Cet endroit n’est pas indiqué pour une discussion. Rends-toi à notre place habituelle, et nous nous expliquerons. » Le lendemain, il se rendit au lieu de rendez-vous. La « poule noire » lui dit:

– Toi qui étais si bien parmi nous, tu nous as quittés pour suivre cette Françoise! Vois comment tu as maigri! Que t’ont-ils donc fait? Comprends-tu que ta place est le ici, avec nous tous qui t’aimons? Tu as bien fait d’être revenu à ton bon sens et de nous avoir contactés. Tu verras que nous allons bien nous occuper de toi.

– C’était sans doute une erreur de ma part de vous avoir faussé compagnie, pour la toute première fois depuis que J’étais avec vous. Puisque vous m’avez pardonné, je pense que je ne retomberai plus dans les mêmes bêtises. Mais il ne s’agissait là que d’un marché de dupes. Car là où Satan règne en maître, l’amour, le pardon, la bonté, la vérité et la charité n’existent pas. Si l’on en parle, ces mots n’ont en tout cas pas la même signification que pour les chrétiens.

Ainsi, en mentant à ce jeune homme, le démon ne pensait qu’à lui nuire, et à lui ôter physiquement la vie, afin qu’il ne puisse plus revenir à Jésus-Christ. Car ce n’est que sur cette terre que l’homme garde toutes ses chances d’être sauvé, et Satan le sait très bien. Le Seigneur dit: « Je ne me réjouis pas de la mort du pécheur. » C’est sur cette terre, mon frère, ma soeur, que Jésus-Christ a été envoyé pour sauver tous ceux qui croiront en Lui (Jean 3:16). Satan connaît très bien cette promesse que le Seigneur Jésus a faite aux hommes: « Je ne mettrai jamais dehors celui qui viendra à moi. » Satan punit sévèrement ses transfuges, de peur qu’ils ne changent encore d’avis et qu’ils n’aillent dévoiler ses plans à « l’ennemi. » Ce fut ce qui arriva à Alino. La « poule noire » poursuivit:

– Auparavant, tu te produisais dans la rue, mais maintenant, pour mériter notre pardon, tu feras des représentations dans des salles. Ton prestige, terni par ton coup de tête, reprendra son éclat, et tu seras encore plus respecté, craint, et riche. Reviens me voir demain à la même heure en compagnie de l’un de tes anciens assistants. Nous comptons te donner un nouveau numéro, un numéro plus attrayant!

Le lendemain, accompagné de l’un de ses anciens lieutenants, Alino assista à une démonstration fantastique. Le démon, par des procédures magiques compliquées, décapita l’un des assistants, devant Alino médusé mais ravi. Puis il remit la tète encore toute saignante sur le corps, et elle se colla parfaitement. Le compagnon d’Alino reprit vie comme si de rien n’était. Puis, se tournant vers Alino, le démon lui dit: ‘Toi, par contre, tu n’auras même pas besoin d’un assistant pour cette représentation. Tu te décapiteras et te colleras toi-même la tête. De la sorte ton numéro sera encore plus sensationnel! »

En présence de son assistant et de la « poule noire, » Alino, par trois fois, détacha et rattacha sa tête à son cou, à la grande satisfaction de tout le monde.

A sa quatrième tentative, la tête refusa de se coller au reste du corps. Ses mains eurent beau tenté de replacer sa tête sur son cou, il n’y eut hélas rien à faire.

La « poule noire » éclata de rire et disparut!

L’assistant rapporta la nouvelle dans la cité. Le lendemain, l’assistant, accompagné de militaires, vint récupérer le corps décapité et décomposé d’Alino. Après être resté deux semaines en détention, l’assistant fut relâché pour « faits incohérents. »

La décision des juges fut motivée par le raisonnement suivant: « A supposer que l’assistant soit l’assassin présumé d’Alain, comment aurait-il pu avoir la puissance d’arracher la tête du reste du corps, sans s’être servi d’aucun objet?

Que ceux qui ont accepté d’abandonner Satan pour suivre Jésus-Christ ne se rétractent jamais! Qu’ils aillent de l’avant, les yeux fixés sur Celui qui a donné Sa vie pour le salut de tous ceux qui croient en Lui!

La malédiction de la sirène

Il y avait à Ma Campagne (quartier résidentiel riche situé dans la zone de Ngaliema) un homme excessivement riche. Cependant, malgré sa richesse extrême, cet homme n’avait pas la paix. Sa fortune provenait d’un mariage illicite avec une sirène de la mer! De cette union naquirent trois enfants, qui n’étaient visibles que pour leur père.

Vous comprendrez que cet homme n’avait pas beaucoup de contacts avec le monde extérieur en général, ni avec sa famille en particulier.

Car, pour le reste de sa famille, la situation de cet homme était un drame. Il n’avait pas d’enfants. A quoi pouvait lui servir tout son argent, s’il n’avait personne à qui le léguer? Ils le poussaient donc à se marier. L’homme fit part à sa femme, la sirène, des propositions de sa famille. Pour sauvegarder sa position, elle accepta de cohabiter avec une deuxième femme, à condition qu’elle n’amène rien pour son mariage, et qu’elle se contente de trois jours sur sept avec son mari.

L’homme prit donc une seconde femme en ménage, et l’informa de l’existence de sa rivale invisible. Il lui expliqua qu’il ne pourra jamais passer la nuit avec elle, pendant trois des jours impairs de la semaine. En revanche, si elle se montrait sage, elle pourrait jouir de tous les avantages de la vie. Sans doute par goût d’une vie facile, ou réellement séduite par la fortune de son mari, la femme accepta de cohabiter avec la sirène. Au moment où je fis leur connaissance, ils en étaient déjà à leur troisième enfant. Un jour, l’un des trois fils de la deuxième femme tomba malade. Son cas nécessitait une hospitalisation rapide. Après un bref diagnostic, le père fut informé que son fils devait subir une intervention chirurgicale. Mais cette intervention fut fixée un jour impair, l’un des jours où le père devait se rendre chez sa première femme sous la mer. Il dut choisir entre son fils malade et la femme qui lui assurait tout son confort. Il choisit de rester avec son fils.

La sirène attendit en vain son mari toute la nuit. Bien que compréhensible, ce choix provoqua chez elle une colère hystérique, digne d’un représentant de Lucifer!

Furieuse, elle alla le trouver à son bureau, pour lui dire qu’il avait manqué à sa parole, et qu’elle tenait à tout prix à le punir. Toutes les explications de l’homme restèrent sans effet. La punition consista à forcer la deuxième femme, ainsi que ses trois enfants, à passer trente jours à la belle étoile, sans pouvoir jouir d’aucun des biens de sa rivale, ni même de la maison. En outre, aucun rapport ne serait possible avec son mari pendant cette période.

Mais Dieu Se saisit de cette occasion pour faire pénétrer Son salut dans cette famille. Ce mois pendant lequel la seconde femme et les enfants devaient coucher dehors fut le plus froid de l’année. La maman ne savait que répondre aux questions des enfants, qui voulaient savoir pourquoi ils ne dormaient plus dans leurs chambres. Une nuit pourtant, la seconde femme passa outre à l’interdiction. Elle emmena ses enfants dans leur chambre et les coucha. A peine dix minutes plus tard, les enfants sortirent de leur chambre en pleurant. Ils avaient des enflures sur tout le corps!

La seconde femme ne put supporter davantage cette situation. Deux jours plus tard, elle vint me trouver, accompagnée de son mari. Etait-ce dans ce but précis que je me trouvais non loin du lieu où se déroulait ce drame?

En effet, pendant cette période, je tenais une campagne d’évangélisation dans une communauté où j’avais été invitée, non loin du lieu où habitait cette famille. Nous étions au dernier jour de notre campagne de quatre jours, lorsque j e vis s’approcher de moi un couple, après la prière. Ils me dirent: – Nous avons écouté avec émerveillement votre récit des bienfaits que votre Dieu a opérés dans votre vie. C’est pourquoi nous venons à vous dans l’espoir que si vous priez pour nous, votre Dieu nous sauvera…!

Chers lecteurs, quand je vis devant moi ceux qui venaient me demander de prier pour eux, je rendis gloire à Dieu! Selon leur apparence extérieure, ils semblaient être les gens les plus heureux sur terre. Cependant, le Saint-Esprit me révéla la détresse de cette famille, et leur repentance sincère. Il me montra également comment procéder pour délivrer cette famille de l’étreinte du diable. Enfin, Il m’interdit de les laisser repartir cette nuit-là. Accompagnés d’autres frères, nous avons passé la nuit à la délivrance de ce couple. La Bible dit que celui qui s’unit à une prostituée devient un seul corps avec elle. Par conséquent, la presque totalité des démons qui habitaient le mari se trouvaient aussi dans sa femme. Pourtant, celle-ci n’avait jamais vu sa rivale et n’avait jamais été dans le monde satanique sous-marin. Mais c’est par l’intermédiaire de son mari qu’elle avait été infestée.

Le lendemain, accompagnée d’un jeune frère de mon assemblée, l’assemblée Béthel, nous reconduisîmes le couple chez eux. J’avais désiré être accompagnée d’un jeune frère, en raison de l’importance que nous attachons, dan notre assemblée, à la soumission de la femme. C’est pour cela, par exemple, que la femme doit avoir la tête couverte quand elle prie ou qu’elle prophétise (1 Corinthiens 11:5). Ceci s’explique parce que la Parole de Dieu nous dit:

– que la femme a été créée à cause de l’homme,

– que la femme a été tirée de l’homme,

– que la femme est la gloire de l’homme.

C’est aussi pour toutes ces raisons que la Bible nous dit qu’il ne faut pas que la femme prenne autorité sur l’homme (1 Timothée 2:12). Si donc J’avais souhaité être accompagnée d’un jeune frère, c’était simplement par soumission à la Parole de Dieu.

Une fois sur les lieux, la première chose que nous fîmes fut d’être à l’écoute du Seigneur et de rechercher la direction du Saint-Esprit. La première chose fut de déloger la sirène de l’endroit où elle se trouvait, une petite pièce aménagée de manière à n’attirer l’attention de personne, ni de la deuxième épouse, ni des enfants, ni des domestiques.

Il ne nous fut pas facile de pénétrer dans ce sanctuaire satanique. Seule la protection du sang de Jésus-Christ nous le permit. Après m’être habituée à la pénombre qui régnait dans cette pièce, je découvris dans un coin un grand aquarium, qui ne contenait qu’un seul poisson. Ce poisson n’avait pas de couleur propre, mais il changeait de couleur à chaque seconde.

Alors que j’étais un peu distraite, en essayant de comprendre ce phénomène, le Saint-Esprit me montra que ce poisson était en réalité la sirène elle-même!

Lorsqu’elle se sentit découverte, pour nous effrayer, elle fit éclater l’aquarium et son contenu, dans un grand vacarme. Puis le poisson éclata à son tour, comme le ferait une cartouche. Une tache noire, provoquée par l’explosion, se forma sur le dallage du sol, et se mit à grandir sous nos yeux. Elle devint un grand boa noir enroulé sur lui-même.

Puisqu’il ne pouvait pas nous atteindre, à cause de la protection que nous donnait le sang de Jésus, Satan essaya de nous effrayer par ces choses qu’il nous faisait voir. La frayeur est provoquée par la crainte ou par le doute. Or le doute est l’ennemi juré de la foi. Nous n’avions pas à lutter contre un adversaire visible, mais contre les principautés dans les lieux invisibles. Pour cela, nous avions besoin du bouclier de la foi!

Nous avons commandé à cet esprit mauvais de quitter les lieux, mais il nous posa des conditions avant de s’exécuter. La sirène acceptait bien de partir, mais elle voulait le faire en emmenant son mari. Puis elle tenta de se cacher, en s’introduisant dans des plantes, comme un rosier présent, ou dans des objets, comme une malle. Chaque fois que la sirène quittait une forme pour une autre, elle détruisait la première dans une grande explosion. Au point que ceux qui nous avaient accompagnés et qui étaient restés éloignés s’étonnaient d’entendre des coups de feu tirés dans la pièce où nous nous trouvions.

Finalement, c’est la crainte d’être carbonisée qui fit fuir la sirène, sans qu’elle puisse rien emporter avec elle. Car elle nous avait entendu demander à Dieu de faire descendre le feu du ciel pour la consumer et pour chasser Satan.

Elle s’en alla donc, alors que le soir tombait, non sans avoir lancé des imprécations et des malédictions à l’encontre de son ex-mari. Elle lui laissait un délai de six jours pour revenir sur sa décision. S’il ne revenait pas vers elle dans ce délai, elle se venge-, rait, en commençant par tuer ses propres enfants, puis ceux de sa rivale, et en exerçant bien d’autres châtiments…

Après le départ de la sirène, nous prîmes un temps de répit et nous louâmes ensemble le Seigneur dans le salon. Le mari nous amena une malle identique à celle qui avait été détruite dans la chambre de la sirène. Elle était remplie de devises fortes et de nombreuses grosses coupures de notre monnaie nationale. Le mari nous dit:

– Je viens de trouver cette malle en rentrant dans la petite pièce. Elle n’y était pas auparavant. Mais j’en recevais souvent de cette manière.

Je lui répondis:

– Ne touche à rien de ce qui se trouve dans cette malle. Je suis trop fatiguée ce soir pour la détruire maintenant. Puisque le Seigneur a exaucé notre prière, je reviendrai demain matin pour la détruire avec son contenu.

Après avoir recommandé toute la famille à Dieu, nous prîmes congé. Le lendemain, il plut abondamment de 4 heures à 13 heures. Il pleuvait encore lorsque je me présentai à leur maison de Ma-Campagne. Tout le monde m’accueillit très bien. Nous remerciâmes le Seigneur par une courte prière, puis je demandai que l’on m’amène la malle afin de la brûler.

Tout le monde me regarda sans mot dire. Puis le chef de famille me dit, d’un air heureux:

– J’ai cru comprendre, de la bouche du frère qui vous accompagnait hier, que vous étiez un peu épuisée, et que c’était pour cette raison que vous l’aviez envoyé très tôt ce matin pour détruire la malle. Mais il n’a pas voulu le faire sur place, à cause des enfants, et pour éviter des scènes semblables à celles d’hier, il a donc déjà emmené la malle à Béthel.

– Ah bon, c’est bien. Je me suis réveillée un peu tard aujourd’hui. Cette pluie y est pour quelque chose, je pense.

Ceci dit, je louai le Seigneur et partis aussitôt, le coeur battant. Malgré mon calme apparent, j’étais très troublée dans mon coeur. Ce n’était pas pour une bonne cause que ce jeune frère avait utilisé le mensonge. Etait-ce pour dérober le contenu de la malle? S’il le faisait, malheur à lui, car il serait alors soumis à la malédiction de la sirène! Mes craintes se confirmèrent lorsqu’une fois arrivée à Béthel, j’appris que ce frère venait de passer, mais qu’il n’avait rien amené avec lui.

En allant prendre la malle, ce frère avait bien eu l’intention de l’amener à Béthel. Mais, en cours de route, le diable finit par le convaincre, en inspirant au frère des versets bibliques tirés hors de leur contexte. Par exemple: « Tout est pur pour celui qui est pur. » Ou en lui suggérant que puisqu’il était sous le sang de Jésus, aucune malédiction ne pouvait l’atteindre.

Cela aurait été vrai, si ce frère n’avait pas commis de mensonge et de vol, car il n’avait aucun mandat de ma part Pour récupérer cette malle, et il était Pourtant venu en mon nom. De vol, parce qu’il avait emporté la malle à mon insu.

Puis le diable injecta une nouvelle Pensée dan, l’esprit du frère « Tout genou fléchira au nom de Jésus! » Ainsi, si le nom de Jésus était invoqué sur cette malle, son contenu pourrait servir à de bonnes causes, au lieu de passer par le feu. En Outre, le frère se dit sans doute qu’il valait mieux utiliser le contenu de la malle lui-même, au lieu de le remettre au pasteur .. !

Il chassa donc avec autorité les démons de la malle, « au nom de Jésus ». Mais il avait oublié que l’esprit qui l’animait lorsqu’il était allé chercher la malle n’était pas l’Esprit de Jésus-Christ, mais plutôt l’esprit diabolique qui le conduisait!

Sa prière terminée, il Ouvrit la malle, empocha d’énormes sommes, et se dirigea vers Béthel. A la permanence de l’assemblée, il trouva quelques jeunes soeurs en prière. Il leur offrit l’argent nécessaire à leur alimentation pendant tout leur séjour.

Il était de mon devoir d’empêcher ce jeune frère de vider le contenu de la malle. Lorsque j’arrivai au domicile de ce frère, on m’apprit qu’il venait à peine de partir pour Béthel. Je ne sais pas ce qu’il avait dit aux siens à propos de la provenance de sa subite fortune. Personne ne sembla prendre au sérieux mes mises en garde contre l’utilisation de cet argent, je rentrai bredouille, l’esprit en l’air et l’âme en feu!

Six jours après la délivrance, juste au moment fixé par la sirène, ce frère se mit à ramasser des papiers, à monologuer en cours de route, à ne plus prendre soin de son corps… Bref, il avait perdu la raison! Il fut amené à Béthel afin que l’on puisse prier pour lui. Chose étrange, chaque fois que l’on priait pour lui, sa maladie, loin de s’atténuer, ne faisait qu’empirer..

Bien-aimés frères en Christ et chers lecteurs, n’oubliez pas que Jésus revient bientôt!

La confession du pasteur

Un jour, je fus invitée à témoigner dans une assemblée située dans la Zone Urbaine de Kimbanseke, au quartier Kisangani. Cette assemblée était dirigée par un couple de serviteurs de Dieu, qui n, étaient pas mariés dans le privé mais qui étaient unis dans le service. Le « pasteur » se faisait appeler « Papa Mokambi, » tandis que la femme était la « Maman Mokambi ».

Au cours de ce témoignage publie, le Saint-Esprit me mit à coeur d’insister sur ma vie de débauche, lorsque j’étais au couvent des religieuses catholiques, en compagnie des « pères spirituels. » Je comparai ensuite la vie d’une religieuse dans ces couvents à la vie et à la tenue d’une femme régénérée.

Je fis ressortir le fait que tout rapport sexuel en dehors du mariage était une abomination aux yeux de l’Eternel, quel que soit le rang social ou le grade du partenaire, que ce partenaire soit prêtre, pasteur, diacre, évêque, cardinal ou pape, ou même fiancé(e). L’impudicité et la fornication étant des péchés qui souillent le corps, la Bible nous recommande de les fuir.

J’étais encore en train de parler lorsque j’entendis un grand vacarme dans l’assistance, une clameur! C’était la « Marna Mokambi, » l’une des deux personnes responsables de l’assemblée qui m’avait invitée. Elle se débattait et voulait se déshabiller, sans aucune pudeur. Elle criait:

– Laissez-moi, laissez-moi! J’étouffe, J’ai chaud! Laissez-moi me déshabiller, j’étouffe! J’étouffe, laissez-moi parler! Oui, je vais tout vous dire! Je dirai tout, sans rien cacher!

Tout le monde était étonné par ce spectacle inhabituel, et voulait voir ce qui allait arriver. On se demandait à qui elle s’adressait. Elle continua à crier:

– Laissez-moi tout vous dire! Oui, je le reconnais, je suis une sorcière. Oui, le pasteur ici présent est mon « mari.  » Nous avons fondé ensemble ce groupe dans le but unique de freiner ou d’éteindre le feu du Saint-Esprit dans notre quartier!

– Elle ment! Elle divague! N’écoutez pas ce qu’elle dit! Elle dit des mensonges. Ce sont ses nerfs qui ont craqué!

C’était le « Papa Mokambi » qui, lorsque son nom fut cité, s’était précipité vers la « Marna Mokambi » pour lui fermer la bouche avec sa main, et l’empêcher ainsi de parler. Aidé d’un paroissien, il emporta la « Marna Mokambi » et l’entraîna à l’écart. Irrité, « Papa Mokambi » interrompit la réunion et dispersa la foule. Ce fut un grand scandale!

Avec un groupe d’intercesseurs, je m’approchai de « Marna Mokambi » pour prier pour elle. Elle me dit alors que, lorsque je me trouvais sur l’estrade pour témoigner, elle avait vu à côté de moi un être angélique tout de blanc vêtu, qui tenait à la main une longue épée. Cet homme lui ordonna de tout révéler, de peur de perdre la vie sur le champ. Elle voulut s’opposer à lui et lui résister, mais il était trop fort et trop puissant pour elle! Elle reconnut qu’elle et son « mari » avaient installé dans l’assemblée un « dispositif » capable d’arrêter la puissance de la prière.

« Papa Mokambi » ne voulait rien entendre des déclarations de sa complice, il nia tout en bloc et soutint qu’elle avait un fort accès de malaria. Il ne cessait de répéter: « Elle divague! Ne l’écoutez pas! »

Du fait qu’il niait la vérité, il ne put recevoir de délivrance. En revanche, sa compagne confessa ses méfaits et se repentit de tous ses péchés. Le sang de l’Agneau de Dieu qui enlève les péchés du monde entra alors en action. L’affaire était close.

Cinq semaines plus tard, je prenais mon petit déjeuner à Righini en compagnie de la soeur Philomène Kaseka, lorsque quelqu’un entra dans son jardin, d’un air bizarre. Il se dirigea directement vers moi, et me dit:

– Me reconnais-tu encore?

– Non!

Il s’adressa alors à la soeur Philomène:

– Et toi, peux-tu te souvenir de moi?

– Non, mon frère, à quoi bon nous laisser languir, présente-toi!

– Moi, par contre, je ne peux vous oublier pour rien au monde! Vous êtes celles qui non seulement ont gâché ma vie, mais ont causé ma perte! Oui, je reconnais votre puissance, et c’est pour cela que je vais mourir.

Impatiente, la soeur Philomène lui dit:

– Mais, monsieur, pourriez-vous avoir l’amabilité de décliner au moins votre identité, c’est la moindre des choses!

– Je suis pasteur d’une assemblée de prière à Kisangani. Il y a plus d’un mois, je suis passé chez vous, avec ma compagne, pour demander que votre « fille » vienne témoigner chez nous. C’était dans le but de faire connaître notre assemblée, et d’augmenter par la même occasion le nombre de nos fidèles.

Depuis votre venue, mon assemblée s’est disloquée. Ma femme ne veut plus de moi à cause des déclarations insensées de ma partenaire.

– Vous êtes donc le « Papa Mokambi »! Comment se porte la « Mama Mokambi »? Qu’est-elle devenue pendant tout ce temps? Voici près d’un mois qu’elle ne vient plus nous voir. Mais ce n’est pas de notre faute si nous ne vous avons pas reconnu tout de suite, tellement vous avez changé! Que vous est-il arrivé?

– Je sais que je vais mourir. J’ai très peu de temps à vivre. Votre Dieu est grand! Mais, avant de mourir, J’aimerais que vous sachiez tout le mal que vous m’avez causé. Je vous prierai de ne pas m’interrompre. Je n’ai jamais été pasteur. C’est le titre que les gens m’ont donné lorsque j’ai formé ce groupe. J’ai toujours été sorcier. Comme nos activités étaient toujours freinées par la prière des chrétiens, avec l’aide d’une complice sorcière, nous nous sommes attelés à la tâche de stopper cet élan spirituel, en le détournant de son but essentiel.

Il nous fallait séduire un grand nombre de personnes, en voilant la Parole de Dieu par toutes sortes d’histoires. La vie était belle, et tout allait bien, jusqu’au jour où ma compagne eut l’ingénieuse idée de vous inviter. Elle m’avait convaincu en me disant que cela allait augmenter le nombre des fidèles. Votre passage fut le début de mon calvaire. Ma complice m’a abandonné. Le groupe se disloque. Ma femme légitime ne veut plus de moi. Dans l’assemblée, il y avait d’autres sorciers. Ils ne digèrent pas ce scandale. Quand ils ont appris que nous avions nous même invité la soeur Lutala pour témoigner, ils ont crié à la trahison.

Aidé par ma famille, nous sommes allés trouver le responsable de nos armées, pour lui proposer notre plan de revanche, qu’il a accepté. Mais vous êtes fortes, ou du moins votre Dieu.

Une semaine après votre passage, je suis venu dans mon esprit, la nuit, accompagné d’un peloton de nos soldats, prêts à l’offensive. Nous n’avons pas pu vous attaquer, en raison de l’insuffisance de nos informations sur l’emplacement de votre domicile.

Nos armées ont tourné en rond pendant plus de deux heures à la recherche de votre maison. Quand nous l’avons trouvée, elle avait une double porte peinte en blanc. Devant chaque battant se tenait un militaire de haute stature, tenant à la main une arme très puissante.

Puisqu’il nous était impossible, d’entrer sans avoir au préalable anéanti les deux gardiens, nous décidâmes de rebrousser chemin, dans l’espoir de revenir au moment opportun. Le chef de nos armées me conseilla de visiter les lieux pendant le jour, de peur de connaître à nouveau le même fiasco.

Je suis donc revenu deux jours plus tard pour inspecter les lieux, pendant la journée. Je fis des signes, pour ne pas me tromper quand je reviendrai pendant la nuit. Je fis un dessin sur le sol au moyen d’un bâton. J’ai arraché une branche d’arbre qui dépassait du mur de clôture, pour faciliter l’escalade du mur.

Je suis même entré dans le jardin. Vous étiez absentes. J’ai trouvé une grand-mère. Elle m’accueillit et m’invita à fermer les yeux pour prier Dieu et le remercier de cette rencontre, en attendant votre retour. Lorsqu’elle ferma les yeux, je m’éclipsai. Je revins la nuit accompagné d’un groupe de tueurs.

Cette fois, je découvris sans peine la maison. Cependant, il nous fut impossible d’entrer, car la clôture du jardin n’avait pas de porte! Les murs étaient aussi très très élevés. Il n’y avait pas moyen de les escalader. Il n’y avait plus d’arbre.

Nous avons attendu derrière le mur dans l’espoir de voir quelqu’un entrer ou sortir, mais personne ne se montra. Au risque de nous faire repérer, nous attendimes jusqu’à quatre heures du matin. Certains de mes compagnons s’irritèrent contre moi. Ils allèrent jusqu’à jurer de m’éliminer, au cas où j’aurais encore une fois abusé de leur bonne foi.

Il y a trois jours, je suis encore revenu ici, dans cette avenue, accompagné d’un grand nombre de soldats. A voir le nombre de nos militaires, on aurait dit une prise d’armes ou un défilé! Pour cette dernière fois, le responsable de nos armées avait accepté de m’accompagner, mais en me posant une condition: en cas d’échec, c’était moi qui devait mourir!

Mais, arrivés sur les lieux, mes accompagnateurs se trouvèrent devant des troupes impressionnantes. Ils se retournèrent encore une fois contre moi:

– Pourquoi nous as-tu amenés dans un traquenard? Tu nous as dit que nous allions châtier deux simples femmes, et voilà que nous tombons dans un guet-apens!

Aucun coup de feu ne fut tiré! Nos soldats déposèrent les armes et partirent les mains en l’air. Pour cette insuffisance d’informations de ma part, le chef de nos armées me promit un châtiment exemplaire. C’est pourquoi j’ai jugé bon de venir vous voir avant ma mort, pour vous féliciter du choix que vous avez fait de servir votre Dieu. Oui, votre Dieu est puissant! Il vous protège contre tout danger et contre tout mal!

– C’est du bluff! Ils ne te feront rien si tu confies ta vie à Jésus-Christ maintenant. Accepte-Le maintenant, et Il te sauvera. Son amour pour toi est tellement grand qu’Il a donné Sa vie pour ton salut!

– Moi, venir à Jésus? Tu blagues ou quoi? Non, il est temps pour moi de payer maintenant. J’ai longtemps servi Satan, c’est normal qu’il me punisse. Je ne vais tout de même pas l’abandonner maintenant, voyons!

– Tu n’as pas été créé pour périr! Ta vie a du poids aux yeux de Celui qui t’a créé! Sache que Jésus t’aime tel que tu es! Si tu te décides à Le reconnaître comme ton Sauveur personnel, Il te sauvera!

– Je sais de quoi vous voulez me parler, mais je regrette. Au revoir, et bon courage!

Et il partit vers la mort, comme il l’avait lui-même désiré.

Ma conversion

Le 8 septembre 1985, vers onze heures, sous un soleil de plomb, un jeune homme élancé, d’une trentaine d’années à peine, rentrait à son domicile. Il eut l’excellente idée de passer voir son ami cordonnier avant de rentrer chez lui.

Chez le cordonnier, il rencontra un adolescent d’environ seize ans, qui bavardait avec l’artisan. Celui-ci dit:

– Il est en train de me raconter une drôle d’histoire concernant une certaine femme. C’est d’ailleurs elle qu’il attend.

– Et pourquoi l’attend-il?

L’adolescent intervint sans attendre qu’on lui accorde la parole:

– Je suis sorcier. Ou du moins, je l’étais jusqu’à il n’y a pas longtemps. Hier soir, dans notre quartier de Lisala, Zone de Kasa-Vubu, la soeur que j’attends a clôturé son témoignage, après trois jours de réunions, par cette invitation: « Que ceux que le Seigneur a pu attirer à Lui au travers de ce message daignent venir le recevoir! Que ceux qui veulent accepter le Seigneur Jésus-Christ comme leur Seigneur et Sauveur veuillent bien venir confesser leur foi! Qu’ils s’approchent de l’estrade pour le faire publiquement, en répétant ces paroles… »

Je me joignis à tous ceux qui se sont approchés de l’estrade, de ceux qui avaient choisi et décidé de vivre avec Christ, après avoir entendu l’émouvant témoignage de la soeur Lutala. Ensemble avec les autres, j’ai fait cette confession de foi: « Seigneur Jésus-Christ, je viens à Toi, mon Dieu. Je suis un pécheur. Aujourd’hui, j’abandonne Satan et toutes ses oeuvres. Viens en moi, Seigneur Jésus-Christ, je Te reçois maintenant. Entre en moi et viens demeurer en moi, au Nom de Jésus-Christ! Amen! »

Tout le monde se mit à louer Dieu à haute voix, avec des paroles ordinaires, en Lui parlant comme si l’on s’adressait à un interlocuteur visible. Alléluia!

La soeur se mit alors à imposer les mains à certains de ceux qui se trouvaient sur l’estrade. Puis vint mon tour. Elle posa les mains sur ma tête, et dit à haute voix: ‘Toi, esprit de sorcellerie, je te chasse au nom de Jésus-Christ! Détache maintenant de ce corps les liens et les cordes qui te relient à lui. Je brise toutes les chaînes par la puissance du nom de Jésus-Christ! » Mon vieux, chaque nuit, mes anciens amis venaient me chercher pour m’emmener avec eux… Depuis très longtemps, j’en avais marre, je ne voulais plus de la sorcellerie. Mais je ne savais pas comment m’y prendre pour échapper à mes amis. Mais, la nuit dernière, j’ai bien dormi. Je suis certain que c’est grâce aux paroles prononcées hier par la soeur. C’est pourquoi je suis venu ici pour lui raconter tout ce que je vous ai dit, et aussi pour la remercier de tout mon coeur!

Le jeune homme fut étonné de ce qu’il venait d’entendre de la bouche de l’adolescent. Il était né dans une mission catholique éloignée de toute grande agglomération, dans une contrée où régnait la sorcellerie. Pourtant, il n’avait jamais entendu la confession de la conversion d’un sorcier, bien que sa région soit la plus réputée pour le fétiche de la foudre surnaturelle. Trois décès sur cinq y sont causés par la foudre surnaturelle, qui ne peut être provoquée sans le concours d’un sorcier. Or, il n’avait jamais entendu de sorcier reconnaître publiquement ses forfaits.

Ce témoignage attira tout particulièrement son attention, et il se décida à attendre lui aussi la soeur Lutala. En attendant son arrivée, il croisa un homme âgé, qui venait d’être reçu par elle. Il avait les yeux rouges, mais il semblait tout heureux. Par la suite, le jeune homme apprit, par la soeur Lutala, que cet homme avait été aveugle. Il avait dépensé d’énormes sommes d’argent auprès des médecins, des féticheurs et des guérisseurs, sans aucun résultat. Mais fi avait recouvré la vue lorsqu’il s’était tourné vers Christ!

Lorsque la soeur Lutala arriva, le jeune homme prit contact avec elle et voulut entendre son témoignage. Ce n’était pas dans son église d’origine qu’il avait pu vivre de tels miracles! Le jeune homme se croyait revenu aux temps bibliques! Il avait passé plus de vingt ans sur les bancs d’une grande église catholique, mais il ne savait pas ce que c’était que chasser un démon, imposer les mains aux malades, parler de nouvelles langues, etc…

Il se dit que si aucune de ses choses ne se passaient dans son église, c’est qu’elle ne croyait pas au nom de Jésus (Marc 16:17-18).

Cette constatation finit par détruire toute son incrédulité. Il décida alors de quitter son ancienne église pour suivre le Dieu de cette femme, « I’Eternel qui guérit! »

Le soir même, la soeur Lutala était invitée dans un groupe de prière, au N’ 2 de l’avenue Lotunu, à Yolo-Nord. Le jeune homme s’y rendit aussi. Il y reçut une pleine confirmation de ses présomptions sur les erreurs de l’Eglise Catholique Romaine, dans tant de domaines. Lorsque l’appel à la conversion fut lancé, sans aucune hésitation, il se dirigea vers l’estrade pour faire publiquement sa confession de foi.

C’est ce même jeune homme qui t’invite aujourd’hui à prendre la décision d’abandonner Satan et d’accepter Jésus-Christ comme ton Sauveur et Seigneur personnel, pour que tu puisses recevoir le salut de Dieu.

Gloire et louange au Seigneur Jésus-Christ!

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